Fil d'Ariane
Le groupe djihadiste État islamique revendique ce 4 janvier l'attentat lors des cérémonies commémorant la mort du général Qassem Soleimani, à Kerman, dans le sud de l'Iran. La double explosion a fait 84 morts et intervient au lendemain de l'élimination d'un haut responsable du Hamas dans une frappe près de Beyrouth, attribuée à Israël.
Des Iraniennes vont rendre hommage aux victimes de l'attentat de Kerman ce 4 janvier 2024. Une double explosion revendiquée par l'EI a fait 84 morts lors d'une cérémonie en hommage au général de Qassem Soleimani, tué par un drone américain à Bagdad en 2020.
L'EI a indiqué via ses chaînes Telegram que deux de ses membres ont "activé leur ceinture explosive" au milieu "d'un grand rassemblement d'apostats, près de la tombe de leur leader Qassem Soleimani hier à Kerman, dans le sud de l'Iran".
Une foule y était rassemblée pour commémorer la mort du général, tué en janvier 2020 par une frappe américaine en Irak et célébré en Iran pour son rôle dans la défaite de l'EI.
Le 4 janvier, le ministre de l'Intérieur, Ahmad Vahidi, a indiqué à l'agence locale Isna que la sécurité serait renforcée aux frontières poreuses avec l'Afghanistan et le Pakistan, qui sont un point de passage pour des groupes armés combattant le pouvoir iranien.
La première explosion s'est produite à 700m de la tombe du général Soleimani, la seconde un kilomètre plus loin, selon des sources iraniennes.
Plus tôt dans la journée, l'agence officielle Irna a cité "une source informée", indiquant que la première déflagration a été provoquée par un kamikaze dont le corps a été déchiqueté. Pour la seconde, l'enquête se poursuit mais il s'agissait très probablement également d'un kamikaze, ajoute l'Irna.
En Iran, avant la revendication de l'EI, des responsables ont aussitôt pointé du doigt Israël et les États-Unis, un conseiller politique du président iranien, Mohammad Jamshidi, accusant les "régimes américain et sioniste" d'être derrière l'attentat.
Le département d'État américain avait jugé "absurde" toute suggestion d'une implication des États-Unis ou d'Israël. Un haut responsable américain, s'exprimant sous couvert d'anonymat, estimait que l'attaque ressemblait "au genre de chose" faite par l'EI ""par le passé".
Un premier bilan de plus de 100 morts a été revu à la baisse ce 4 janvier par le chef des services d'urgence du pays, Jafar Miadfar, qui a fait état de 84 personnes tuées et 284 blessées.
Cette attaque est la plus meurtrière dans le pays depuis 1978, quand un incendie criminel avait fait au moins 377 morts dans un cinéma d'Abadan, selon les archives de l'AFP.
Ennemi juré de l'Iran, Israël n'a pas commenté l'attentat. "Nous sommes concentrés sur les combats avec le Hamas" dans le territoire palestinien de la bande de Gaza, a indiqué le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait promis, avant la revendication de l'EI, une "réponse sévère" à cet acte, le président Ebrahim Raïssi annulant un déplacement prévu aujourd'hui en Turquie, selon un média d'État.
Le mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par Téhéran, a lui fustigé un "acte terroriste (...) qui cherche à déstabiliser la sécurité de la République islamique au service de l'agenda de l'entité sioniste (Israël)".
La Syrie, a exprimé "son entière solidarité face aux attaques terroristes et aux complots honteux" visant, selon elle, son allié iranien.
Le président russe, Vladimir Poutine, dénonce un attentat "choquant par sa cruauté et son cynisme".
Le secrétaire général de l'ONU, l'Union européenne, la France, l'Allemagne, la Jordanie, et l'Arabie saoudite ont également condamné l'attaque.
Le général Soleimani, qui dirigeait la Force Qods, la branche des opérations extérieures du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran, avait été déclaré "martyr vivant" par l'ayatollah Ali Khamenei, alors qu'il était encore en vie.