Irak : pas de solution militaire pour les Américains
Lors de son allocution sur le rôle des Etats-Unis dans la crise irakienne jeudi 19 juin 2014, Barack Obama a martelé qu’il n’était pas question d’envoyer des soldats américains sur place. Les Etats-Unis apporteront tout de même leur soutien à Bagdad.
Le président américain a souligné la rupture avec la diplomatie de George W. Bush (Capture d'écran)
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La crise actuelle en Irak donne-t-elle des cheveux blancs au président américain ? Jeudi 19 juin, après plusieurs jours de délibérations, Barack Obama est apparu devant la presse (lien en anglais) jeudi soir la mine fatiguée et pesant ses mots. Loin du discours de son prédécesseur, Georges W. Bush, il y a une dizaine d’années, le président américain a prôné un dialogue entre les communautés religieuses et une solution diplomatique initiée par le gouvernement de Nouri al-Maliki. La plaie de la guerre en Irak n’est pas encore refermée aux États-Unis et Barack Obama l’a bien compris. La « guerre de Georges W. Bush » débutée en 2003 et ses 4500 morts ont traumatisé la population. Un récent sondage publié dans le Wall Street Journal a révélé que même 57% des Républicains étaient contre une intervention américaine en Irak.
Action diplomatique Évoquant les « profondes cicatrices laissées par la guerre en Irak », le chef d’État américain a appelé à une solution diplomatique. Sa priorité : « assurer la sécurité de l’ambassade américaine à Bagdad et du personnel diplomatique ». Pour résoudre la crise irakienne, le président entend « inciter les dirigeants irakiens ainsi que ceux de la région à un effort diplomatique ». Barack Obama a ainsi annoncé la venue du secrétaire d’État américain John Kerry dans la région dès ce week-end afin d’engager les discussions. Le président s’est montré soucieux de réconcilier les différentes communautés religieuses du pays appelant les « leaders à surmonter leurs différences et s’accorder sur un plan pour le futur de l’Irak ».
Conseil militaire « Il n’y a pas de solution militaire en Irak. » Le message est clair : aucune unité combattante ne sera envoyée en Irak. En revanche, Barack Obama a détaillé les effectifs qui doivent être envoyés pour une mission de conseil des forces armées irakiennes. « Nous avons des conseillers en Irak parmi le personnel de notre ambassade et nous nous préparons à envoyer un petit nombre de conseiller supplémentaires ». 300 seront envoyés en soutien à l’armée irakienne. Afin de mieux anticiper les actions et déplacements de l’EIIL, le chef d’Etat américain a également appelé de ses vœux un renforcement « des moyens de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ».
Union avec l’Iran ? Interrogé sur une possible collaboration avec l’Iran, Barack Obama a déclaré que ce pays pourrait jouer un « rôle constructif » à condition qu’il dépasse des considérations communautaires. « Si l’Iran intervient uniquement en tant que puissance chiite […] cela détériorerait la situation et les perspectives de formation d’un gouvernement », a-t-il prévenu. Le président a également rappelé le rôle prépondérant de Téhéran dans la guerre en Syrie et a mis en garde les autorités iraniennes sur les dangers d’une approche uniquement sectaire des enjeux de la région : « L’économie iranienne et les Iraniens eux-mêmes en pâtiraient à long terme. »