Fil d'Ariane
La police nationale haïtienne a mené une opération dans le fief du chef de gang Jimmy Chérizier, dit "Barbecue". Plusieurs gangsters seraient morts. Les forces de l'ordre tentent toujours de lutter contre les bandes armées qui font la loi sur l’île.
Photo d'illustration. Des membres du gang "G9" montent la garde lors d'une conférence de presse de leur chef "Barbecue". Quartier Delmas 6 de Port-au-Prince, Haïti - mardi 5 mars 2024.
Après quelques jours d'une relative accalmie, des violences ont été enregistrées dans la capitale dans la nuit de vendredi à samedi. Une opération de police a eu lieu vendredi 15 mars au soir, à Port-au-Prince. Elle a été effectuée avec plusieurs unités de la police nationale dans le quartier du Bas Delmas, le fief du chef de gang "Barbecue", de son vrai nom Jimmy Chérizier.
Cette opération de police avait pour but de débloquer un axe routier de la capitale haïtienne, a déclaré Lionel Lazarre, coordonnateur du Syndicat national de la police locale (Synapoha). Plusieurs gangsters seraient morts, a annoncé un responsable d'un syndicat policier à l'AFP, sans préciser leur nombre exact.
Port-au-Prince est le théâtre d'une flambée de violences de bandes criminelles ces dernières semaines. Les gangs contrôlent des pans entiers du pays, notamment 80% de la capitale. Ils sont accusés de nombreuses exactions, en particulier meurtres, viols et enlèvements contre rançon. La situation y était toujours "explosive" vendredi, selon le bureau des opérations humanitaires de l'ONU (Ocha). Le couvre-feu nocturne a été prolongé jusqu'à dimanche dans le département de l'Ouest, englobant Port-au-Prince.
Une source au sein de l'Autorité portuaire nationale a indiqué à l'AFP que les forces de l'ordre tentaient, samedi 16 mars dans la matinée, de reprendre le contrôle du principal terminal portuaire de Port-au-Prince. Cette opération avait été lancée en réponse à une nouvelle attaque de malfaiteurs qui ont pillé plusieurs containers.
La Caribbean Port Services S.A., l'opérateur du port de la capitale, avait annoncé le 7 mars suspendre son activité en raison des "troubles à l'ordre public", citant des "actes malicieux de sabotage et de vandalisme" subis depuis le 1ᵉʳ mars.
Les Haïtiens attendent l'instauration d'un conseil présidentiel de transition, après l'annonce de la démission du Premier ministre contesté Ariel Henry. Sur deux routes principales du centre-ville, des habitants ont érigé des barricades pour tenter de se protéger des attaques de gangs, mais aussi en signe de protestation, selon un correspondant de nos confrères de l'AFP.
"Je suis dans la rue maintenant et je suis très en colère", a expliqué à l'AFP François Nolin, en affirmant que "les Américains nous imposent certaines conditions pour diriger le pays. Et ce n'est pas normal, la Constitution de notre pays nous montre déjà comment nous organiser.". "Les Blancs n'ont pas le droit de se mêler de nos affaires", a renchéri Jesula, qui ne souhaite pas donner son nom. "Car au lieu d'arranger les choses, ils vont les empirer", craint-elle.
Certains habitants critiquent une éventuelle instauration d'un conseil présidentiel de transition, soutenue par la Communauté des Caraïbes (Caricom), l'ONU et les États-Unis.
Dans le passé, le pays a connu une intervention militaire américaine en 1915 et une épidémie meurtrière de choléra entre 2010 et 2019, introduite par des Casques bleus.