Fil d'Ariane
Un hebdomadaire chrétien de Hong Kong laisse sa Une quasiment vide dans son édition du 1er juin. La seule façon de commémorer le 35e anniversaire de la répression de la place Tiananmen, le 4 juin 1989 à Pékin, car le gouvernement chinois censure tout mouvement d'opposition.
Place Tiananmen à Pékin, le 28 mai 1989, les protestations étudiantes entre dans leur 3ème semaine. Des étudiants épuisés se reposent au milieu des détritus et d'abris de fortune.
Le Christian Times écrit qu'il ne peut "répondre à la situation actuelle qu'en remplaçant les paragraphes par des blancs", dans cette société devenue tellement "restrictive".
Une du Christian Times de Hong Kong - Capture d'écran
Hong Kong, où les libertés ne cessent de diminuer, a été longtemps le seul endroit de Chine où était autorisée la commémoration du massacre du 4 juin 1989 sur la grande place centrale de Pékin.
Voir Tiananmen, 30 ans plus tard : "la Chine sous contrôle" ?
Mais ces commémorations, souvent sous forme de veillées aux chandelles en hommage aux nombreux manifestants tués par l'armée ce jour-là, ont été interdites à partir de 2020 quand Pékin a imposé une loi sur la sécurité très restrictive, venue remettre en cause la plupart des libertés accordées au territoire lors de sa rétrocession à la Chine par la Grande-Bretagne.
Sept personnes ont encore été arrêtées à Hong Kong cette semaine, accusées de sédition pour avoir publié des posts sur les réseaux sociaux "en tirant parti d'une date sensible prochaine".
"Ces dernières années, la société à Hong Kong a changé de façon dramatique et est devenue plus restrictive", dit l'éditorial du Christian Times, qui publie d'ordinaire chaque année des articles en rapport avec l'anniversaire de Tiananmen. "Même une prière, si elle est basée sur des souvenirs historiques, peut poser problème", ajoute-t-il.
Voir Chine : Tiananmen commémoré à Taïwan, l'îlot démocratique
Une messe catholique qui se tenait depuis plus de 30 ans en commémoration du massacre a finalement été supprimée en 2022, ses organisateurs craignant qu'elle ne soit en violation de la nouvelle loi.
Pékin et les autorités pro-Pékin de Hong Kong avait justifié cette loi en affirmant qu'elle était nécessaire pour mettre fin à la violence et restaurer l'ordre après les énormes manifestations pro-démocratie de 2019.