Inondations historiques au Québec : et après ?

La décrue est amorcée dans la plupart des régions inondées du Québec mais le niveau du fleuve St-Laurent reste très inquiétant dans le centre de la province, plaçant les municipalités riveraines sur un pied d’alerte. Et pour les milliers de sinistrés, une question se profile à l’horizon : et après ?
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Les militaires consolident les digues dans le quartier de Pierrefonds à Montréal.
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La Mauricie en état d’alerte

La Mauricie est une belle région entre Montréal et Québec bordée par le majestueux St-Laurent et elle est état d’alerte parce que le fleuve est à un niveau très haut, gonflé par les pluies des dernières semaines et par le phénomène des grandes marées dans son embouchure avec l’Atlantique. Les affluents du St-Laurent sont également en crue et beaucoup sont déjà sortis de leurs lits. Quelque 500 soldats canadiens sont donc déployés dans la région pour construire des digues de sacs de sable et tenter de protéger les habitations, surtout que de fortes précipitations sont annoncées pour la fin de semaine.

Des sinistrés à bout de force et inquiets pour l’avenir

Par contre, les autorités respirent un peu mieux dans le sud-ouest du Québec, où la décrue est amorcée depuis plusieurs jours. Mais l’eau, si elle se retire, laisse derrière elle un paysage de désolation : des milliers de résidences inondées et ravagées, des champs agricoles noyés. Pour les sinistrés, épuisés par ces journées de lutte contre un ennemi quasi invincible, c’est l’heure d’évaluer les dégâts et de s’inquiéter pour la réparation voire la reconstruction de leurs résidences. Car pour la majorité d’entre eux, les compagnies d’assurances ne couvrent pas ce genre de catastrophes que l’on qualifie de « act of god » dans le jargon, « œuvre de Dieu ». Les assurances vont rembourser les frais de subsistance des sinistrés, leurs frais d’hébergement, les repas, mais pas les travaux qu’il faudra faire pour restaurer les sous-sols et les maisons inondés. En plus du traumatisme vécu par la perte de leurs biens mobiliers, ces sinistrés doivent aussi vivre avec une angoisse de nature financière.

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Cartierville sous les eaux à Montréal.

De l’aide des gouvernements

Le gouvernement du Québec a donc mis en place un premier programme d’aide immédiate en menant des campagnes d’informations dans les municipalités affectées. Déjà plus de 720 réclamations ont été présentées, quelque 800 000$ ont déjà été versés et le gouvernement s’attend à payer environ 400 000$ par jour en dédommagement divers aux sinistrés qui se prévaudront de ce programme (frais d’hébergement, achats de matériaux comme du sable ou des pompes).

« Les besoins sont grands, a déclaré François Coiteux, le ministre québécois de la sécurité publique, beaucoup de nos concitoyens sont éprouvés par la situation actuelle et on veut leur donner tout le soutien nécessaire ».

Trudeau et Couillard en hélico

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Justin Trudeau et Philippe Couillard se sont rendus dans les zones sinistrées.

Un message relayé par le premier ministre du Québec Philippe Couillard, qui promet que son gouvernement ne laissera pas tomber les victimes de ces inondations historiques.

En compagnie du premier ministre Trudeau, il a survolé en hélico ce jeudi matin la région de l’Outaouais (entre Ottawa et Montréal) pour constater les dégâts. Le premier ministre canadien promet de son côté de bonifier le programme d’aide aux victimes de ce genre de catastrophe naturelle en collaboration avec la province du Québec.

« Pour nous ce qui prime c’est la sécurité des personnes et la sécurité des infrastructures, ce qui comprend, dans la phase de nettoyage, de libérer les points d’eau, libérer les installations sanitaires et routières » a ajouté Philipe Couillard.

Au-delà de l’aide financière aux sinistrés se posent déjà les questions de l’avenir, alors que les changements climatiques ont clairement un impact sur la multiplication de ce genre de catastrophes.
« Il va falloir qu’on repense à comment on bâtit nos villes, nos infrastructures, a déclaré à ce sujet Justin Trudeau, il va falloir reconstruire mais reconstruire mieux pour que l’on ne soit pas en train de faire face à la même situation dans 5, 10 ou 20 ans ».

Une rencontre entre le gouvernement canadien et les ministres de la sécurité publique des provinces est prévue prochainement pour discuter de ces programmes d’aide aux sinistrés dans l’optique de les bonifier.