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C'était hier, jeudi 15 février, le deuxième et dernier jour de la Conférence internationale pour la langue française et le plurilinguisme dans le monde. Laquelle a rassemblé à la Cité internationale universitaire à Paris, pendant deux jours, près de 400 artistes, politiques, chercheurs et chefs d'entreprises du monde entier qui se sont penchés sur la question de l'évolution de la langue française, et refléter sur la consultation publique mise en place en janvier sur le sujet via une plateforme internet au nom évocateur : monideepourlefrançais.fr.
Parmi les personnalités présentes à cette Conférence : Leïla Slimani, la « Madame Francophonie » du président français. L'écrivaine lauréate du prix Goncourt est désormais sa conseillère en la matière, invitée sur TV5Monde ce jeudi 15 février.
Objectif de cette conférence ? "Ecouter ceux qui font vivre la francophonie au jour le jour, qui l’incarne, qui la font vivre sur les cinq continents et qui ont des idées à nous donner pour le français, pour le faire mieux rayonner. L’idée c’est de se laisser bousculer, même critiquer... Pour essayer d’avoir une sorte d’état des lieux, pour essayer de savoir ce qu’est l’avenir de la francophonie."
La langue française est synonyme de liberté et de diversité.
Leïla Slimani
"La langue française, c’est la langue de l’Hexagone, mais ce n’est pas seulement la langue de l’Hexagone. Il ne faut pas arrêter de le répéter", martèle la représentante personnelle d'Emmanuel Macron sur TV5MONDE.
Leïla Slimani valorise la pluralité du français, pratiqué dans le monde francophone : "Il y a plusieurs français. On parle le français différemment sur les cinq continents du monde. Entre le Québec, la Belgique, la Suisse, la France, le Maroc ou le Congo, on parle différemment le français. Cette diversité est synonyme de poésie, de créativité…"
En quoi consiste donc la mission de la représentante personnelle d'Emmanuel Macron pour la francophonie ? « Faire remonter les idées. La francophonie ne doit pas s’incarner seulement dans des programmes éthérés auxquels on ne comprend pas grand chose et qui viendraient d’en haut. Cela doit venir d’en bas, de la société civile. »
Pour remplir cette mission qu'elle remplit bénévolement, l'écrivaine part à la rencontre des apprenants du français et essaye "d’identifier quels sont les grands enjeux d’aujourd’hui". Elle prend pour exemple l'édition littéraire « trop centralisée en France ». Elle travaille aussi à la création d'un musée de la francophonie qui devrait être créé en France à Villers-Cotterêts.
#Monideepourlefrancais, c'est la grande consultation lancée par l'Institut français pour récolter de nouvelles idées pour dépoussiérer la francophonie. L'idée pour le français de Leïla Slimani ? "Que tous les acteurs culturels puissent être des vecteurs de la langue", "que l’on acceuille mieux les artistes francophones" et "que l’on ouvre notre paysage culturel à la diversité du français."
Le président Emmanuel Macron a proposé à Alain Mabanckou de collaborer avec Leïla Slimani pour "contribuer aux travaux de réflexion autour de la langue française et de la francophonie". Il a refusé. L'auteur dit notamment dans une lettre ouverte au président que "la Francophonie est malheureusement encore perçue comme la continuation de la politique étrangère de la France dans ses anciennes colonies."
Leïla Slimani lui répond : "Je me réjouis qu'il y ait des gens qui écrivent sur la francophonie, ça fait longtemps que ce n’était pas arrivé. C’est bien la preuve qu’il y a quelque chose qui se passe. Je comprends tout à fait ses critiques. Ce que je comprends moins, c’est qu’on s’en tienne à ça. Est-ce que l’on n’a que ça à offrir à la jeunesse aujourd’hui : des critiques et puis, finalement, une forme de défaitisme, de pessimisme ?"
Elle ajoute : "Je suis d’accord avec lui. Je pense qu’il faut bouger et s’y mettre tous ensemble pour offrir à la génération qui vient autre chose. Mais on ne peut pas s’en tenir aux critiques."
Personne ne peut nier que notamment en Afrique ou au Maghreb, il y a une perception où parfois francophonie rime avec colonie. Où on a le sentiment que la francophonie, c’est quelque chose qui a été vécu par une petite élite, qui a perpétué des dominations impérialistes etc. C’est vrai que c’est perçu comme ça. Mais cette perception-là, il faut la déconstruire.
Leïla Slimani
"Je trouve important que les Français parlent plus de langues et notamment plus de langues africaines, plus l’arabe. Je suis pour le plurilinguisme, pour une langue française qui n’est pas arrogante, qui se met à égalité avec les autres langues, qui partage, qui se mette à discuter."
Quant à son usage du mot "cool" pour décrire le français que nous avons commenté ici-même à TV5MONDE : "Je trouve ça un peu ringard de mettre les langues dos à dos. Il faut être lucide, il ne faut pas être hypocrite, on vit dans un monde où bien sûr on parle l’anglais, on utilise le mot « cool » dans nos vies."
La langue il faut la vivre, c’est un outil pour vivre, pour aimer, pour discuter, pour rigoler.. Ce n’est pas un outil pour nous aliéner.
Leïla Slimani.