Haïti : le pays n'a plus de parlement

Les mandats des députés haïtiens sont arrivés à terme lundi 13 janvier. Ils devaient laisser leur place à la nouvelle législature. Mais les élections qui auraient dû se tenir le mois de novembre dernier, n’ont pas eu lieu ce qui laisse le pays sans un parlement opérationnel. 
Image
Jovenel donne un point presse sur la fermeture du parlement
Le président Jovenel Moïse lors de son point presse sur la fermeture du parlement, Port-au-Prince, le 13 janvier 2020. (©AP/Dieu Nalio Chery)
Partager 2 minutes de lecture
Les élections législatives et municipales qui auraient dû se tenir en novembre n'ont pas eu lieu car la loi-cadre pour l'organisation des scrutins n'a pas été approuvée par le parlement. Cette situation confère au président la possibilité de gouverner par décret, ce que l'opposition et une majorité de secteurs de la société civile dénoncent à l'avance en évoquant "une dérive dictatoriale". 

"Au niveau de l'exécutif, nous n'avons aucune velléité à ne pas organiser les élections dans le pays mais nous sommes dans une situation de fait", a déclaré lundi Jovenel Moïse. 

Jovenel seul aux commandes

Durant l'année 2019, les opposants au président Jovenel n'ont cessé de réclamer sa démission en raison de son implication dans un scandale de corruption. 
Entre septembre et décembre, cette contestation a même entrainé la paralysie totale des activités à travers le pays, au point que les écoles sont restées fermées pendant plus de deux mois.

Lundi, le président Jovenel a annoncé vouloir profiter de l'absence de pouvoir législatif pour opérer des réaffectations budgétaires. Le président haïtien a en effet estimé que le départ des parlementaires constituait une économie budgétaire de plus de 16,3 millions de dollars américains.

"J'ai pris la décision, en voyant ce montant ce matin, (...) que soient construits dix lycées dans le pays avec cet argent", a déclaré Jovenel Moïse aux journalistes, qui n'ont pas eu la possibilité de poser de questions. 

Une crise durable et profonde

Cette proposition présidentielle intervient dans un contexte économique catastrophique.
 Les parlementaires n'ayant pas approuvé de budget au cours des deux dernières années, l'Etat haïtien fonctionne actuellement sur reconduction du budget 2017-2018. Or selon le FMI, le pays connaissait en 2017 un taux de croissance de 1,5% et une inflation à 14,7%. Aujourd'hui, l'inflation a dépassé les 20% et l'économie est entrée en récession avec une réduction du PIB national de 1,2% pour l'année 2019.