Considéré comme "terroriste" par les Occidentaux, le mouvement islamiste palestinien, accepte dans un document l'idée d'un Etat circonscrit aux frontières de 1967.
Un revirement qualifié d'"historique" que relativise toutefois la chercheuse Leila Seurat.
C'est un revirement surprise sur l'épineuse question des frontières que vient d'effectuer le Hamas. Une volte-face qui pourrait bien avoir des suites. Notamment en direction de l'OLP (l'Organisation de Libération de la Palestine) de Mahmoud Abbas, avec lequel l'organisation islamiste est à couteaux tirés.
Le mouvement islamiste palestinien a annoncé ce lundi 1er mai 2017 pour la première fois de son histoire avoir modifié son programme politique et se disant prêt à accepter un Etat palestinien limité aux frontières de 1967. Autrement dit des frontières suivant les lignes d'armistice de la guerre israélo-arabe de 1948, reconnues par l'OLP et l'ONU.
Dans ce document en 42 points rendu public en arabe et en anglais, que le mouvement a adjoint à sa charte rédigée en 1988, le Hamas estime que
« l’établissement d’un Etat palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, (…) est une formule de consensus national ».
Pour autant, le Hamas insiste sur le fait qu'il ne reconnaît pas l'Etat hébreu et le document rendu public évoque
«la Palestine, du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée».
Soit une acceptation d'un Etat limité à la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est.
Une main tendue vers l'OLP et les Etats-Unis ?
En amendant pour la première fois en près de 30 ans ses textes fondateurs, et insistant sur le caractère politique et non religieux du conflit avec Israël, le Hamas - toujours considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis, l'Union Européenne et Israël- tente de revenir dans le jeu des négociations internationales.
D'autant que cette annonce intervient à 48 heures de la première rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue palestinien Mahmoud Abbas.
En conférence de presse à Doha, le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal affirmait : "
Nous sommes prêts à coopérer avec quiconque pouvant nous aider à obtenir" cet Etat. Il a dit espérer que la nouvelle administration américaine "
agisse plus sérieusement pour la cause palestinienne et change les conceptions erronées au sujet du peuple palestinien".
Par ailleurs, le mouvement prend ses distances avec les Frères musulmans égyptiens. "Idéologiquement, nous faisons partie de l'école frériste (...) mais nous ne suivons aucun mouvement en termes d'organisation", a précisé Khaled Mechaal, un gage donné au voisin égyptien, selon les observateurs.
Avec l'annonce de ces changements, le mouvement entend s'ouvrir au dialogue avec les autres forces palestiniennes mais surtout avec les capitales étrangères qui, jusqu'ici, refusent tout dialogue officiel avec le Hamas, qui contrôle depuis 10 ans la bande de Gaza.
Pour sa part, le bureau du premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déjà qualifié le nouveau document du Hamas de « mensonger ».
Quant au porte-parole du premier ministre israélien, David Keyes, il cingle : «Ils (le Hamas, NDLR) creusent des tunnels pour mener des actes terroristes et tirent des milliers et des milliers de missiles sur des civils israéliens » dans un communiqué.
> L'analyse de Leïla Seurat, docteur en Sciences politiques