Si Israël s'est depuis retiré du Sinaï, le Golan et Jérusalem-Est ont été annexés et la Cisjordanie est toujours occupée. Israël s'est également retiré de la bande de Gaza mais maintient l'enclave palestinienne sous blocus.
- Israël maître du ciel -
Plusieurs semaines de tension ont précédé le conflit. En mai, l'Egypte de Gamal Abdel Nasser a notamment exigé et obtenu le départ des Casques bleus du Sinaï, puis fermé le détroit de Tiran aux navires israéliens, entraînant le blocus du golfe d'Aqaba.
Le lundi 5 juin 1967, à l'aube, la chasse israélienne pilonne les bases aériennes égyptiennes. Les blindés israéliens se mettent en mouvement vers le front égyptien. Les pays arabes se déclarent en guerre contre Israël. Jérusalem est sous le feu des mortiers.
Dans la soirée, le gouvernement israélien annonce avoir mis hors de combat l'aviation égyptienne, clouée au sol.
- Chute de Gaza -
Le 6 juin, l'armée israélienne s'empare de Gaza, alors sous administration égyptienne. Les troupes israéliennes pénètrent dans le secteur arabe de Jérusalem.
Après un long tête à tête américano-soviétique, le Conseil de sécurité de l'ONU adopte à l'unanimité une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat.
- La Jordanie plie -
Le 7 juin, une grande bataille des blindés éclate au coeur du Sinaï, tandis que l'armée israélienne occupe la rive orientale du canal de Suez. La marine s'empare de Charm el-Cheikh et dégage le golfe d'Aqaba.
"Le gros de l'armée égyptienne s'enfuit en désordre et nous avons occupé la plus grande partie du Sinaï", déclare le commandant en chef de l'armée israélienne, le général Itzhak Rabin, lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.
Les quartiers juifs de Jérusalem sont bombardés.
Les forces israéliennes entrent dans la Vieille Ville de Jérusalem et le Premier ministre israélien Levi Eshkol se rend au mur des Lamentations.
L'armée israélienne occupe la plus grande partie de la rive occidentale du Jourdain. La Jordanie accepte le cessez-le-feu.
"Nous avons atteint les objectifs politique et de sécurité", déclare le ministre de la Défense, le général Moshé Dayan.
- L'Egypte jette l'éponge -
Le 8 juin, les Israéliens atteignent le canal de Suez, la bataille du Sinaï est finie. Mais ce n'est que dans la nuit que la radio du Caire annonce l'acceptation par l'Egypte du cessez-le-feu demandé par le Conseil de sécurité et annoncé plus tôt par des médias étrangers.
La Maison Blanche fait savoir que le téléphone rouge qui relie directement la présidence des Etats-Unis au Kremlin a été utilisé plusieurs fois pendant la crise.
Des tirs d'artillerie ont lieu à la frontière israélo-syrienne.
- Vraie fausse démission de Nasser -
Le 9 juin, coup de théâtre au Caire: le président Nasser annonce sa démission dans une allocution télévisée. Le monde arabe est consterné. Dans les rues du Caire, la foule demande à Nasser de rester. Il revient sur sa décision.
A la frontière israélo-syrienne, de violents combats se déroulent avec blindés, artillerie et infanterie. Les Israéliens pénètrent dans le Golan, s'emparant de la plupart des crêtes qui dominent le territoire israélien.
- La Syrie cède -
Le 10 juin, Nasser annonce qu'il reste président "conformément à la volonté populaire".
Sur le front syro-israélien, la lutte fait rage. Tout l'arsenal militaire israélien est mobilisé pour anéantir les positions fortifiées syriennes. Après la chute de Qouneitra, la Syrie s'incline et cesse le combat.
En six jours, Israël a brisé le mythe nassérien, vaincu trois armées arabes qui menaçaient son existence et fixé lui-même ses frontières sur le canal de Suez, le Jourdain et le Golan. Le monde arabe est sous le choc.
TémoignagesA Jérusalem, Gaza ou dans le Golan, côté israélien ou palestinien, ils ont vécu la guerre des Six Jours, comme soldat ou comme civil. Ils racontent.
Yaaqoub Sandouqa, 19 ans en 1967
Palestinien de Jérusalem:
"Quand la guerre a été déclarée, j'étais avec mon père et mes trois frères dans notre magasin de café dans la vieille ville. Le souk a fermé et nous aussi. Nous nous sommes réfugiés chez des proches. Le 6 juin, quatre soldats jordaniens tiraient du toit sur les avions israéliens. Les Israéliens sont entrés dans la cour et ont tiré sur deux de mes frères et mon oncle. Ils nous ont dit en mauvais arabe 'Sortez d'ici, les mains en l'air!'. On est parti sans regarder les corps de mon frère et de mon oncle. L'ombre de la mort planait sur nous. Un autre frère, blessé, a réussi à sortir, avant de s'écrouler. Mon père, mon dernier frère et moi avons tenté de le sauver mais il est mort et je ne pensais qu'à sauver ma peau. J'ai couru et j'ai rejoint la maison de mon oncle. Il nous a chargés dans son camion et on est partis vers le pont Allenby" et la Jordanie.
Ada Yeivin, 36 ans en 1967
Cette Israélienne a trouvé refuge avec ses trois enfants de 10, 9 et 3 ans et demi dans l'appartement d'une amie, près de la ligne de front à Jérusalem. Son amie avait barricadé avec des sacs de sable la pièce dans laquelle se trouvaient 12 personnes.
"On a tous dormi par terre. Les enfants réussissaient à dormir mais, personnellement, j'ai dû passer plusieurs nuits sans dormir. Avant et pendant la prise de Jérusalem-Est, les tirs de mortiers ont redoublé. Rahel (une amie), qui était assise sur un bord de fenêtre, a traversé toute la pièce, soufflée par une explosion. On pensait qu'elle était blessée. En fait, elle avait juste des bleus, les sacs avaient arrêté les tirs. Un soir à minuit, les tirs étaient tellement intenses, c'était un cauchemar. On a réveillé les enfants, on les a mis dans le coin le plus sûr et on s'est couchées sur eux pendant une heure. On était sur qu'on allait être touchés".
Nafez al-Atti, 21 ans en 1967
Membre de l'Armée de libération de la Palestine à Gaza:
"Pour moi, ça a été la guerre des Trois Jours. L'Armée de libération de la Palestine, c'était 5.000 jeunes hommes, chaque famille de Gaza avait dû en envoyer un. Quand la guerre a commencé, on pensait être prêts, au moins à résister. On avait un rêve, on voulait un pays. Le premier jour, j'étais dans une base à la frontière près de Khan Younès. Vers 10H00, on a entendu des explosions. Une heure après, un officier nous a dit: 'Le pays est perdu. Ils ont des chars, ceux qui veulent partir peuvent le faire'. On était cinq sur la base, trois ont déserté. On est resté à deux avec des kalachnikovs et un vieux canon. Le troisième jour, je suis retourné en ville. Tout était détruit et les gens fuyaient. J'ai compris qu'on avait perdu."
Ehud Gross, 21 ans en 1967
Etudiant israélien et officier de réserve dans les tanks, mobilisé dans le Sinaï puis envoyé dans le Golan:
"D'autres avaient pris Jérusalem, le Sinaï. Nous, nous étions énervés de voir que le Golan n'était toujours pas à l'ordre du jour. Le moral était au plus bas. Nous ne comprenions pas grand-chose à la politique. Puis l'ordre est arrivé: 'On monte' (sur le plateau du Golan). Nous y sommes allés avec un moral d'acier. Le sentiment de joie et de facilité a vite disparu quand l'artillerie syrienne s'est déchaînée. On a commencé la journée avec 25 chars, on l'a finie avec trois".
Abou Jamal, 32 ans en 1967
Habitant de Ramallah:
"Nous étions ici à Ramallah, (les soldats israéliens) ont débarqué et tout le monde a été touché. Nous avons tous quitté nos maisons et nos villages. La moitié des gens sont partis en Jordanie en ayant à l’esprit les massacres commis (par le passé) par les juifs contre le peuple palestinien", dit-il en faisant référence notamment à la période 1947-48 précédant la création de l’Etat d’Israël et marquée par un certain nombre d’exactions juives ou arabes. Après la guerre, "la vie a changé parce que les juifs ont fait travailler les gens pour eux. Le but, c'était de leur faire oublier leur terre".
Shabtai Bril, 30 ans en 1967
Officier dans les renseignements militaires israéliens:
"Israël se retrouvait seul, comme en 1948, contre sept pays arabes. Ceux qui ne connaissaient pas nos forces avaient peur. Ceux qui, comme moi, étaient dans l'armée n'étaient pas inquiets. La surprise, ça a été que ça aille aussi vite mais nous étions sûrs de gagner. Nous avons su les premiers qu'en trois heures, nos avions avaient détruit les aviations égyptienne, syrienne et jordanienne. On a sauté de joie et on a porté un toast, cela a été une joie militaire. Mais quelques jours après quand nous avons entendu que (les soldats israéliens) étaient arrivés au Kotel (ndlr: le mur des Lamentations à Jérusalem-Est), ce fut une joie nationale".