Irak : les partisans de Moqtada Sadr occupent le Parlement "jusqu'à nouvel ordre"

Des milliers de partisans de l'influent leader politique chiite Moqtada Sadr ont envahi une nouvelle fois ce 30 juillet le Parlement irakien. Ils l'occupent jusqu'à nouvel ordre.
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Le Parlement irakien envahi
Des milliers de partisans du leader chiiter Moqtada Sadr ont envahi le Parlement irakien pour la deuxième fois ce 30 juillet 2022.
© AP Photo/Anmar Khalil
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Brandissant des drapeaux irakiens, des portraits de Moqtada Sadr et des enseignes religieuses, les manifestants se sont pressés dans le hall d'entrée du Parlement avant de pénétrer dans l'hémicycle.

(RE)voir : Irak : les manifestants pro-Sadr dans la zone verte à Bagdad
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L'impasse politique est totale en Irak, dans l'attente de la nomination d'un nouveau Président et d'un Premier ministre dix mois après les législatives d'octobre 2021. Moqtada Sadr a lancé une campagne de pression maximale contre ses adversaires, rejetant leur candidat au poste de chef du gouvernement.

Trois jours après avoir déjà brièvement occupé le Parlement, les manifestants ont annoncé "un sit-in (qui durera) jusqu'à nouvel ordre", selon un bref communiqué du Courant sadriste.

Allongés sur la moquette des couloirs, adossés aux piliers, certains manifestants tuaient le temps sur leur portable, d'autres s'éventaient à l'aide de cartons ou avaient enlevé leur chemise pour rester en maillot de corps, selon un journaliste de l'AFP.
Manifestants dans le parlement irakien
Manifestants dans le Parlement ce 30 juillet, déterminés à l'occuper jusqu'à "nouvel ordre".
© AP Photo/Anmar Khalil

"Gouvernement corrompu et incapable"

Les manifestants rejettent la candidature au poste de Premier ministre de Mohamed Chia al-Soudani, jugé proche de l'ancien chef du gouvernement Nouri al-Maliki, ennemi historique de Moqtada Sadr.

Dans les jardins du Parlement, Sattar al-Aliawi, 47 ans, dit manifester contre "un gouvernement corrompu et incapable" qui selon lui sera formé par les adversaires de Moqtada Sadr. "Nous ne voulons pas de Soudani", martèle ce fonctionnaire. "Le peuple refuse totalement les partis qui ont gouverné le pays pendant 18 ans. Nous tiendrons un sit-in sous le dôme du Parlement, nous allons dormir ici", insiste-t-il.

Ancien ministre et ex-gouverneur de province âgé de 52 ans, Mohamed Chia al-Soudani est le candidat du "Cadre de coordination", alliance de factions chiites pro-Iran regroupant la formation de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki et les représentants du Hachd al-Chaabi, ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières.

S'il a aujourd'hui décidé de maintenir la pression sur ses adversaires, Moqtada Sadr leur avait pourtant laissé la tâche de former un gouvernement, en faisant démissionner en juin ses 73 députés dans une de ces volte-face dont il a le secret. Les sadristes représentaient alors la première force au sein du Parlement de 329 députés.

Après les incursions au Parlement, le Cadre de coordination a appelé à son tour "les masses populaires (...) à manifester pacifiquement pour défendre l'État et sa légitimité".

"Escalade"

Au total, au moins 100 manifestants et 25 membres des forces de sécurité ont été blessés ce 30 juillet selon le ministère de la Santé, durant les manifestations émaillées de tirs de gaz lacrymogènes de la police et des jets de pierres des contestataires.

"L'escalade en cours est profondément préoccupante", a déploré sur Twitter la mission d'assistance de l'ONU en Irak, appelant tous les acteurs "à la désescalade".
 

Dans une allocution télévisée, le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, qui expédie les affaires courantes, a appelé les blocs politiques "à s'asseoir pour négocier et s'entendre".
 

Hadi al-Ameri, qui dirige une faction de l'influent Hachd al-Chaabi, les anciens paramilitaires proIran, a lui aussi appelé le courant sadriste et le Cadre de coordination à privilégier "la retenue (...) le dialogue et les ententes constructives pour dépasser les différends".

Dans la nuit du 29 au 30 juillet, les partisans de Sadr ont saccagé à Bagdad des bureaux du parti Daawa de Nouri al-Maliki, ainsi que des locaux du Courant Hikma, la formation du politicien chiite Ammar al-Hakim, qui fait partie du Cadre de Coordination, selon une source de sécurité.

"Le Courant Sadriste a un problème avec l'idée que c'est le Cadre de coordination qui va former un gouvernement. Si ce n'est pas Mohamed Chia al-Soudani, si un deuxième ou troisième candidat est désigné, nous pouvons nous attendre également à des objections", a récemment déploré dans un entretien à l'antenne arabe de la BBC Ammar al-Hakim.