Il a été dit plus haut que la nature des outils permettant de faire fonctionner Indect restait obscure. Or c'est pourtant grâce ces "outils" que le projet se veut innovant : mettre fin à la surveillance tout azimut, et se concentrer sur de la surveillance ciblée. En d'autres termes, "contrairement à l'approche traditionnelle, le projet se concentre sur de potentielles situations menaçantes, et donne accès à la vidéo [ou aux autres contenus récoltés] seulement quand l'attention de l'opérateur [l'usager du système] est nécessaire, souligne le site d'Indect. [...] Les systèmes fonctionneront avec moins d'intervention humaine, ce qui diminuera le degré de subjectivité des opérations et le nombre d'erreurs humaines." Et à la GIODO polonaise d'en conclure : "Le principal problème éthique dont la communauté scientifique doit se préoccuper dans un cas comme Indect, c'est son utilisation pratique finale. Les documents en notre possession concernant Indect ne montre pas qu'une telle réflexion ait été conduite [...]".
Conflits d'intérêts chez les chercheurs
La liste détaillée des participants au projet est accessible
ici. Mais, dès son épluchage, les conflits d’intérêts sont évidents. Il n’est pas difficile d’imaginer que certaines entreprises membres du consortium de recherche, comme
InnoTec DATA GmbH & Co.KG,
Moviquity ,
Products and Systems of Information Technology (PSI), et
X-Art Pro Division GmbH, participent au projet en vue de fabriquer un système à leur convenance, moyennant selon la Commission Européenne achat d'Indect.
Par exemple, l’entreprise Moviquity peut très facilement concevoir Indect, le racheter et le revendre à des pouvoirs publics, comme en témoigne le cas du partenariat entre
Microsoft et la ville de New York . Par ailleurs, les forces de police impliquées dans le projet peuvent elles aussi façonner un système qui corresponde à leurs attentes.
L’école d’ingénieur de Grenoble Ensimag, également membre des chercheurs et contactée par TV5Monde, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Et sous le feu des critiques, « le ministre de l’Intérieur polonais a décidé de suspendre la participation au projet (Indect, ndlr) de la police polonaise, bien que ce ne soit pas une décision finale », indique la GIODO. La
Commission Européenne réfute et confirme la présence des officiers polonais dans l’équipe dirigeante du projet.