Fil d'Ariane
Meng Wanzhou est accusée de fraude bancaire par les Etats-Unis. Une fraude qui est aussi un crime au Canada. Pour pouvoir être extradée, la cadre de Huawei doit être poursuivie par la justice américaine pour des faits également punissables dans le droit canadien. C'est ce qu'on appelle la double incrimination. Or les avocats de la défense affirment que l'affaire porte sur des violations de sanctions américaines contre l'Iran. Ce qui n'avait pas d'équivalent au Canada au moment des faits reprochés.
Le sort de Meng Wanhzou semble intimement lié à ceux de deux Canadiens, Michael Kovrig, ancien diplomate auparavant en poste dans la capitale chinoise, et Michael Spavor, consultant et homme d'affaires.
Arrêtés en Chine, neuf jours après l'interpellation de la cadre de Huawei, ils sont détenus sur des soupçons d'espionnage. Des détentions jugées "arbitraires" par Ottawa et largement perçues en Occident comme une mesure de représailles.
Pékin a clairement fait comprendre que la libération de sa ressortissante était une condition sine qua non à une amélioration de ses relations avec Ottawa et à la libération des deux Canadiens détenus sur le sol chinois.
Mais au Canada, la demande ne passe pas. "Le Canada a un système judiciaire tout à fait indépendant de l'ingérence des politiciens, ce n'est pas tout à fait le même cas en Chine. Ils ne comprennent pas que nous n'avons pas la capacité ou le désir de nous ingérer dans notre système judiciaire indépendant", a même expliqué le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, lors d'une rare critique directe à l'égard de Pékin, le 21 mai dernier.
Depuis 2018, les tensions diplomatiques se sont accrues et ont douché les espoirs d'Ottawa de conclure un accord de libre-échange avec Pékin, son deuxième partenaire économique, et ainsi réduire sa dépendance à l'égard du marché américain. Depuis, les exportations vers la Chine n'ont cessé de baisser en raison des tarifs douaniers imposés par la Chine aux exportations agroalimentaires canadiennes.
Le protectionnisme du grand voisin américain nuit également au désir affiché de rapprochement de Justin Trudeau avec Xi Jinping, lors de son accession au pouvoir en 2015. Et de l'avis des experts, la crise sanitaire du coronavirus, dont Pékin est tenue pour responsable par Donald Trump n'arrange rien.
De plus, Washington redoute qu'avec la 5G, Pékin puisse perturber ses communications militaires. Et l'administration Trump voit dans Huawei un cheval de Troie. Une méfiance alimentée par le fait que le fondateur de Huawei et père de Meng Wanzhou - Ren Zhengfei - est un ancien officier de l'armée chinoise.
A la mi-mai, Washington a annoncé de nouvelles mesures pour contrecarrer la capacité du géant chinois des télécommunications à développer des semi-conducteurs à l'étranger, grâce à de la technologie américaine.
Dernier épisode en date : le fidèle allié britannique se serait rapproché des États-Unis et du Canada pour former un club de dix pays qui pourraient ensemble développer leur propre technologie 5G et s'affranchir de Huawei. C'est ce que rapporte ce 29 mai The Times.
Les membres du G7 - l'Australie, la Corée du Sud et l'Inde, pourraient en faire partie selon le quotidien britannique. Une option que compterait présenter le Premier ministre britannique, Boris Johnson, au président américain, Donald Trump, avant le sommet du G7 prévu en juin aux Etats-Unis.