Fil d'Ariane
A moins d'un mois de la présidentielle française, les 37 syndicats de la Guyane française, réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG), ont voté samedi à l'unanimité la grève générale, à compter de lundi sur ce territoire ultramarin confronté à un mouvement social.
La grève générale a été décidée pour protéger les salariés grévistes dans des secteurs très divers de ce territoire français d'Amérique du sud, a indiqué samedi 25 mars à l'AFP le secrétaire général de l'UTG, Albert Darnal. Depuis plusieurs jours la Guyane, qui connaît un fort taux de chômage et une insécurité chronique, est en proie à une grogne sociale d'ampleur.
Ce mouvement de protestation regroupe notamment des grévistes du groupe énergétique EDF pour des revendications salariales, des collectifs contre l'insécurité, un collectif dénonçant l'insuffisance de l'offre de soins et les retards structurels en matière de santé ou encore des transporteurs. Des manifestations et blocages ont notamment conduit Arianespace à ajourner le lancement de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire. Le rectorat a également décidé de fermer les établissements scolaires jusqu'à nouvel ordre. Une dizaine de barrages obstruaient depuis jeudi 23 mars une dizaine de ronds-points stratégiques du littoral guyanais, bloquant notamment l'entrée de Cayenne.
Les Etats-Unis ont pour leur part déconseillé vendredi à leurs ressortissants de se rendre en Guyane en raison de "larges manifestations de part et d'autre" du territoire et "le long des routes qui mènent aux pays voisins du Suriname et du Brésil".
L'annonce d'une grève générale intervient alors qu'une mission interministérielle dépêchée par le gouvernement socialiste, conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, devait arriver samedi 25 mars à Cayenne. La mission est également composée de plusieurs hauts fonctionnaires connaissant bien la Guyane et issus de différents ministères, dont Michel Yahiel, commissaire général de France Stratégie et ex-conseiller social de François Hollande. A Paris, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a appelé à "l'apaisement" et au "dialogue".
"Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s'engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible qui doivent être prises", a souligné le chef du gouvernement.
Selon la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, la mission interministérielle devait notamment examiner les demandes de "court et moyen termes". "Par exemple, nous tenons à souligner qu'il n'y aura pas de retrait de la Croix Rouge du centre médical de Kourou", a-t-elle insisté. Ericka Bareigts a toutefois reconnu que "la situation est toujours tendue". "Nous n'avons plus de barrages sauvages, mais ça reste compliqué", a-t-elle déclaré.