Honduras : chronologie du XVI au XXIe siècle

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Histoire d'un pays sous influence rythmée par des coups d'État

1502 : arrivée de Christophe Colomb Quand Christophe Colomb débarque à Trujillo en 1502, le Honduras est habité par différents peuples autochtones (Lencas, Mayas, Chortis, Pech...). Le marin explorateur baptise cette région Honduras, ce qui signifie «profondeurs» en espagnol, parce que la baie où il accoste, au Nord du pays, est très profonde.
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1821 : fin de la couronne d'Espagne Comme les autres provinces d'Amérique centrale, le Honduras s'émancipe de la couronne espagnole et fait alors brièvement partie du Mexique indépendant. Il adhère ensuite à la Fédération d'Amérique centrale. Le Honduras tout comme les autres provinces d'Amérique centrale s'affranchit de la couronne espagnole. Cette souveraineté ne fut que de courte durée car Agustín de Iturbide, empereur du Mexique annexa la région de l'Amérique centrale le 22 janvier 1822. L'autorité mexicaine fut aussi éphémère : en 1823, l'Amérique centrale redevint indépendante. 1823-1939 : Provinces Unies d'Amérique centrale L'Amérique centrale redevient indépendante en 1823. Les pays de la région, Guatemala, Salvador, Honduras, Nicaragua et Costa Rica, s'associent pour former les Provinces Unies d'Amérique centrale. Toutefois, les grandes différences sociales et économiques entre le Honduras et ses voisins attisent les tensions. Des guerres éclatent entre les États de la fédération qui se disloque en 1839 . 1842 et 1844 : nouvelle confédération Le Honduras se rattache brièvement à une confédération regroupant le Salvador et le Nicaragua, mais c'est encore un échec. La sécession du Salvador ampute le pays d'une partie de son territoire. Il faudra attendre plus d’un siècle, 1992 pour que les problèmes frontaliers soient définitivement résolus. 1844-1870 : succession de dictatures Le pays est dirigé par des dictatures conservatrices. Les élections ont peu d’impact et les révolutions sont fréquentes. À la fin du XIXème siècle et au début du XXème, l'État est dominé par des dictateurs libéraux, comme Marcos Soto, en 1876.
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1899 : implantation de la compagnie américaine United Fruit La compagnie United Fruit exporte sa première cargaison de bananes en 1899. C'est à partir de ce moment que le pays gagne sa triste réputation de république bananière. Au bout du compte, trois compagnies américaines seulement (Standard Fruit, Cuyamel Fruit et United Fruit) se partagent 75% des bananeraies du pays. En 1913, la banane représente 66% des exportations honduriennes et les entreprises américaines n'hésitent pas à intervenir dans le débat politique local. 1924 : guerre civile Une guerre civile éclate en 1924 lorsque Rafael López se proclame dictateur. C'est un prétexte pour que les « Marines » arrivent à Tegucigalpa et protègent les intérêts américains.
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1931: création d'une monnaie nationale Le Honduras, qui avait toujours conservé comme monnaie nationale le peso, opte pour un changement radical : le lempira, du nom d’un chef indien qui s’était opposé aux colonisateurs espagnols en 1537. C’était une façon pour le Honduras de se démarquer définitivement de l’emprise espagnole, mais pour tomber sous la tutelle américaine. 1933-1948 : dictature du "Caudillo" (le chef) En 1933, avec l’appui de la United Fruit Company, le «caudillo» Tiburcio Carías Andino parvient au pouvoir et exerce une dictature énergique jusqu’en 1948, à coups de réélections frauduleuses et de répressions sanglantes. 1954 : grandes grèves dans les bananerais Tiburcio Carías Andino est remplacé par Juan Manuel Gálvez qui entreprend de moderniser le pays, mais sa politique engendre, en 1954, la plus grande grève générale de travailleurs agricoles de l’histoire centre-américaine. Cette grève marque le déclin de l’influence de la United Fruit au Honduras.
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1954-1963 : régime démocratique de Ramón Villeda Morales Après les grèves, un régime démocratique est mis en place et le libéral Ramón Villeda Morales accède à la présidence de la République. Il fait adhérer le pays au Marché commun centre-américain (MCCA) et lance des programmes en faveur d’une réforme agraire et de l’éducation. En 1963, sa politique contestée, associée à l'appréhension provoquée par la montée du communisme à Cuba, débouche sur un coup d'État, conduit par le colonel Osvaldo López Arellano. 1963-1975 : dictature d'Arellano Oswaldo López Arellano gouverne en dictateur jusqu’en 1975, à l’exception d’une brève éclipse en 1972. Sous son régime, l’économie déjà fragile du Honduras sombre un peu plus, surtout après la coûteuse guerre contre le Salvador, en 1969. La raison du conflit ? La présence illégale, au Honduras, de 300 000 travailleurs salvadoriens. En 1975, les forces armées aident le colonel Juan Alberto Melgar Castro à prendre le pouvoir, mais trois ans plus tard, il est évincé à son tour par le colonel Policarpo Paz García. 1969 : guerre contre le Salvador En 1969, des incidents pendant un match de qualification pour la Coupe mondiale de football opposant le Honduras au Salvador débouchent sur une véritable guerre. Celle-ci dure quelques jours seulement, mais marquera pendant longtemps les relations entre les deux pays voisins. La raison du conflit ? La présence illégale au Honduras de 300 000 travailleurs salvadoriens.
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1970-1980 : pays sous influence À la fin des années 1970 et dans les années 1980, le problème central du Honduras reste l'instabilité politique qui règne chez ses voisins. En 1980, Paz García signe un traité de paix avec le Salvador. Lors des élections de novembre 1981, le candidat du Parti libéral, Roberto Suazo Córdova remporte la présidence, marquant le retour des civils au pouvoir. Les militaires, cependant, gardent une influence considérable. Le Honduras devient une base pour les guérilleros luttant contre le gouvernement du Nicaragua et les Etats-Unis y entreprennent alors une série d'exercices militaires, afin d'exercer une pression supplémentaire sur le gouvernement sandiniste. 1990-2000 : austérité économique et pauvreté En 1993, Carlos Roberto Reina remporte l'élection présidentielle face à Callejas. Il s'engagea dans la voie des réformes économiques et des mesures d'austérité. En 1998, Carlos Roberto Flores Facussé succède à Carlos Roberto Reina et engage une politique pour redresser l'économie du Honduras. Mais il doit faire face au mécontentement d'une population qui vit chaque jour un peu plus dans la pauvreté. En 2002, c'est Ricardo Maduro Joest, candidat du Parti National, qui accède à la fonction de Président de la République. 2005 : élection de Zelaya Manuel Zelaya, candidat du Parti libéral, remporte les élections présidentielles de novembre 2005 contre Porfirio Lobo, candidat du Parti national et devient le nouveau président du Honduras. À la mi-2007, Manuel Zelaya assiste à la célébration du triomphe de la Révolution Sandiniste au Nicaragua avec le président nicaraguayen Daniel Ortega et le président de la république bolivarienne du Venezuela, Hugo Chávez Frias. Ce compagnonnage brouille l'image de Zelaya, libéral et fils de propriétaire terrien et entraîne les premières critiques dans son pays, puis ultérieurement à l'étranger. Cela n’empêche pas Manuel Zelaya de chercher de nouveaux accords de coopération avec le Venezuela. 9 octobre 2008 : adhésion à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques Malgré les critiques et l'opposition de membres de son propre parti libéral et du parti national adverse, Zelaya fait adhérer le Honduras à l'ALBA, Alternative bolivarienne pour les Amériques. Il signe ce traité à Tegucigalpa le 25 août 2008, en présence des présidents Hugo Chávez du Venezuela, Evo Morales de Bolivie et Daniel Ortega du Nicaragua, ainsi que du vice-président Carlos Lage de Cuba. Cette adhésion est ratifiée par le congrès hondurien le 9 octobre suivant. 28 juin 2009 : coup d'État Le président du Honduras, Manuel Zelaya, est arrêté à l’aube par des militaires, et conduit de force sur une base de l’armée de l’air. Il est ensuite envoyé au Costa-Rica, où il a fait une demande d'asile politique. Chronologie établie par Camille Sarret Source des photographies : Library of Congress