Pour d'autres, pourtant, Haïti est un Eldorado. Après un lent démarrage, la majeure partie des sommes promises en 2010 ont été aujourd'hui déboursées, pour le plus grand profit, en particulier, des entreprises américaines opératrices de la "reconstruction". Une grande part des aides internationales au relogement ont été dépensées dans la construction de 114 000 « T-shelters », abris provisoires conçus pour durer de trois à cinq ans. En réalité, beaucoup d'entre eux sont déjà dégradés alors même qu'ils ont coûté deux à trois fois plus cher que prévu, comme l'a reconnu
l'USAID . Des programmes de logements sociaux annoncés à grand bruit n'ont jamais vu le jour ou ont échoué piteusement, tels
« Zorange » pourtant parrainé par Bill Clinton, ou
celui de Morne-à-Cabrit, soutenu par la très active coopération vénézuélienne et délaissé fautes d'infrastructures. Ailleurs, les aides au relogement, de l'ordre de 400 euros pour un an, ne permettent pas de faire face aux dépenses exigées sur le marché libre. Le revenu quotidien moyen par habitant ne dépasse pas 2 euros par jour tandis que le taux de chômage reste, dans la capitale, proche de 40 %. Drogue dont Haïti peut aujourd'hui difficilement se passer, l'aide décousue de milliers d'organisations internationales, gouvernementales ou non, contribue, en dépit de la bonne foi majoritaire de ses contributeurs et volontaires, à la maintenir dans un état de dépendance problématique et politiquement sensible, au point de faire l'objet, dans sa société, d'un rejet grandissant. Importée très probablement par le contingent népalais des Nations-Unies supposé assurer sa sécurité
(2), l'improbable épidémie de choléra apporte au pays dévasté une calamité et une cause inédite de mortalité (8000 décès depuis son début en 2010) dont il se serait volontiers passé.