Indépendance de la Catalogne : la tension monte avant un référendum jugé illégal

Le gouvernement régional de la Catalogne espagnole veut organiser un référendum sur l'indépendance de la région le 1er octobre. L'exécutif fait monter la pression contre ceux qui pourraient s'opposer à l'organisation de la consultation, jugée illégale. Ce lundi 17 juillet, le chef de la police régionale a démissionné.
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Barcelone, le 11 juin 2017
©AP/Emilio Morenatti
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Certains y voient un signe du durcissement de la position du président de la Catalogne, farouche partisan de l'indépendance vis-à-vis du reste de l'Espagne. Vendredi dernier, il a poussé au départ trois de ses "ministres", membres de l'exécutif régional catalan. "Ils ont pris la décision de se mettre à l’écart", a simplement indiqué le président régional Carles Puigdemont, sans autre précision.

En réalité, ces départs refléteraient la volonté de Carles Puigdemont d'écarter ceux qui doutent de la faisabilité du référendum d'auto-détermination prévu le dimanche 1er octobre. La presse nationale parle de "radicalisation" de Carles Puigdemont : il chercherait à s'entourer de fidèles qui n'hésiteront pas à désobéir pour mettre sur pied un tel scrutin déclaré illégal par la Cour constitutionnelle.
 

Démission du chef de la police


Le gouvernement espagnol est fermement opposé au référendum et à l'idée même d'indépendance de la Catalogne, région la plus riche d'Espagne, dont la capitale est Barcelone. Madrid répète depuis plusieurs semaines que des poursuites sont possibles contre les fonctionnaires d'Etat qui participeraient à l'organisation du scrutin.

Des fonctionnaires pris en étau. Ils sont, d'un côté, chargés d'appliquer la loi espagnole, de l'autre, ils pourraient être confrontés à des consignes de la Generalitat (le gouvernement régional catalan) en contradiction avec la législation.
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Carles Puigdemont, président de la région autonome de Catalogne, en Espagne.
©AP/Manu Fernandez


Ce lundi 17 juillet, le chef des Mossos d'Esquadra, la police régionale catalane, a démissionné de ses fonctions. Albert Batlle défendait régulièrement la neutralité politique des Mossos d'Esquadra et leur obligation de respecter les décisions judiciaires, un avis partagé par la majorité des syndicats policiers. Cela impliquait qu'en cas de réquisition judiciaire, les Mossos auraient pu être amenés à désobeir aux ordres de l'exécutif régional, par exemple pour faire respecter la fermeture de centres de vote dans les écoles en cas d'organisation d'un référendum illégal.

Madrid, de son côté, multiplie les menaces et assure qu'il se chargera d'empêcher la mise en oeuvre du scrutin du 1er octobre, sans révéler quelle sera sa tactique. Déjà, le gouvernement espagnol a émis l'interdiction aux directeurs et directrices d'écoles d'accueillir des bureaux de vote dans des locaux publics.

Y-aura-t-il des urnes pour voter ?

Autre obstacle : la mise à disposition d'urnes électorales. La Generalitat a lancé au mois de mai un appel d'offre pour acheter 8 000 urnes mais il s'est révélé infructueux. Aucune entreprise n'a accepté de fournir le matériel nécessaire. Le responsable de l'appel d'offre et son adjoint font par ailleurs l'objet de poursuites judiciaires pour "désobéissance et détournement de fonds publics".

En outre, les autorités régionales ne disposent pas d'un fichier électoral fiable. Des fonctionnaires catalans ont été interrogés récemment parce qu'ils préparaient un recensement des électeurs installés à l'étranger.

En 2014, Barcelone avait tenté d'organiser un référendum sur son indépendance vis-à-vis de l'Espagne. Face à l'interdiction de la justice, le vote avait été transformé au dernier moment en "consultation populaire" informelle. Cela n'a pas empêché que le président régional de l'époque, Artur Mas, a été condamné en mars 2017 à deux ans d'inégibilité et 36 500 euros d'amende pour l'organisation de ce scrutin.
 

Déclaration d'indépendance dans les 48 heures


Le résultat avait donné 80% de "oui" en faveur de l'indépendance mais la consultation n'avait mobilisé que 2,3 millions d'électeurs sur les 6 millions que compte la Catalogne.

L'année suivante, les indépendantistes sont devenus majoritaires au parlement régional. Aujourd'hui, ils promettent une déclaration d'indépendance dans les 48 heures suivant le vote du 1er octobre 2017. A condition que le "oui" l'emporte et, surtout, que, cette fois, le référendum ait effectivement lieu. Le bras de fer avec Madrid est loin d'être terminé.