Fil d'Ariane
Le mot-dièse #DesculpaBrigitte ("Pardon Brigitte") fleurit sur Twitter. Des Brésiliens présentent leurs excuses à Brigitte Macron, moquée par leur président Jair Bolsonaro. Emmanuel Macron a qualifié ces propos, supprimés depuis de Facebook, d'"extraordinairement irrespectueux" ce lundi 26 août à Biarritz. Le président brésilien exige toujours que son homologue français "retire ses insultes", avant de discuter de l'aide de 18 millions d'euros du G7. Derniers épisodes en date des tensions entre Paris et Brasilia autour des feux de forêt en Amazonie.
Je suis désolé pour le commentaire horrible du président de mon pays qui, en plus de ne pas me représenter, me fait honte tous les jours #PardonBrigitte #DesculpaBrigitte
— Cássia (@cassisoliveiraa) August 26, 2019
M. Bolsonaro a tenu "des propos extraordinairement irrespectueux à l'égard de mon épouse", a lancé Emmanuel Macron en marge du sommet du G7 à Biarritz.
Je pense que les Brésiliens, qui sont un grand peuple, ont un peu honte de voir ces comportements.
Emmanuel Macron, le 26 août à Biarritz
"Qu'est-ce que je peux vous dire ? C'est triste, c'est triste mais c'est triste d'abord pour lui et pour les Brésiliens", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il espérait "très rapidement" que les Brésiliens "auront un président qui se comporte à la hauteur". "Je pense que les Brésiliens qui sont un grand peuple ont un peu honte de voir ces comportements", a ajouté M. Macron.
Jair Bolsonaro a endossé dimanche 25 août sur Facebook un commentaire offensant pour Brigitte Macron, tandis que son ministre de l'Education, Abraham Weintraub, traitait le chef de l'Etat français de "crétin opportuniste".
A França é uma nação de extremos. Gerou homens como Descartes ou Pasteur, porém também os voluntários da Waffen SS Charlemagne. País de iluministas e de comunistas. O Macron não está a altura deste embate. É apenas um calhorda oportunista buscando apoio do lobby agrícola francês.
— Abraham Weintraub (@AbrahamWeint) August 25, 2019
M. Bolsonaro a réagi à un post dans lequel on se moquait du physique de la Première Dame française, qui apparaissait sur une photo désavantageuse, le comparant à celui de Michelle Bolsonaro, rayonnante le jour de l'investiture de son mari.
"Vous comprenez maintenant pourquoi Macron persécute Bolsonaro ?", lit-on à côté de photos des deux couples présidentiels. "C'est la jalousie (...) de Macron, je parie", écrit l'internaute, Rodrigo Andreaça.
"N'humilie pas le type - MDR (mort de rire)", a répondu en commentaire le président brésilien, parlant de son homologue français. Ces propos ont été retirés mardi 27 août, afin "d'éviter une mauvaise interprétation", a fait savoir le porte-parole de la présidence brésilienne Otávio do Rego Barros.
Ces attaques inédites marquent une très nette escalade dans les tensions entre Brasilia et Paris, avivées ces derniers jours par les pressions exercées par la France sur Jair Bolsonaro pour qu'il agisse contre les incendies en Amazonie.
Après avoir opposé, dans la nuit du lundi 26 au mardi 27 août, une fin de non-recevoir à l'aide d'urgence proposée par les pays du G7, Jair Bolsonaro se dit finalement "ouvert" à recevoir cette enveloppe, à la condition qu'Emmanuel Macron "se rétracte".
"D'abord il m'a traité de menteur et ensuite, d'après mes informations, il a dit que notre souveraineté sur l'Amazonie était une question ouverte", a dit Jair Bolsonaro avant de rencontrer les gouverneurs des neuf Etats d'Amazonie. Ces derniers ont soutenu mardi le président sur la question de la souveraineté, tout en réclamant une aide internationale pour l'Amazonie.
Lundi, le ministre brésilien de la Défense avait assuré que les incendies en Amazonie étaient "sous contrôle", après le déploiement de plus de 2 500 militaires, et les pluies dans certaines régions actuellement en proie en flammes.
Nous ne pouvons accepter qu'un président, Macron, [...] déguise ses intentions derrière l'idée d'une "alliance" de pays du G7 pour "sauver" l'Amazonie, comme si nous étions une colonie.
Tweet du président brésilien Jair Bolsonaro, le 26 août 2019
Les représentants des pays membres du G7, réunis à Biarritz, dans le sud-ouest de la France, avaient promis de débloquer d'urgence 20 millions de dollars pour envoyer des avions bombardiers d'eau supplémentaires. Jair Bolsonaro, après avoir rejeté toute aide du groupe, la conditionne désormais au "retrait des insultes" du chef de l'État français.
Le G7 est par ailleurs tombé d'accord pour une aide "d'au moins 30 millions" de dollars, destiné à la reforestation. Ce plan devrait être finalisé au cours de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 2019. Ce plan d'aide pourrait ne pas être du goût de Jair Bolsonaro et de son gouvernement, dont le refus de recevoir l'aide du G7 s'inscrit dans une rhétorique "anti-Macron".
Le président français "n'arrive même pas à éviter un incendie prévisible dans une église qui fait partie du patrimoine mondial de l'humanité, et il veut nous donner des leçons pour notre pays ?", a lancé le chef de cabinet du président brésilien, Onyx Lorenzoni, dans une allusion à l'incendie qui a touché la cathédrale Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019.
Le dirigeant d'extrême droite avait, lui aussi, amorcé le rejet de l'aide en tweetant: "Nous ne pouvons accepter qu'un président, Macron, lance des attaques déplacées et gratuites contre l'Amazonie, ni qu'il déguise ses intentions derrière l'idée d'une "alliance" de pays du G7 pour "sauver" l'Amazonie, comme si nous étions une colonie".
Cette question est particulièrement sensible au Brésil, où s'étendent près de 60% de la plus vaste forêt tropicale du monde.
Tandis que les Brésiliens demandent pardon à Brigitte Macron, l'auteur de l'Alchimiste, Paulo Coelho, présente, lui, "ses excuses à [ses] amis français". Dans une vidéo postée sur Twitter ce mardi 27 août, l'écrivain dénonce, en français, "l'hystérisme de Bolsonaro par rapport à la France". "Ils n'ont aucun argument [et ne font] qu'insulter, nier, dire n'importe quoi pour éviter de prendre leur responsabilité", lance-t-il en faisant référence aux dirigeants brésiliens.
Au peuple français pic.twitter.com/MWGG1koMbx
— Paulo Coelho (@paulocoelho) August 26, 2019
"C'est un moment de ténèbres en ce moment au Brésil. |...] Pardonnez-moi, pardonnez-moi mille fois."
À la veille du G7, Emmanuel Macron avait accusé son homologue brésilien de lui avoir "menti" sur ses engagements en matière d'écologie et a annoncé que la France s'opposait désormais à l'accord controversé de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, un groupe de pays sud-américains, dont le Brésil.
Quelques semaines plus tôt, autre signe de la dégradation des relations entre les deux pays depuis l'arrivée du populiste et climato-sceptique Jair Bolsonaro au pouvoir : le président brésilien avait annulé au dernier moment un rendez-vous avec le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, arguant qu'il avait rendez-vous chez le coiffeur.