Haïti : Un séisme de magnitude 7,2 fait au moins 724 morts

Un séisme de magnitude 7,2 a frappé Haïti samedi 14 août au matin, vers 8H30 heure locale, et aurait fait au moins 724 morts. Le tremblement de terre s'est produit à plus de 160 km au sud-ouest de la capitale Port-au-Prince. Une alerte au tsunami a été lancée après les fortes secousses, avant d'être rapidement levée.

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lit recouvert de décombres tremblement de terre magnitude 5,9 Haïti, le 7 octobre 2018.

Un lit est recouvert de décombres à cause du tremblement de terre de magnitude 5,9, à Gros Morne, à Haïti, le 7 octobre 2018.

AP/ Dieu Nalio Chery
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Vers 8H30 heure locale (12h30 GMT), un tremblement de terre de magnitude 7.2 s'est produit à Haïti, à plus de 160 km au sud-ouest de la capitale Port-au-Prince, selon l'Institut américain de géophysique (USGS).

Au moins 724 morts seraient à déplorer et plus de 2800 de blessés selon un bilan temporaire de la protection civile du pays. "Les premières interventions, menées tant par les sauveteurs professionnels que par les membres de la population ont permis d'extraire de nombreuses personnes des décombres. Les hôpitaux continuent de recevoir des blessés" a ajouté la protection civile haïtienne. 

Maisons effondrées

La longue secousse a été ressentie sur l'ensemble du pays et des dégâts matériels sont déjà enregistrés dans plusieurs villes, selon les images de témoins dans la péninsule sud-ouest de l'île, publiées sur les réseaux sociaux.

Comptant plus de 200.000 habitants, l'agglomération de Jérémie a ainsi souffert d'importants dommages dans le centre-ville, constitué principalement d'anciennes maisons de plain-pied.

"J'étais à l'intérieur de chez moi quand ça a commencé à secouer, j'étais près d'une vitre et je voyais toutes les choses tomber"                                                                      Une habitante qui vit près de l'épicentre du séisme
 

"Le toit de la cathédrale est tombé", a détaillé Job Joseph, habitant de Jérémie. "La grande rue est bloquée (...) C'est là qu'il y a toute l'activité économique de la ville". "Les gens sont affolés, les parents sont avec leurs enfants dans les bras et quittent la ville car il y a des rumeurs de tsunami", a abondé Tamas Jean Pierre. 

Une alerte au tsunami avait été lancée dans la foulée du séisme par l'Agence nationale océanique et atmosphérique américaine avant d'être rapidement levée. 

"J'étais à l'intérieur de chez moi quand ça a commencé à secouer, j'étais près d'une vitre et je voyais toutes les choses tomber", a raconté, Christella Saint Hilaire, 21 ans, qui vit près de l'épicentre du séisme. "Un bout de mur est tombé sur mon dos mais je ne suis pas trop blessée", a poursuivi la jeune femme. "Plusieurs maisons se sont complètement effondrées."

Sur des vidéos partagées en ligne, les riverains ont filmé des ruines de divers bâtiments en béton dont une église dans laquelle une cérémonie était apparemment en cours dans la commune de Les Anglais, à 200km au sud-ouest de Port-au-Prince.

État d'urgence pour un mois

Sans souvent beaucoup de moyens, les habitants se sont pressés pour sortir des victimes blessées dans l'effondrement des édifices, un effort salué par les services de la protection civile.

"Les premières interventions, menées tant par les sauveteurs professionnels que par des membres de la population ont permis d’extraire de nombreuses personnes des décombres", ont-ils indiqué.

Plus de 1.800 personnes ont été blessées lors du séisme et les rares hôpitaux existant dans les régions affectées peinent déjà à fournir les soins d'urgence.

Samedi après-midi, le directeur de la protection civile Jerry Chandler a annoncé qu'au moins trois centres hospitaliers, dans les communes de Pestel, Corailles et Roseaux, étaient saturés.

Le chef du gouvernement, qui a survolé en hélicoptère les zones les plus affectées samedi après-midi, a annoncé que l'état d'urgence avait été déclaré pour un mois sur les quatre départements affectés par la catastrophe.

Menace des gangs 

Du personnel et des médicaments ont déjà été acheminés par le ministère de la santé vers la péninsule sud-ouest mais la logistique d'urgence est mise en péril par l'insécurité structurelle qui mine Haïti depuis des mois.

Sur un peu plus de deux kilomètres, l'unique route reliant la capitale à la moitié sud du pays traverse le quartier pauvre de Martissant totalement sous contrôle des gangs armés depuis début juin, empêchant la libre circulation.

"Nous savons tous que nous avons un problème sur Martissant. Nous avons décidé que cette voie serait perméable c’est-à-dire qu’il faut que toute l’aide puisse passer" a déclaré le premier ministre Ariel Henry lors d'un point de presse samedi soir.

"La police ainsi que les FAD'H (Forces armées d'Haïti, ndlr) sont mobilisées et d’autres moyens sont mobilisés afin que cette aide que nous voulons acheminer à nos frères et sœurs en difficulté puisse arriver", a ajouté le chef du gouvernement sans fournir davantage d'explications.

Le président américain Joe Biden a fait part samedi de sa "tristesse" face à la catastrophe, offrant l'assistante "immédiate" des Etats-Unis. Il a chargé la directrice de l'agence américaine d'aide internationale (USAID), Samantha Powers, de coordonner cet effort.

Le traumatisme du séisme de 2010

Le pays le plus pauvre des Amériques garde encore en mémoire le séisme du 12 janvier 2010 qui avait ravagé la capitale et plusieurs villes de province. Plus de 200.000 personnes avaient été tuées et plus de 300.000 autres avaient été blessées lors de la catastrophe.

(Re)voir : Haïti : retour sur le chaos du séisme de 2010

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Plus d'un million et demi d'Haïtiens s'étaient ensuite retrouvés sans logis, plaçant les autorités et la communauté humanitaire internationale devant le colossal défi d'une reconstruction dans un pays sans cadastre ni règles de bâtisse.

Sans parvenir à relever ce défi de reconstruction, Haïti qui est aussi frappé régulièrement par des ouragans, a en dix ans plongé dans une crise socio-politique aigüe.