Fil d'Ariane
L'ambassadeur américain à Pékin, Terry Branstad, est devenu un habitué des lieux du pouvoir chinois. Le diplomate américain a été convoqué au ministère chinois des Affaires étrangères une deuxième fois en quatre jours.
Le "Hong Kong Act" ne passe pas. Pekin insiste et demande à Waashington "de ne pas mettre en oeuvre" le texte incriminé. Donald Trump a promulgué en effet ce mercredi 27 novembre "la loi de 2019 sur les droits de l'homme et la démocratie à Hong Kong" après avoir longuement hésité, craignant de se mettre à dos les autorités chinoises, avec qui il cherche à sceller un accord commercial.
Cette résolution menace de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington à l'ancienne colonie britannique si les droits des manifestants ne sont pas respectés. Elle avait été approuvée une semaine plus tôt à une écrasante majorité par le Congrès.
Le texte prévoit que le département d’Etat vérifie au moins une fois par an que Hong Kong, rétrocédée à la Chine en 1997, dispose de suffisamment d’autonomie pour continuer à bénéficier d’un traitement commercial spécial de la part des Etats-Unis, une relation économique qui a permis à l’ancienne colonie britannique de devenir un pôle financier mondial. Les avantages commerciaux accordés à Hong Kong dépendent de l'accord de 1997 entre le Royaume-Uni et la République populaire de Chine.
Hong Kong a été rétrocédé en 1997 aux termes d'un accord qui garantissait au territoire une autonomie et des libertés inconnues sur la Chine continentale, selon le principe "un pays, deux systèmes". La déclaration conjointe de 1984 entre Londres et Pekin stipule que Hong Kong bénéficie "d'un degré élevé d'autonomie, hormis en matière d'affaires étrangères et de défense", et de son propre système judiciaire, législatif et exécutif. Cet accord vaut pour cinquante ans. Hong Kong doit conserver son système capitaliste, avec des échanges indépendants et des flux de capitaux "libres" à la différence du continent. Les investissements étrangers et la propriété privés sont protégés. L'indépendance de la justice, la liberté d'expression, de la presse, d'association, de religion, intellectuelle et le droit de grève, sont garantis par l'accord.
Le "Hong Kong Act" prévoit aussi l’instauration de sanctions contre les représentants qui seraient accusés de violation des droits humains dans le territoire semi-autonome. Une autre mesure vise à interdire les exportations de certains équipements anti-émeute à destination des forces de sécurité hongkongaises.
Sur le front commercial, la question est de savoir si cette décision va mettre en péril les tractations délicates menées par Washington et Pékin. Les deux premières puissances mondiales se livrent depuis l'an dernier une guerre commerciale à coup de hausses de droits de douane. Ces derniers jours, ils ont envoyé des signaux positifs quant à la conclusion avant la fin de l'année d'un accord commercial partiel, dit de "phase un".
Donald Trump a en tout cas toujours cherché à soigner ses relations avec son homologue chinois Xi Jinping. Le 45e président des Etats-Unis était resté vague ces derniers jours sur ses intentions. Il avait d'un côté assuré être "avec" les manifestants pro-démocratie, tout en assurant avoir confiance en Xi Jinping pour résoudre la crise. L'équation semble difficile.
Les États-Unis ont encore accentué en octobre dernier la pression, déclarant mettre en place des « restrictions de visas ». Une mesure prise pour dénoncer une « campagne de répression » contre les musulmans ouïgours au Xinjiang malgré les protestations de Pékin. « La Chine détient par la force plus d'un million de musulmans dans le cadre d'une campagne systématique et brutale pour éradiquer leur religion et leur culture au Xinjiang », dans le nord-ouest de la Chine, a dénoncé le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo.