Fil d'Ariane
La capitale haïtienne Port-au-Prince est la proie d'intenses échanges de coups de feu, signalés samedi 23 mars. Après la démission du Premier ministre Ariel Henry, en date du 11 mars, la transition politique se fait attendre. Sur place, la situation humanitaire empire.
Les corps calcinés de membres présumés d'un gang, incendiés par des habitants, gisent au milieu d'une route. Port-au-Prince, Haïti, le vendredi 22 mars 2024.
D'après des habitants joints ce samedi par l'AFP, il y a depuis l'aube des tirs nourris dans la ville. Des attaques de "bandits armés" ont été signalées contre la base de la brigade d'opération et d'intervention départementale (BOID) à Fort National et contre la brigade d'intervention motorisée (BIM) à Clercine, dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince.
La veille, vendredi 22 mars, la capitale haïtienne Port-au-Prince s'était réveillée avec des cadavres calcinés dans ses rues. La nuit avait été marquée par des attaques d'hommes armés et une opération policière, qui a conduit à la mort d'un chef de gang, Ernst Julmé alias "Ti Grèg".
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 33.000 personnes ont fui la ville et ses banlieues depuis deux semaines pour se mettre à l'abri des violences des gangs.
L'ONU est très inquiète de la crise humanitaire qui frappe le pays le plus pauvre des Caraïbes. À ce jour, environ cinq millions de personnes, soit près de la moitié de la population, font face à des niveaux élevés "d'insécurité alimentaire aiguë".
"Une personne sur deux a désormais faim. La montée de la faim alimente la crise sécuritaire qui ravage le pays. Nous avons besoin de mesures urgentes maintenant", avait alerté vendredi Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti.
Haïti, déjà victime d'une très grave crise politique et sécuritaire, est en proie à un regain de violences depuis début mars. Plusieurs gangs ont uni leurs forces pour attaquer des lieux stratégiques de Port-au-Prince, disant vouloir renverser le Premier ministre Ariel Henry.
Très contesté, ce dernier n'a pas pu regagner son pays après un déplacement au Kenya. Selon des sources concordantes, il se trouve désormais en Californie, après avoir quitté Porto Rico, territoire américain.
Ariel Henry a accepté de démissionner le 11 mars dernier et depuis des négociations sont en cours en vue de former des autorités de transition. Mais en attendant, les gangs armés intensifient leurs attaques dans la capitale, dont ils contrôlent déjà quelque 80%.
Le grand voisin américain a évacué 230 de ses ressortissants depuis une semaine. Dans la nuit de vendredi à samedi, le département d'État a lancé un avertissement : "Ne vous rendez pas en Haïti".