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Inondations au Royaume-Uni: origine, coûts et conséquences

Les Britanniques s'attendent à de nouvelles inondations mercredi liées à l'arrivée de la tempête "Frank" et s'interrogent sur l'efficacité de leurs défenses contre les phénomènes météorologiques extrêmes, des voix accusant le gouvernement de David Cameron de négligence.

Début décembre, la tempête "Desmond" s'abat sur le Royaume-Uni et déverse des trombes d'eau, en particulier sur le nord-ouest de l'Angleterre, qui submergent les rues et provoquent 60.000 coupures d'électricité.

Deux records nationaux de précipitations sont enregistrés: à Honister Pass (341,4 mm en 24 heures) et Thirlmere (405 mm en 48 heures), selon la météorologie nationale.

Rebelote trois semaines plus tard. En pleine vacances de Noël, les éléments se déchaînent sur le nord de l'Angleterre. La cité historique de York se réveille les pieds dans l'eau et les inondations touchent également les villes de Leeds et de Manchester.

Si la région a profité ces derniers jours d'une météo plus clémente, le secrétaire d'Etat à l'Environnement Rory Stewart, s'est dit "gravement préoccupé" par l'arrivée imminente de la tempête "Frank", qui devrait solliciter à nouveau des secours déjà très éprouvés par les récentes intempéries.

Pourquoi tant de pluies?

Certes, le Royaume-Uni n'est guère réputé pour la sécheresse de son climat, en particulier en hiver, et l'histoire du pays regorge d'épisodes pluvieux extrêmes (inondations de 2013-14), et parfois dramatiques (300 morts en 1953).

Mais la fréquence des récentes inondations interpelle les spécialistes de l'environnement.

"Le changement climatique a joué un rôle important", assure ainsi John Gummer, président de la Commission britannique indépendante sur le changement climatique. "Ce genre de choses est prévisible, mais le changement climatique les rend plus fréquentes et plus graves".

Coûts et conséquences?

Les inondations de ces derniers jours ont inondé plus de 6.700 bâtiments, provoqué l'évacuation de milliers de personnes et contraint le gouvernement à appeler l'armée en renfort, avec 500 soldats mobilisés et 1.000 en réserve.

En incluant les intempéries survenues début décembre, la facture des caprices de mère Nature pourrait dépasser les 6,7 milliards d'euros (coûts directs et induits), selon une première estimation établie par le cabinet d'audit KPMG.

Les défenses anti-inondations ont-elles failli?

Quelque 2,5 milliards d'euros ont été dépensés par le gouvernement britannique ces dernières années pour financer ces défenses censées protéger villes et villages contre les inondations.

Force est de constater que les dispositifs en place n'ont pas complètement rempli leur mission, comme l'a reconnu David Cameron. "Dans certains cas, ils ont été dépassés", a-t-il dit.

Comme un symbole, la barrière anti-inondations de York, stratégique dans la lutte contre les flots, a été submergée, contraignant les autorités à ouvrir, temporairement, les vannes, et provoquant ainsi de nouvelles inondations.

Une tempête aussi politique

"On aurait pu penser que Cameron aurait tiré les leçons des inondations de 2013-14. Apparemment non", a lancé un responsable du syndicat GMB, Justin Bowden, résumant la pluie de critiques qui s'est déversée sur le gouvernement, accusé pêle-mêle de négligence et de vouloir tailler dans les effectifs des personnels chargés de la lutte contre les inondations.

Pour la leader des Verts britanniques, Natalie Bennett, la réaction de David Cameron a été "complètement inadéquate".

A cela s'ajoute l'image désastreuse offerte par le patron de l'Agence pour l'environnement, Philip Dilley, accusé par le Daily Mail de "faire bronzette" aux Caraïbes "pendant que la Grande-Bretagne subissait ses pires inondations depuis des décennies".

David Cameron s'est défendu en se rendant sur le terrain, à York, dûment chaussé de bottes de pluie, promettant de réexaminer le dispositif "pour voir s'il faut faire davantage".

Les solutions pour demain?

David Rooke, un responsable de l'Agence pour l'environnement, a appelé à "repenser complètement" les défenses anti-inondations, alors que près d'un logement sur cinq est menacé par l'eau en Grande-Bretagne, selon l'Association des experts immobiliers.

Parmi les pistes proposées figurent l'amélioration des systèmes d'alerte, des matériaux de construction waterproof ou encore moins de déforestation.

"Les rez-de-chaussée des habitations pourraient (aussi) être conçus pour résister aux flots", estime Richard Coutts, un architecte interrogé par l'AFP, citant également les maisons flottantes, voire amphibies, dont son cabinet, Baca, est un spécialiste.