Fil d'Ariane
26 août 1963, Martin Luther King porte un discours qui marquera l’Histoire des Etats-Unis d’Amérique. Pendant ces 60 dernières années, la lutte pour les droits civiques ne cessera d’être menée dans les rues du pays.
Une personne tient une image de Martin Luther King durant le 60e anniversaire de la marche des droits civiques à Washington le 26 août 2023.
Il y a 60 ans, entre 200 000 et 300 000 personnes défilent dans les rues de Washington officiellement “pour l’emploi et la liberté”. Cette marche politique qui sera célébrée comme “marche des droits civiques” sera le théâtre du discours historique de Martin Luther King “J’ai fait un rêve” (I have a dream). Prévue pour durer 4 minutes, sa prise de parole en durera 16 face à une foule compacte devant le Lincoln Memorial.
Cette date marque un tournant dans la lutte des droits civiques des Afro-américains aux États-Unis.
C’est l’une des conséquences directes de la marche des droits civiques. Le président Lyndon B.Johnson acte par la loi sur les droits civiques la fin des pratiques discriminatoires aux États-Unis. C’est en présence de Martin Luther King, que le président signe le texte jugé “radical” à l’époque, à la Maison Blanche, le 2 juillet 1964.
La loi interdit désormais la discrimination basée sur le genre, la religion, le sexe et l’origine et met un terme à la ségrégation raciale dans les lieux publics. Jusqu’à cette date, un grand nombre de restaurants, théâtres, cinémas mais aussi bus, trains interdisaient la présence de Noirs.
Par ailleurs, et bien que le Civil Rights Act le stipulait, le droit de vote des personnes noires n’est pas appliqué dans tous les États des d’États-Unis et notamment ceux dits ségrégationnistes comme le Mississippi ou l’Alabama. Il faudra en effet attendre le Voting Rights Act de 1965 pour que le gouvernement fédéral puisse faire respecter le fait que toute personne noire puisse s'inscrire sur les listes électorales.
Le président Lyndon Johnson, lors de la signature du Voting Rights Act, le 6 août 1965.
Des centaines de personnes partent de la ville de Selma en Alabama pour rejoindre Montgomery, la capitale de l’État. Les manifestants revendiquent alors leur droit de vote, institué par le Civil Rights Act mais non appliqué par le gouverneur de l’État de l’époque.
La marche pacifique tournera au drame. La police locale réprime les manifestants à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. 60 personnes seront blessées. Ce jour sera rappelé comme le “dimanche sanglant”.
Une dizaine de jours plus tard, les marcheurs retenteront le coup, avec Martin Luther King en tête de cortège, et arriveront à Montgomery.
Des nuages de gaz lacrymogènes lors de la marche de Selma au pont Edmund Pettus à Selma, le 7 mars 1965.
Jusqu’en 1967, les mariages entre Noirs et Blancs étaient interdits dans l'ensemble des États-Unis. Cette même année, une décision de la Cour suprême nommée "Loving v. Virginia" invalidait les lois interdisant le mariage interracial dans le pays. La décision porte le nom du couple Richard Perry Loving, blanc, et sa femme Mildred Loving, noire, qui, habitant en Virginie, se sont fait arrêter en pleine nuit pour s’être mariés quelques semaines auparavant. Ils ont été alors condamnés à 25 ans de prison pour violation de la loi de Virginie.
Mildred Loving et son mari Richard P. Loving le 26 janvier 1965 en Virginia.
Alors qu’il se trouve à Memphis (Tennessee), il est tué par balles sur le balcon de sa chambre de motel par un suprémaciste blanc. Prix Nobel de la paix, partisan de l’intégration raciale, pasteur baptiste, père de quatre enfants, Martin Luther King avait 39 ans. Sa mort déclenche des grandes manifestations à Washington, Chicago ou encore Boston. Il est aujourd’hui le visage de décennies de lutte pour les droits civiques.
Le pasteur Martin Luther King durant l'émission "Protestant Heritage" sur la NBC, on le 30 juin 1963 à New York.
Shirley Chisholm, élue à la Chambre des représentants en 1968, se présente à l'élection présidentielle, en participant aux primaires démocrates en 1972. Son slogan de campagne était “unbought and unbossed” (qu’on ne peut acheter ni dirigée). Elle est cependant interdite de télévision en raison de sa couleur de peau. Elle perd l’investiture démocrate face à George McGovern mais elle rentrera dans l’Histoire.
La députée Shirley Chisholm en 1968.
Le 44e président des États-Unis d’Amérique s’appelle Barack Hussein Obama. Né d’un père kenyan et d’une mère blanche du Kansas, il est le premier président noir des États-Unis. Lors de son discours d’investiture, il déclare : “Nous savons que notre patrimoine multiculturel est une force, pas une faiblesse. […] Et parce que nous avons connu le goût amer de la guerre civile et de la ségrégation et que nous sommes sortis de ce sombre chapitre plus forts et plus unis, nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que les vieilles haines cesseront un jour, que les sentiments d’appartenance disparaitront, qu’alors que le monde deviendra plus petit notre humanité commune se révélera et que l’Amérique jouera le rôle qui lui revient en inaugurant une nouvelle ère de paix.”
Le président Barack Obama lors de la cérémonie de son investiture à Washington, le 18 janvier 2009.
Crée par trois femmes noires, Opal Tometi, Alicia Garza, Patrisse Cullors, le mouvement Black Lives Matter est né à la base d’un hashtag largement partagé sur les réseaux sociaux, après l’acquittement du meurtrier de Trayvon Martin, un jeune noir de 17 ans tué par un vigile.
S’il gagne de l’écho aux États-Unis après chaque crime raciste, le mouvement atteint une ampleur internationale lors de la mort de George Floyd, dont les images de l’arrestation ont fait le tour du monde. Des manifestations avaient eu lieu en réaction en France, au Royaume-Uni, au Brésil, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, en Italie, en Colombie ...
Des manifestants tient un panneau en hommage à Trayvon Martin, jeune homme noir tué par un vigile, le 31 mars 2012, à Sanford, marquant le début du mouvement Black Lives Matter.