Histoire mouvementée de la Nouvelle-Calédonie : les dates-clefs à retenir

Oui ou non à l'indépendance ? Ce dimanche 4 octobre, plus de 180 000 électeurs vont devoir dire s'ils veulent que la Nouvelle-Calédonie reste française ou accède à l'indépendance. De la colonisation par la France au référendum sur l'indépendance, quels sont les grands évènements qui ont marqué l'histoire de ce petit territoire du Pacifique ? Réponses en dix dates.
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Référendum pour l'indépendance du 4 novembre 2018. Nouméa, Nouvelle-Calédonie.
© AP /Mathurin Derel
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  • 1853 : colonisation française de la Nouvelle-Calédonie            

La France de Napoléon III cherche une terre nouvelle pour y fonder une colonie pénitentiaire et souhaite renforcer sa présence dans le Pacifique. Le 24 septembre 1853,  le contre-amiral français  Febvrier-Despointes prend officiellement possession de la Nouvelle-Calédonie afin "d'assurer à la France dans le Pacifique la position que réclament les intérêts de la marine militaire et commerciale" et d'y établir une colonie pénitentiaire.

  •  1878 : début de la grande révolte kanake

Depuis que l'archipel est devenu, en 1853, une colonie française, la colère gronde chez les autochtones. Les Kanaks se révoltent  contre la spoliation des terres : 200 Européens et 600 insurgés sont tués, des tribus rayées de la carte, 1.500 Kanaks sont contraints à l'exil. 
                  

  • 1946 :   statut de territoire d'Outre-Mer

Le 27 octobre 1946, la Nouvelle-Calédonie devient un Territoire d'Outre-Mer, l'indigénat est supprimé : les Kanaks obtiennent la nationalité française, puis progressivement le droit de vote.
                  

  • 1984  : naissance du FLNKS

1984 marque la création du Front de Libération nationale kanake socialiste (FLNKS), indépendantiste, qui décide la création d'un "gouvernement provisoire" de la future Kanaky (Nouvelle-Calédonie en kanak). La même année, dix militants indépendantistes sont assassinés dans une embuscade, dont deux frères de Jean-Marie Tjibaou (FLNKS), vice-président du conseil de gouvernement. Les indépendantistes du FLNKS boycottent les élections territoriales.

  •  1988 : accords dits "de Matignon"          

Tous les Néo-Calédoniens ont en mémoire les tensions des années 80, avec surtout la prise d'otage et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, au cours desquels 19 militants kanaks et six militaires français sont tués.

Moins de deux mois après, le 26 juin 1988, les accords tripartites dits "de Matignon" sont conclus entre Jean-Marie Tjibaou pour le FLNKS (indépendantiste), Jacques Lafleur pour le RPCR (anti-indépendantiste) et le Premier ministre socialiste Michel Rocard.

Ces accords, ratifiés par les Français lors d'un référendum le 6 novembre 1988, créent trois provinces (Nord, Sud, Iles Loyauté) et prévoient l'organisation d'un scrutin d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie dans les dix ans.
 
  • 1989 : le président du FLNKS est assassiné

Le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou, président du FLNKS, est tué par balle par le kanak indépendantiste Djubelly Wéa, qui ne lui a pas pardonné d'avoir signé ces accords. Wéa tire également sur Yeiwéné Yeiwéné, autre figure du FLNKS, avant d'être lui-même abattu par le garde du corps des deux victimes.
                  
  • 1998: l'accord de Nouméa 

Le 5 mai 1998, la signature de l'accord de Nouméa, sous l'égide du premier ministre Lionel Jospin, instaure en Nouvelle-Calédonie un processus de décolonisation sur vingt ans. Ce texte fondateur, conclu entre l'État, les anti-indépendantistes et les indépendantistes kanaks, puis ratifié à 72% par les Calédoniens lors d'un référendum, organise l'émancipation par étape de l'archipel.

Un référendum d'autodétermination est prévu entre 2014 et 2018 au plus tard. Pour les observateurs, l'accord de Nouméa est le garant du maintien de la paix en Nouvelle-Calédonie, après la quasi-guerre civile des années 80. Mais la mise en oeuvre de ce processus, sans équivalent au sein de la République, se fait à petits pas.
       
  • 2009 : le Parlement adopte un projet de loi

Le Parlement adopte en 2009 un projet de loi qui permet des transferts progressifs de compétences de l'État à la Nouvelle-Calédonie, assortis de leurs modalités financières. Des transferts sont ainsi enclenchés en 2011 pour les affaires de police, en 2012 pour l'organisation scolaire ou en 2013 pour le droit civil et commercial. 
          
  • 2018: victoire du "Non" à l'indépendance 

Conformément à l'accord de Nouméa, un référendum est organisé le 4 novembre 2018 au cours duquel 175.000 électeurs sont amenés à répondre à cette question: "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?". Il débouche sur la victoire du "non" à l'indépendance (56,7%), tout en étant marqué par une forte percée des indépendantistes (FLNKS).
                  

2020: nouveau référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie

                
Cette nouvelle consultation, d'abord fixée au 6 septembre 2020, est reportée au 4 octobre à cause de la pandémie de Covid-19. Elle est précédée de nombreuses polémiques, le FLNKS reprochant notamment à l'Etat français de "prendre fait et cause pour le non".

Une éventuelle indépendance de la Nouvelle-Calédonie serait une première pour la France depuis celle de Djibouti (1977) et du Vanuatu (1980), ex-condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, voisin de la Nouvelle-Calédonie.