
Fil d'Ariane
144 nouveaux policiers kényans sont arrivés en Haïti, jeudi 6 février, dans le cadre de la mission multinationale de soutien à la sécurité dans le pays, théâtre d’une violence endémique des gangs armés.
Un soldat effectue une opération anti-gang dans le quartier de Kenscoff à Port-au-Prince, Haïti, lundi 3 février 2025.
Un nouveau contingent de policiers kényans est arrivé, jeudi 6 février à Port-au-Prince, pour la mission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, confronté à la violence endémique de gangs armés, a constaté un correspondant de l'AFP.
144 policiers supplémentaires, selon le Kenya, ont été déployés jeudi en Haïti, après un premier nouveau contingent étranger, de 60 militaires salvadoriens, arrivé mardi dans ce pays pauvre des Caraïbes.
La police kenyane, qui fait partie d'une force multinationale soutenue par l'ONU, prie sur le tarmac après avoir atterri à l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, en Haïti, le jeudi 6 février 2025.
Le Kenya avait déjà envoyé 400 policiers en décembre et 217 le mois dernier.
Les policiers kényans ont été accueillis à l'aéroport Toussaint-Louverture par le président haïtien par intérim, Leslie Voltaire, et le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé.
Ces nouveaux renforts portent les effectifs de la Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), dépendante de l'ONU et déployée en Haïti à partir de juin dernier, à quelque 1.000 policiers issus de six pays, selon un décompte de l'AFP. 2.500 sont espérés au total.
La MMAS n'est pas une force onusienne mais l'ONU a mis en place un fonds volontaire pour la financer, qui a recueilli jusqu'alors 110 millions de dollars, un montant jugé nettement insuffisant.
Le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aime, à gauche, salue un membre de la force de police kényane soutenue par l'ONU à l'aéroport international Toussaint Louverture, à Port-au-Prince, Haïti, jeudi 6 février 2025.
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a assuré, jeudi, que les États-Unis allaient continuer à soutenir la mission, quelques jours après que Donald Trump a ordonné un gel général de l'aide étrangère fournie par son pays, le plus grand donateur au monde en termes de dollars.
Malgré le déploiement progressif de la MMAS, les attaques des gangs, qui contrôlent déjà selon l'ONU 85% de Port-au-Prince, ne semblent pas avoir faibli.
La capitale a été plongée lundi dans la panique après des menaces proférées par l'influent chef de gang Jimmy Chérizier dit "Barbecue".
Depuis plusieurs jours, la commune de Kenscoff, une zone huppée située dans les hauteurs de la région métropolitaine de Port-au-Prince, est également la cible d'attaques armées qui ont fait au moins 150 morts, selon un bilan provisoire communiqué mercredi par l’organisation de défense des droits humains FJKL.
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Au moins 5.601 personnes ont été tuées par la violence des gangs en Haïti l'an dernier, soit mille de plus qu'en 2023 selon l'ONU.
Plus d'un million de personnes sont déplacées, soit environ trois fois plus qu'il y a un an, a indiqué cette semaine l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Le déploiement de la MMAS a par ailleurs suscité de vives critiques au Kenya.
Un petit parti d'opposition "Alliance troisième voie" avait notamment déposé des recours en justice l'année dernière, affirmant que la sécurité n'était déjà pas assurée dans le pays, notamment au Nord.
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L'ONG Human Rights Watch avait de son côté exprimé des inquiétudes concernant la mission et des doutes quant à son financement.
Les organisations de défense des droits humains ont accusé à plusieurs reprises la police kényane d'usage excessif de la force et d'exécutions extrajudiciaires.