Iran : la mort de Mahsa Amini embrase les réseaux sociaux 



Le décès de Mahsa Amini, jeune femme kurde arrêtée par la police des moeurs chargée d'appliquer les règles vestimentaires pour les femmes, émeut le monde entier. Sur les réseaux sociaux, des milliers de réactions et de vidéos de protestations ont été partagées. Tour d’horizon.

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En réaction à la mort de Mahsa Amini, des centaines de vidéos sur Tiktok ont fleuri de jeunes femmes se coupant les cheveux en signe de protestation.
En réaction à la mort de Mahsa Amini, des centaines de vidéos sur Tiktok ont fleuri de jeunes femmes se coupant les cheveux en signe de protestation.
TikTok
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Elle avait 22 ans. Après avoir été arrêtée pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs iranienne, Mahsa Amini, jeune femme kurde est décédée trois jours après à l’hôpital.

Depuis, les manifestations et les réactions sur les réseaux sociaux se multiplient. Tant est si bien que les autorités en Iran ont bloqué l'accès à Instagram et WhatsApp, après six jours de protestation.

Manifestations

À Sachez, ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan iranien, plusieurs centaines de personnes se rassemblent. La manifestation se forme juste après les funérailles de Mahsa Amini. Les femmes enlèvent leur voile et l’exhibent poing levé. Les manifestants scandent « Tuer pour un hijab ? Jusqu’à quand sera-t-on humilié? » et « Mort au dictateur ! », faisant référence à l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de l’Iran. Le rassemblement a été dispersé à coups de gaz lacrymogènes.

À Sari, dans le nord-est du pays, à 280 km de Téhéran, des centaines de personnes entourent un feu tandis qu’une femme tournoie avec son hijab à la main. Elle finit par le déposer dans les flammes. Le geste est applaudi par les manifestants. D’autres femmes l’accompagnent. « Ceci est le vrai Iran. Le hijab obligatoire ne fait pas partie de notre culture, » commente Alireza Nader, analyste de la politique internationale, qui relaie la vidéo.

Au sud-est de Téhéran, à Gharchak, des manifestants défilent dans une des artères principales de la ville. Ils crient « Khamenei est un assassin, son pouvoir touche à sa fin ! » décrit le reporter pour l"hebdomadaire français le Point Armin Arefi.

La scène est inédite. À Kerman, ville du sud-est de l’Iran, une jeune femme est assise sur un mobilier public et surplombe la foule. Elle se coupe les cheveux aux yeux de tous, en signe de protestation à la mort de Mahsa Amini. En Iran, le port du hijab est obligatoire depuis l’instauration de la République islamique en 1979. La foule applaudit et crie "Mort au dictateur" relate ainsi Golnaz Esfandiari, journaliste à Radio Free Europe et Radio Liberty.

Soutien 

Le mouvement a été suivie par de nombreuses femmes sur les réseaux sociaux, notamment sur Tiktok. Elles se filment en train de couper leurs cheveux souvent avec le #MahsaAmini.

@lunafairy.ir Mahsa Amini is a 22-year-old Iranian girl who was killed by the guidance patrol (police for compulsory hijab) due to a severe beating.Please bring the voice of Iranian people to the world #مهسا_امینی #mahsa_amini #mahsaamini original sound - luna
@rezzamiin For #mahsaamini Iranian women who are burning their ⁦‪#hijab‬⁩ and cutting off their hair in protest against the death of a 22-year-old woman. ⁦‪#Iran‬⁩ ‎⁦‪#mahsa_amini ‬⁩ ‎⁧‫#مهسا_امینی original sound - em

« Ces images sont extraordinairement puissantes. De nombreuses femmes iraniennes, dévastées et en colère après l'assassinat de #Mahsa Amini, se coupent les cheveux et brûlent leur voile. Ce qui se passe en Iran est très fort. Soutenons-les ! », a ainsi tweeté Farid Vahid, directeur de l’Observatoire de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation de la Fondation Jean-Jaurès.

Réactions 

Les réactions de personnalités iraniennes et internationales pour dénoncer ce que certains appellent le « crime » de Mahsa Amini, ont été nombreuses.

« Je suis agité depuis que j'ai lu de tes nouvelles. Je me déteste. Tu es sur un lit d'hôpital mais tu n’es plus réveillé. Nous sommes tous dans le coma. Nous sommes endormis, sans réaction face à cette cruauté sans fin, nous sommes complices de ce crime » a commenté le réalisateur iranien Asghar Farhadi, lauréat de deux Oscars du meilleur film étranger.

L'actrice Zar Amir Ebrahimi, prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes, a également partagé un message sur Instagram, dénonçant « 44 ans de violence » en Iran, âge de la république islamique née après la révolution de 1979 qui a mis fin à la monarchie.

Certains s’en sont aussi pris directement à l’ayatollah Ali Khamenei comme Mahmoud Sadegui, avocat et ancien membre du Parlement iranien. « Qu’a à dire le guide suprême sur le traitement de la police iranienne envers Mahsa Amini, lui qui a légitimement dénoncé la police américaine dans l’affaire George Floyd ? » a tweeté l’ancien élu.

La mort de Mahsa Amini a fait réagir jusqu'à la Maison Blanche. Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale s'est dit « profondément préoccupé par la mort de Mahsa Amini, 22 ans, qui aurait été battue en garde à vue par la police des mœurs iranienne » et a qualifié le décès de la jeune femme d'« impardonnable ».