Au moins 29 personnes ont été tuées samedi à Ahvaz, dans le sud-ouest de l'Iran, et 57 autres ont été blessées, dans une attaque menée par un commando armé contre une parade militaire. L'attentat est revendiqué par le groupe Etat islamique.
L'attaque a eu lieu vers 09h00 (05h30 TU) selon l'agence semi-officielle Isna à Ahvaz, la capitale de la province du Khouzestan, peuplée majoritairement d'Arabes. Le nombre exact de victimes n'était pas immédiatement clair. "On dénombre désormais 11 martyrs, et ce chiffre pourrait augmenter", écrit Isna en citant Ali-Hossein Hosseinzadeh, vice-gouverneur de la province du Khouzestan, dont Ahvaz est la capitale. "L'un des martyrs est un journaliste", a ajouté le responsable.
Cet attentat, qui n'a pas été revendiqué dans l'immédiat, a eu lieu alors que le pays célèbre la Journée nationale des forces armées iraniennes qui commémore chaque 22 septembre le déclenchement, par Bagdad, de la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la résistance de la "défense sacrée" iranienne lors de cette "guerre imposée", selon la phraséologie officielle.
Imputé à un groupe séparatiste
"Les terroristes étaient quatre. Deux ont été tués, et les deux autres arrêtés", selon M. Hosseinzadeh, qui n'a pas précisé si les militaires tués étaient membres de l'armée ou des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique. Plusieurs médias iraniens indiquent que les assaillants étaient vêtus de treillis militaires.
Selon Isna, l'attentat a été imputé a un groupe séparatiste arabe. "Ceux qui ont ouvert le feu sur les gens et les forces armées sont liés au mouvement al-Ahvazieh", a déclaré Ramezan Sharif, porte-parole des Gardiens de la Révolution cité par Isna. "Ils sont nourris par l'Arabie saoudite, et ils ont essayé de faire de l'ombre à la puissance des forces armées" iraniennes, a-t-il ajouté.
Même analyse pour le ministre des Affaires étrangères iranien : "Des terroristes recrutés, entraînés et payés par un régime étranger ont attaqué Ahvaz [...] L'Iran considère que les parrains régionaux du terrorisme et leurs maîtres américains sont responsables de telles attaques", écrit Mohammad Javad Zarif sur son compte Twitter. "L'Iran réagira rapidement et fermement pour défendre des vies iraniennes", ajoute le ministre.
Le Khouzestan a été une des régions iraniennes les plus touchées par les combats pendant la guerre Iran-Irak. Saddam Hussein escomptait que ses soldats y seraient accueillis en libérateurs par la population arabe, mais celle-ci se montra dans l'ensemble fidèle à l'Iran.
Valeur de nos missiles
L'Iran a été le théâtre ces dernières années de plusieurs attaques, visant notamment les Gardiens de la Révolution. Le 20 juillet 2018, au moins 10 membres des Gardiens de la révolution ont été tués dans une attaque menée par des insurgés contre l'une de leurs bases dans le village de Dari, situé dans le district de Marivan, dans le nord-ouest du Kurdistan iranien. Le 7 juin 2017, des hommes armés et des kamikazes avaient attaqué le Parlement et le mausolée de l'imam Khomeiny à Téhéran, faisant 17 morts et des dizaines de blessés, les premières attaques revendiquées par le groupe Etat islamique (EI) en Iran. Les Gardiens de la Révolution avaient alors dénoncé l'"implication" de l'Arabie saoudite et des Etats-Unis dans les attentats.
L'Iran est régulièrement accusé par l'Arabie saoudite et son allié américain de vouloir destabiliser la région. Et Washington menace régulièrement de s'en prendre à Téhéran. Dans un discours à Téhéran, le président iranien Hassan Rohani a déclaré samedi, peu avant l'attentat, que son pays augmenterait "jour après jour" ses "capacités défensives", faisant référence aux missiles que développe son pays et qui inquiètent les Occidentaux. "Nous ne réduirons jamais nos capacités défensives [...] nous les augmenterons jour après jour", a déclaré M. Rohani en présidant un défilé militaire à Téhéran. "Le fait que vous soyez en colère contre nos missiles montre que ce sont nos armes les plus efficaces", a-t-il ajouté, "grâce à ce que vous avez dit, nous connaissons désormais la valeur de nos missiles".