>>>> Quelle est l'origine du feu ?
Ni les pompiers, ni les enquêteurs n'ont pour le moment communiqué d'information sur l'origine de l'incendie. Les premiers éléments, et les nombreuses images diffusées sur les réseaux sociaux, indiquent que le feu a démarré dans les combles de la cathédrale.
Et, moins de 24 heures après le feu, difficile d'imaginer que des éléments prouvant telle ou telle théorie ont pu être découverts dans les décombres de l'édifice. L'enquête a été ouverte pour "destruction involontaire par incendie" et le procureur de Paris Rémy Heitz indique que "
rien dans l'état (actuel) ne va dans le sens d'un acte volontaire".
Certains sites d'extrême droite ont pourtant, dès lundi soir, relayé l'idée d'un acte criminel. Un cadre du parti Rassemblement national interprétant même incorrectement une information mise en avant par le site "fdesouche". Se basant sur des propos tenus sur la chaîne d'information française LCI, Jean Messiha évoquait "
deux départs de feu", accréditant ainsi l'hypothèse d'un incendie volontaire.
En réalité, aucun journaliste de LCI n'a donné une telle information. Dans la vidéo mise en ligne par le fondateur de "fsouche" lui-même, on entend le présentateur David Pujadas donner l'état de la situation à 19h41, soit environ une heure après le début de l'incendie, et affirmer, sur la base d'une image en direct, filmée à plusieurs kilomètres de distance : «
on ne voit pas comment cette flèche pourrait être sauvée étant donné l’intensité du foyer qui s’y développe, mais qui menace aussi l’édifice par ailleurs. On le distingue nettement, il y a au moins deux foyers : ailleurs, c’est la charpente, c’est le toit de Notre-Dame de Paris qui brûle. »
Le journaliste n'évoque donc pas deux "départs" de feu, mais deux "foyers". Après une heure d'incendie, les flammes se sont propagées et touchent plusieurs parties de la charpente.
Une autre publication a été relayée à de nombreuses reprises. Même si la page Facebook en question revendique du "fun et de l'humour", la photo a été prise au sérieux par de nombreux internautes. Elle semble montrer une personne présente sur l'échafaudage du toit au moment de l'incendie.
Un rapide décryptage de l'Agence France Presse permet de voir que cette personne est en réalité une statue surplombant la façade nord de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
>>>> Fallait-il utiliser des moyens aériens ?
Le président américain Donald Trump a été le premier, dans un message Twitter, à suggérer aux pompiers de faire appel à des "avions bombardiers d'eau" pour éteindre l'incendie.
Les spécialistes ont rapidement expliqué que la largage d'une très grande quantité d'eau (6000 litres, soit 6 tonnes) par un Canadair ou un hélicoptère aurait pu faire plus de mal à l'édifice que de bien. Le poids de l'eau aurait pu mettre à mal une partie de la structure. Par ailleurs, le largage de l'eau n'est pas une opération suffisamment précise pour être certain de n'atteindre que la cathédrale et pas un bâtiment voisin ou des personnes se trouvant au sol.
>>>> Les rosaces de Notre-Dame ont-elles été détruites ?
Ce tweet -aujourd'hui supprimé- d'un compte qui se présente comme d'information affirmait dès lundi soir que les trois rosaces nord, ouest et sud "
ont explosé et disparu dans l’incendie". Avant d'être supprimée, cette information a été partagée plusieurs milliers de fois.
Pourtant, il suffit de regarder les nombreuses photos du monument prises depuis ce mardi matin pour constater que les rosaces en question sont toujours en place.
Le porte-parole de Notre-Dame confirme que "
les vitraux n'ont pas été touchés. Les trois belles rosaces de Notre-Dame, qui datent des XIIe et XIIIe siècles n’ont pas bougé", a pu constater André Finot sur place.
Ce sont des vitraux du XIXe siècle, beaucoup moins importants dans notre imaginaire, qui ont pu être touchés, mais pas les joyaux du XIIIe siècle. C’est un peu un miracle."> A lire aussi : Notre-Dame de Paris : "Il est plus rapide de reconstruire que de construire"Une information confirmée encore par monseigneur Patrick Chauvet, le recteur-archiprêtre de la cathédrale, qui ajoutait sur
France Inter qu'une de ces "
rosaces allaient peut-être devoir être démontée" afin d'éviter qu'elle ne tombe.
>>>> Les dons annoncés par de riches entrepreneurs ou des entreprises seront-ils défiscalisés ?
De nombreuses voix annoncent déjà des dons pour financer les travaux de recontruction. Des groupes comme Total, LVMH (et son propriétaire Bernard Arnault), L'Oréal (et la famille Bettencourt) ou la société d'investissement du milliardaire français François-Henri Pinault ont promis des montants de 100 millions d'euros ou plus.
Cette générosité bénéficiera d'un avantage fiscal grâce à une
loi votée en 2003 sous l'impulsion du ministre de la Culture de l'époque, Jean-Jacques Aillagon. Le mécénat culturel offre une réduction d'impôt à hauteur de 60% du montant du don pour les entreprises, dans la limite de 0,5% du chiffre d'affaires hors taxes. Mieux, si le versement dépasse cette limite, l'entreprise peut étaler sa réduction d'impôt sur les cinq années suivantes.
Les donateurs pour Notre-Dame pourraient même bénéficier d'une réduction fiscale encore plus importante. Si la cathédrale était amenée à être classée "Trésor national", ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, la déduction atteindrait 90% du don. Cette disposition permet au bénéficiaire de ne verser, au final, que 10% du montant total de son don. C'est donc l'Etat qui prend le reste à sa charge.
>>> A lire aussi : Notre-Dame de Paris : la Guinée a-t-elle vraiment fait un don de 2 millions d'euros ?Ce mardi 16 avril, le ministre de la Culture avait justement assuré que le gouvernement allait étudier un dispositif spécifique à mettre en oeuvre. Finalement, mercredi 17, le premier ministre Edouard Philippe a annoncé que la la loi ne serait par modifiée et que le taux de réduction fiscale restera à 60% pour les entreprises (en revanche, il sera réhaussé à 75% pour les particuliers pour les dons inférieurs à 1000 euros, au lieu d'un taux normal de 66%).
En 2017, entreprises et particuliers français avaient versé près de 4 milliards d'euros de mécénats culturels, selon le ministère de la Culture.