Fil d'Ariane
«Tout le fun de Hikea est d’observer des gens dans des états alternatifs qui s’acquittent de corvées qui exaspèrent même les plus sobres d’entre nous», estime le magazine d’affaires et de technologie américain Fast Company, qui a déniché ces petites perles, effectivement à ne pas mettre entre toutes les mains ni devant tous les yeux. Car les deux premiers épisodes de Hikea donnent une idée assez hilarante «du comportement d’individus ayant pris de la drogue». Mais attention à la confusion: ces deux-là ne sont pas d’indécrottables junkies dans la souffrance individuelle et la misère sociale.
Dans le détail, Hunter et Taylor, «au bout d’une heure», ont réussi à effectuer l'«étape 1». Et «après plusieurs tentatives infructueuses, et des séances de profonde introspection, ils ont pu finalement vaincre ce meuble récalcitrant», lit-on sur le site Sputnik France. La jeune femme y précise que «c’était sa première expérience» en matière d’acides. Avec tous les risques que cela comportait: «Se perdre dans la notice, contempler chaque vis pendant une éternité ou s’éclater les doigts avec un marteau», précise non sans humour le site Konbini.
Courrier international relève encore que «dans le premier épisode, Giancarlo et Nicole […] s’éclatent» visiblement en construisant leur commode. Mais un «problème» apparaît dans le concept avec cette deuxième vidéo: le dénommé Keith y «plane pendant de longues minutes avant d’abandonner» sa tâche. «Il finira sa table après cinq heures trente-sept minutes d’efforts.» C'est moins drôle, et plus fastidieux à regarder.
Mais Le Figaro s’est tout de même laissé prendre au jeu – c’est dire –, réalisant bien que «monter un meuble Ikea peut être un véritable calvaire»: «C’est un moment difficile, ennuyeux, source de dispute quand on le fait en couple, souvent inachevé ou mal réalisé.» L’expérience, «bien que déconseillée» – on l’aura compris – «est un moyen de voir l’action des différentes drogues sur les différents participants, avec des meubles variés». Hikea Productions a également prévenu les internautes, mollement: «Les drogues sont mauvaises, n’en prenez pas.» Ou: «Ayez plus de 18 ans pour regarder cette vidéo.» Mais pour les administrateurs de YouTube, ce n’était pas suffisant, puisque le deuxième épisode a été brièvement supprimé… pour être ensuite remis en ligne par la boîte de production.
Siècle Digital indique, lui, que la chaîne Hikea est en galop d’essai depuis le début du mois du juillet. Dans la même veine que Les Recettes pompettes, «mais en plus extrême», et «pensant que le plus dur dans le projet serait de trouver des sujets intéressés, Hunter et Alex ont laissé un message sur le site de petites annonces Craigslist pour présenter leur idée. Rapidement, ils ont reçu des dizaines et des dizaines de messages de personnes prêtes à être mises à l’épreuve.»
Mais «si pour Les Recettes pompettes il s’agit d’alcool, ici on parle bien de drogue et cela risque de ne pas plaire à tout le monde». D’où cette réaction d’un internaute de ce site, qui relance une éternelle polémique, après ce dernier commentaire du «Siècle»: «Très cher, l’alcool EST une drogue, et probablement la plus meurtrière au monde car la plus banalisée et consommée.»
Quoi qu’il en soit, ces fameuses Recettes pompettes ont des cheveux blancs «à se faire dans la catégorie tutoriels trash», estime Radio Monaco: «Le programme YouTube qui propose à des stars de cuisiner en absorbant de grosses quantités d’alcool est en passe d’être supplanté» par ces petits malins. Ils risquent de contrarier les autorités des divers pays où ils sont visibles. En France, par exemple, «Les Recettes pompettes ont failli être interdites au premier épisode par le gouvernement. Cette fois-ci, la provocation monte d’un cran.»