Les manifestations d’indignation et de colère survenues suite aux affaires de corruption, mais aussi - et surtout - de
viols collectifs ont largement été relayées par les médias indiens, convertis en caisse de résonance du mécontentement d’une partie de la population. Et pourtant "cette mobilisation n’a guère eu d’impact sur la campagne. La question des femmes a, à peine, été traitée," témoigne Vaiju Naravane. "Il est vrai que nous avons beaucoup plus de chaînes d’information en continue qu’avant et que, de fait, l’information est relayée et re-relayée 24h sur 24h. Ces messages, sans cesse martelés, ont un effet amplificateur. Mais pour autant, je ne crois pas que leur impact soit plus fort", poursuit la journaliste. Si une émission comme
Times Now n’a pas vraiment eu d’influence sur le déroulement de la campagne électorale et sur les comportements électoraux, c'est avant tout parce qu'elle est en anglais. "Dans les faits, combien de spectateurs regardent réellement les émissions en anglais ? Ils sont peu. C'est essentiellement la classe moyenne et la classe moyenne supérieure," souligne Vaiju Naravane. Il est vrai que les journaux en langues régionales ont de bien plus gros tirages que ceux qui publient en anglais comme
The Times of India ou The hindu. A vrai dire, les Indiens, indépendamment de l'effervescence médiatique, s’intéressent de près à la politique. Les électeurs, même analphabètes, connaissent bien leurs réalités politiques et se prêtent au jeu démocratique avec joie, "car c’est la seule manière, surtout pour les pauvres, de prendre leur revanche sur une société qui les laisse pour compte pendant les cinq années du mandat," conclut la journaliste.