Fil d'Ariane
Une "explosion" nocturne sur une base militaire en Irak a fait un mort et huit blessés, ont annoncé samedi 20 avril, les autorités. Des responsables de sécurité ont, eux, évoqué un "bombardement" contre les anciens paramilitaires pro-Iran du Hachd al-Chaabi, dans un contexte régional déjà explosif.
Le feu illumine le ciel après les explosions qui ont frappé la base militaire de Calso, dans la province de Babylone, au sud de Bagdad, où sont stationnées les forces de mobilisation populaire irakiennes, ou Hachd al-Chaabi, dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 avril.
Avec des récits divergents plusieurs heures après le drame, le flou règne encore sur les circonstances exactes des faits survenus à la base de Calso (centre), abritant des effectifs de l'armée, de la police, et des combattants du Hachd al-Chaabi, désormais intégrés aux forces régulières irakiennes et alliés de Téhéran.
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Un responsable militaire et un responsable du ministère de l'Intérieur n'étaient pas en mesure d'identifier les responsables d'un bombardement présumé, qui aurait visé la base située dans la province de Babylone.
Samedi après minuit, "une explosion et un incendie se sont produits dans la base", faisant un mort et huit blessés parmi les effectifs qui y sont stationnés, selon une cellule média des forces de sécurité irakiennes.
Evoquant des "données préliminaires", "un rapport du commandement de la défense aérienne" et l'inspection des radars, le communiqué officiel assure qu'"il n'y avait pas de drone ou d'avion de combat dans l'espace aérien (...) avant ou pendant l'explosion."
Dédouanant Washington, le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a lui rapidement annoncé sur X que les Etats-Unis "n'ont pas mené de frappes aériennes en Irak."
L'armée israélienne a dit "ne pas commenter les informations parues dans les médias étrangers."
Mais les faits en Irak interviennent à un moment où les efforts diplomatiques se poursuivent pour éviter un embrasement du Moyen-Orient, sur fond de guerre à Gaza et de tensions ravivées entre Israël et l'Iran.
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Vendredi avant l'aube, des frappes de drones avaient ainsi visé les environs d'une base militaire dans la région d'Ispahan dans le centre de l'Iran. L'attaque a été imputée à Israël qui, toutefois, ne l'a pas revendiquée.
En Irak, un responsable au ministère de l'Intérieur avait initialement fait état d'un bilan "d'un mort et de huit blessés" dans un "bombardement aérien" visant Calso.
S'exprimant sous le couvert de l'anonymat, il assurait que la frappe avait ciblé la Direction des véhicules blindés du Hachd al-Chaabi. "L'explosion a touché le matériel, l'armement, les véhicules", a-t-il précisé.
Un autre responsable militaire s'exprimant également sous couvert de l'anonymat, a lui aussi fait état "d'explosions dans les entrepôts abritant les équipements, en raison du bombardement".
Le Hachd al-Chaabi fait partie intégrante de l'appareil sécuritaire officiel irakien placé sous l'autorité du Premier ministre.
Mais cette institution rassemble plusieurs factions armées pro-Iran qui ont par ailleurs mené, pour certaines, des dizaines d'attaques en Irak et en Syrie contre les soldats américains déployés dans le cadre d'une coalition internationale antijihadistes.
"Nous riposterons à quiconque se trouve derrière cette agression", a mis en garde Abou Alaa al-Walaï, secrétaire-général des Brigades Sayyed al-Chouhada, une des factions qui fait partie du Hachd.
"Ceux qui sont impliqués dans ce crime odieux en paieront le prix", a-t-il promis dans un communiqué publié sur son compte X.
Officiellement toutefois, le Hachd al-Chaabi a laconiquement confirmé dans un premier communiqué des "blessés", sans en préciser le nombre, et des "pertes matérielles" dans une "explosion".
L'organisation a précisé qu'une "enquête préliminaire" avait été ouverte et des enquêteurs dépêchés sur le site. Un deuxième communiqué samedi matin évoque une rencontre entre le chef d'état-major du Hachd et les commissions d'enquête "sur le site qui a été attaqué".
Ces événements interviennent dans un contexte régional explosif.
Avant les frappes de vendredi en Iran dans les environs d'Ispahan, Téhéran avait mené le 13 avril une attaque inédite aux drones et aux missiles contre Israël. Il s'agissait d'une riposte à une précédente attaque qui avait détruit le consulat iranien à Damas et coûté la vie à sept militaires, dont deux hauts gradés.
La diplomatie irakienne a exprimé vendredi soir sa "forte inquiétude" concernant l'attaque à Ispahan et "mis en garde contre les risques de l'escalade militaire qui menace la sécurité et la stabilité dans la région".
"Cette escalade ne doit pas détourner l'attention de ce qui se passe dans la bande de Gaza, les destructions et les pertes de vies innocentes", a-t-elle fait valoir.
Le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, est rentré samedi à Bagdad à l'issue d'une longue tournée aux Etats-Unis, où il a rencontré en début de semaine le président Joe Biden.