Patrick Le Hyaric était l'invité, ce mardi 1er mai, de TV5MONDE Politique. Député européen et directeur du journal L'Humanité, l'élu communiste, s'est notamment exprimé sur la mobilisation sociale et syndicale en France.
TV5MONDE : Comme souvent, les syndicats célèbrent ce 1er mai en ordre dispersé. Mais le contexte est particulier avec notamment la grève SNCF. Est-ce que les syndicats n'ont pas raté une occasion de faire front commun?
Patrick Le Hyaric : Oui, il est toujours mieux que les organisations syndicales s'unissent pour aider les salariés eux-mêmes à s'unir par-delà leurs professions, par-delà leurs opinions. Malheureusement, ce n'est pas possible, ça n'a pas été possible parce qu'il y a une différence d'opinion vraissemblablement sur un certain nombre de sujets proposés par le gouvernement.
La réforme de la SNCF a été actée dès 2016, avec l'adoption par l'Union européenne du quatrième paquet ferroviaire, qui ouvre le marché du rail à la concurrence. Elle était inévitable cette réforme ?
Tout d'abord, c'est une contre-réforme. On est dans une situation où on se prépare à démanteler notre entreprise publique du rail qui est reconnue dans le monde entier pour son efficacité. Après avoir refusé, après ne pas s'être donné les moyens de développer le fret ferroviaire et poursuivre en ce sens, cela va à l'encontre de la vie de nos territoires, de la sécurité sur les routes puisqu'on va augmenter le nombre de cars et de camions sur les routes.
C'est le contraire qu'il aurait fallu faire. Créer les conditions d'une appropriation publique plus grande de l'entreprise et au lieu de ce quatrième paquet ferroviaire, d'imaginer un système de coopération entre nos entreprises ferroviaires européennes pour, à la fois, investir et mieux circuler à l'intérieur de l'Europe. (...)
La dette de la SNCF, elle est, pour une part, le résultat de commandes de l'Etat à la SNCF, ce qui n'est pas anormal en soit. Par contre ce qui est anormal, c'est que pour une commande de trois milliards l'Etat n'en fournit qu'à peine un milliard et laisse la SNCF emprunter sur les marchés financiers à des taux d'intérêt élevés. Donc à partir de ce moment là, il y a inévitablement un problème. Alors que le rail appartient à tout le monde, on a coupé l'entreprise en deux et on a donné le rail en gestion à un réseau ferré de France qui a fait payer des péages à l'entreprise auquelle appartenait auparavant le rail.
Donc inévitablement, on a augmenté la dette mais en alimentant les marchés financiers et le secteur bancaire. Aujourd'hui, il ne faut pas nier le problème. Il faut l'affronter non pas en démantelant l'entreprise et en réduisant l'emploi ou en saccageant le statut de ces travailleurs mais en renégociant la dette. On aurait un outil pour le faire : la banque centrale européenne.
Pierre laurent, le patron du parti communiste, votre parti, était en meeting hier avec Olivier Besancenot du NPA, il n'y avait pas grand monde. Est-ce que ce n'est pas symptomatique de la difficulté à exister pour la gauche et l'extrême gauche dans la France de Macron ?
Je crois que c'est l'acte lui-même qui a une portée importante parce qu'il faut retrouver aujourd'hui le chemin de l'unité, l'unité entre les forces progressistes , mais encore plus le rassemblement et l'unité populaire à mon sens de telle sorte qu'on dresse enfin un barrage politique de régression sociale démocratique.
Il serait souhaitable que la France insoumise fasse partie de ce rassemblement des gauches ?
Bien sûr. Elle était appelée d'ailleurs à venir et donc c'est l'ensemble du spectre des forces dites de gauche et du progrès social et humain.