Guinée : la junte au pouvoir

Image
Moussa Dadis Camara : un espoir trahi
Capitaine Moussa Dadis Camara - Président de la République de Guinée, 8 août 2009, Diplomatica
Partager6 minutes de lecture

Moussa Dadis Camara : un espoir trahi

par Jean Luc Eyguesier

La mort de Lansana Conté, le 22 décembre 2008, permettait aux Guinéens d’envisager un nouveau départ. Après 24 ans de pouvoir erratique, le « général-président » laissait un pays exsangue, miné par la corruption et le népotisme. Un pays où 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, en dépit des importantes richesses naturelles. Mais en Guinée, où l’armée a toujours tenu les rênes, une transition selon les règles constitutionnelles était illusoire. Dès le lendemain du décès, un putsch emmené par le capitaine Moussa Dadis Camara semble presque dans l’ordre des choses. Il est donc accepté avec résignation, espoir peut–être pour certains. Ce militaire de 44 ans promet d’ailleurs une nouvelle ère, il veut en quelque sorte « faire le ménage » : renégocier les contrats miniers, auditer les budgets ministériels, emprisonner les corrompus notoires… et rendre vite le pouvoir aux civils en organisant des élections. Mais au fil des mois, observateurs étrangers et locaux déchantent. Les mesures attendues ne sont pas prises. Au contraire, Dadis Camara se révèle un piètre dirigeant. Il se rend célèbre par ses coups de colère en public, licencie et nomme les hauts fonctionnaires au gré de ses humeurs, fait arrêter, puis parfois libérer, d’hypothétiques « ennemis » sans que la justice ne soit jamais consultée. Pire encore, des petits groupes de militaires qu’il semble avoir du mal à contrôler menacent la population. Plus que jamais la Guinée demeure un pays d’arbitraire. Et surtout le capitaine semble aimer sa nouvelle situation et laisse entrevoir son projet de se présenter à l’élection prévue pour janvier 2010. Des comités de soutien ad hoc sont d’ailleurs mis sur pied. Ils lui demandent de rompre sa promesse de rester neutre. Ces errements alarment et galvanisent à la fois l’opposition qui multiplie les actions sur le thème « Moussa doit partir ». Mais Moussa Dadis Camara et ses aides ne semblent plus tolérer ces défis. Les Guinéens ont payé de leur sang la détermination impitoyable de la junte à rester au pouvoir.

Comment l'ombre de Dadis Camara plane sur la Guinée...

Il incarnait le changement et l'espoir après 24 ans de présidence cahoteuse de Lansana Conté. Victime d'une tentative d'assassinat qui l'a éloigné du pouvoir, l'ombre de Moussa Dadis Camara plane toujours sur la Guinée. Les explications de la Journaliste Maureen Grisot - JT- TV5monde 7 mai 2010 - 8'18
TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...

Dadis Camara, l'homme qui voulait rétablir l'ordre et la discipline

Portrait

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Il arrive au pouvoir après le décès de Lansana Conté le 23 décembre 2008. Un an après, le chef de la junte s'est éloigné de ses ambitions de départ. Récit de Yohan Bodin 4 décembre 2009 - 2'16

Dadis au pouvoir...rappel des faits

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
L'armée prenait le pouvoir voilà neuf mois au lendemain de la mort du président Lansana Conté. La communauté internationale avait aussitôt condamné ce coup de force. Le récit de Jean-Luc Eyguesier - JT-TV5Monde 29 septembre 2009 - 2'06

Thierno Monénembo : “La Guinée a du mal à sortir des conséquences du Sékou-Tourisme“

TV5 JWPlayer Field
Chargement du lecteur...
Comment expliquer les coups d'État à répétition en Guinée ? L'instabilité politique est-elle une fatalité ? Le rappel des derniers événements avec Jean-Luc Eyguesier et l'analyse de l'écrivain guinéen en exil en France, Thierno Monénembo JT TV5Monde 2 novembre 2009 - 8'17

Guinée: les événements depuis l'arrivée au pouvoir de la junte fin 2008

Guinée: les événements depuis l'arrivée au pouvoir de la junte fin 2008
2008 - 23 déc: Une junte prend le pouvoir par un coup d'Etat militaire sans violence à Conakry, au lendemain du décès de Lansana Conté. Annonce de la dissolution de toutes les institutions. L'Union européenne, l'Union africaine et les Etats-Unis condamnent le coup de force. - 24 déc: Le capitaine Moussa Dadis Camara est nommé président du "Conseil national pour la démocratie et le développement" (CNDD, junte). - 29 déc: L'UA suspend la Guinée jusqu'au "retour de l'ordre constitutionnel". - 30 déc: Kabiné Komara nommé Premier ministre. 2009 - 3 jan: La junte affirme avoir reçu le soutien du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, reçu par le chef de la junte. - 3-4 jan: Visite du secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet, qui annonce que la France ne suspendra pas son aide. - 6 jan: Les Etats-Unis suspendent leur aide. - 26 fév: Des responsables de la police, interpellés pour trafic présumé de drogue, sont arrêtés le soir même de leur libération. - 28 fév: Levée de l'interdiction qui frappait les activités des partis et des syndicats. - 31 mars: Une dizaine de personnes, dont d'anciens hauts responsables de la police, sont inculpées et plusieurs écrouées dans le démantèlement d'un trafic de cocaïne. - 1er avr: L'ex-Premier ministre Ahmed Tidiane Souaré et deux ex-ministres, arrêtés en mars pour "malversation présumée" dans le secteur minier, sont remis en liberté. - 14 avr: Le fils aîné du défunt président Conté, le commandant Ousmane Conté, arrêté début février pour sa participation présumée au trafic de cocaïne, est placé en détention provisoire. Il reconnait les faits mais se defend d'en être l'instigateur. - 23 avr: Plusieurs militaires sont arrêtés à la suite de mouvements de troupes à Conakry après le report du départ en Libye du chef de la junte (sources militaires). La veille, des militaires ont érigé un barrage de contrôle à l'entrée de la péninsule du Kaloum, quartier administratif et des affaires. - 5 mai: La junte confirme la tenue d'élections générales fin 2009 et la non participation de ses membres à ces scrutins. - 27 juil: L'Union européenne décide de placer la Guinée sous surveillance pendant deux ans et de maintenir le gel de son aide au développement. - 17 août: La junte accepte la tenue d'une élection présidentielle le 31 janvier 2010 et de législatives le 26 mars. - 23 août: Le capitaine Camara réaffirme que personne ne pourra lui interdire de se présenter à la présidentielle. - 16 sept: La France affirme à une délégation de la junte que Dadis Camara ne doit pas se présenter aux élections. - 18 sept: L'UA impose des sanctions contre le chef de la junte. - 24 sept: Manifestation à Labé ou 20.000 personnes, selon la police - le double selon les organisateurs - protestent contre la visite de Camara prévue le 26 septembre. - 26 sept: Camara se rend à Labé, deuxième ville du pays et fief de l'opposition, déclarée "ville morte" par les partis politiques et les syndicats. - 28 sept: Au moins une dizaine de personnes sont tuées par les forces de l'ordre lors de la dispersion d'un rassemblement de dizaines de milliers d'opposants dans un stade, à Conakry. Arrestation de deux dirigeants de l'opposition, MM. Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, blessés au cours de ces violences. (Source AFP)