Fil d'Ariane
Le Royaume-uni a divisé le sous-continent indien pour faire de l'Inde et du Pakistan deux Etats indépendants, les 14 et 15 août 1947. 75 ans après la Partition des Indes, période brutale, sanglante, meurtrière, des descendants appellent à l’union.
Durant la Partition des Indes, près de quinze millions de personnes ont été jetées sur les routes. Les Indiens de confession musulmane ont été poussés vers le nouveau territoire pakistanais. Les hindous et les sikhs sont dirigés dans la direction opposée. Environ un million de personnes ont été massacrées.
Cette année les deux États célèbrent les 75 ans de leur indépendance, les relations sont toujours conflictuelles. Depuis la Partition, les deux pays se sont livré trois guerres, notamment au Cachemire, région revendiquée par ces deux puissances nucléaires.
Dans la nuit du 14 au 15 août 1947, le vice-roi des Indes Lord Louis Mountbatten scelle la fin de deux siècles de domination britannique. L'ex-colonie est divisée en deux États : l'Inde (à majorité hindoue) et le Pakistan (à majorité musulmane), ce dernier est alors formé de deux territoires distincts. Le Bengale oriental est ainsi séparé géographiquement du Pakistan occidental par le nord de l'Inde, soit quelque 1.600 km.
Mal préparée, la Partition jette sur les routes près de quinze millions de personnes : musulmans vers le nouveau territoire pakistanais, hindous et sikhs prenant la direction inverse. Environ un million de personnes seront massacrées.
Sika Khan n'avait que six mois et Sadiq Khan, dix ans, quand la Grande-Bretagne a divisé le sous-continent indien pour faire de l'Inde et du Pakistan, deux Etats indépendants.
Leur famille de confession sikh vivait dans l'État du Pendjab, dans l'ouest de l'Inde. Peu après l'annonce de la partition, leur père et leur soeur ont été tués dans des massacres inter-communautaires et le jeune Sadiq s'est enfui au Pakistan. "Ma mère s'est jetée dans la rivière. Elle avait peur. Ses parents avaient fui leur village parce qu'ils craignaient d'être tués", raconte à l'AFP Sika Khan, d'une voix tremblante, "elle s'est suicidée".
Dès l'automne 1947, une guerre éclate entre les deux voisins à propos du Cachemire, région himalayenne à majorité musulmane rattachée à l'Inde. En 1948, l'ONU réclame l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Une demande réitérée en vain par la suite, New Delhi s'y oppose.
Le conflit prend fin le 1er janvier 1949, sous l'égide de l'ONU. Le territoire est divisé en deux parties: 37% pour le Pakistan, l'Azad-Kashmir, et 63% à l'Inde, l'État du Jammu-et-Cachemire, sans mettre fin aux revendications territoriales de chacun.Une ligne de Contrôle (LoC) hautement militarisée sépare le territoire.
En août-septembre 1965, le conflit est ravivé avec l'intrusion dans la partie indienne d'un millier de partisans du Cachemire libre, soutenus par le Pakistan. Cette deuxième guerre s'achève par une médiation soviétique.
La communauté bengali du Pakistan oriental, mécontente que le pouvoir soit concentré au Pakistan occidental, engage une lutte armée pour l'indépendance en mars 1971.
L'intervention de troupes indiennes aux côtés des forces indépendantistes entraîne la capitulation des soldats pakistanais le 16 décembre 1971. Le Bangladesh naît au prix de trois millions de morts, selon les autorités du pays. Plus de dix millions de civils ont trouvé refuge en Inde.
Fin 1989, des séparatistes musulmans entament une guerre d'usure contre l'armée indienne au Cachemire indien, réclamant l'indépendance ou le rattachement au Pakistan. Des milliers de combattants et de civils sont tués au cours des années suivantes. Et des dizaines de milliers d'hindous du Cachemire fuient vers d'autres régions de l'Inde.
En 1999, New Delhi accuse Islamabad d'avoir infiltré, dans la région du Cachemire sous son contrôle, des combattants islamistes et des soldats pakistanais dans le but de s'emparer du glacier du Siachen. De mai à juillet, une offensive indienne se solde par plus de mille morts de part et d'autre.
Le 1er octobre 2001, un attentat devant l'Assemblée régionale du Cachemire indien à Srinagar fait 38 morts. L'Inde accuse le Pakistan. Plusieurs attaques meurtrières se succèdent, exacerbant les tensions. Au bord d'un quatrième conflit au printemps 2002, les deux rivaux renouent en avril 2003 des relations diplomatiques. Un cessez-le-feu est conclu, sans toutefois mettre un terme à la guérilla.
Mais les relations s'enveniment à nouveau après un été 2016 sanglant et une attaque contre une base militaire indienne au Cachemire. New Delhi riposte par des raids contre des positions séparatistes côté pakistanais. En 2019, l'Inde promet des représailles après la mort de 41 paramilitaires dans une attaque suicide au Cachemire imputée à un groupe basé au Pakistan. Des échanges de frappes aériennes les mènent au bord de la guerre.
Le gouvernement nationaliste hindou révoque début août la semi-autonomie constitutionnelle de la région où des milliers d'opposants politiques sont arrêtés. Un black-out total des communications est imposé pendant plusieurs mois et des troupes viennent renforcer le demi-million de forces de sécurité qui y stationnent déjà. L'insurrection séparatiste a fait depuis 1990 des dizaines de milliers de morts, en majorité des civils.