Haïti : la police tire sur des manifestants de l'opposition
Des balles en caoutchouc tirées par la police ont blessé des manifestants de l'opposition à Port-au-Prince, ce mercredi 18 novembre 2015. Ces derniers dénoncent les résultats provisoires du premier tour des élections présidentielles du 25 octobre.
La police nationale a aussi tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants de l'opposition à Port-au-Prince, mercredi 18 novembre 2015. (AP Photo/Dieu Nalio Chery)
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La tension monte dans l'entre-deux-tours des élections présidentielles à Port-au-Prince. La police a tiré des balles en caoutchouc, mais aussi des balles réelles lors d'une manifestation de l'opposition, blessant plusieurs personnes, dont un candidat à la présidence.
"Quand nous sommes arrivés devant les barrières du CEP (le conseil électoral provisoire), les policiers ont tiré sur nous", a témoigné Steven Benoit, sénateur en poste, en lice pour la présidentielle, sur une radio privée. "C'était une manifestation pacifique: nous n'avons pas essayé de franchir les barrières. L'officier qui a donné l'ordre de tirer doit être sanctionné pour cet acte illégal", a-t-il dénoncé, lui-même blessé à la tête par des balles en caoutchouc.
La manifestation s'est achevée dans un mouvement de panique face aux tirs fournis et l'usage intense par les policiers de grenades lacrymogènes.
Plusieurs milliers de partisans de divers candidats à la présidence en Haïti ont manifesté. (AP Photo/Dieu Nalio Chery)
Un "coup d'état électoral"
Les opposants multiplient les manifestations dans le pays depuis la publication, le 5 novembre, des résultats préliminaires du premier tour du scrutin présidentiel qui s'est tenu le 25 octobre et retransmis en direct sur le site TV5MONDE. Avec 32% des voix, Jovenel Moïse, candidat du parti au pouvoir PHTK (Parti haïtien Tet kale) est arrivé en tête, suivi par Jude Célestin, du parti Lapeh, qui a obtenu 25% des suffrages.
Ce résultat favorable au président sortant Michel Martelly, que la Constitution empêche d'effectuer un second mandat consécutif, est considéré comme "un coup d'état électoral" par les sympathisants de l'opposition.
Le CEP, ayant opposé une fin de non-recevoir aux candidats de l'opposition qui réclamaient une commission indépendante pour enquêter sur les fraudes électorales, devrait publier les résultats définitifs du premier tour de l'élection présidentielle "au cours de la semaine", selon un porte-parole de l'institution.
Appel à des élections apaisées
Michaëlle Jean, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Canadienne d'origine haïtienne, avait appelé à la tenue d'élections "apaisées et inclusives" lors du premier tour. "Le cycle électoral en cours en Haïti constitue une étape significative dans le processus de consolidation de la démocratie et de la paix, dans un contexte encore marqué par les souvenirs douloureux de la catastrophe naturelle qui a frappé ce pays en janvier 2010", affirmait Michaëlle Jean.
Le second tour du scrutin est prévu pour le 27 décembre.