Iran : négociations cruciales et "fructueuses" sur le nucléaire avec le chef de l'AIEA

A deux jours d'une échéance importante, où l'Iran pourrait décider de limiter les visites sur ses sites d'enrichissement nucléaire, les autorités du pays ont salué les discussions avec le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Les conclusions de ces pourparlers devraient être rendues public dans la soirée de dimanche. 
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Iran, accord nucléaire
Le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA), Rafael Grossi (à droite), lors des discussions avec le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, dimanche 21 février.
AP
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L'Iran s'est félicité, dimanche, des discussions « fructueuses », à Téhéran, entre le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA), Rafael Grossi, et les responsables iraniens.
 
"L'Iran et l'AIEA ont eu des discussions fructueuses fondées sur le respect mutuel et dont les résultats seront publiés en soirée", a, dans la foulée, tweeté Kazem Gharibabadi, l'ambassadeur du pays auprès de l'AIEA, "gendarme" nucléaire de l'ONU.
 
Ces pourparlers interviennent à la veille de la mise en application prévue d'une loi qui limiterait les inspections des activités nucléaires en cas de maintien des sanctions américaines.
 
L'échéance fixée par la législation iranienne expire dimanche. Un responsable iranien a toutefois précisé qu'elle n'entrerait en vigueur que mardi, à moins d'une annonce par les Etats-Unis d'une levée de leurs sanctions.

Celles-ci ont été rétablies en 2018 par l'ex-président, Donald Trump, qui a retiré unilatéralement son pays de l'accord international censé encadrer le programme nucléaire iranien.
 
Les P5+ 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne) et l’Iran s’étaient entendus en 2015 sur l’accord de Vienne. Ce pacte prévoit une levée progressive des sanctions, en échange de la garantie que l'Iran ne se doterait pas de l'arme atomique, chose que le pays a toujours démenti.
 
A l’occasion de sa visite de 24h à Téhéran, M. Grossi a rencontré le président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, et le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Il doit tenir en soirée une conférence de presse à son retour à Vienne, siège du « gendarme » nucléaire de l’ONU.

De son côté, M. Zarif a, dans une déclaration à Press TV, la chaîne en anglais de la télévision, indiqué que les négociations avaient porté sur la mise en œuvre de la loi iranienne.
 
Mais selon le ministre, la loi n'aboutirait pas à une "impasse" dans la collaboration entre l'Iran et l'AIEA. Et M. Grossi pourra ainsi "s'acquitter de ses obligations de montrer que le programme nucléaire iranien reste pacifique".

(Re)lire : Nucléaire : au-delà des provocations, l'Iran en quête d'un accord ?

"Les stocks d’uranium enrichi vont augmenter"

 M. Zarif a ajouté que la loi votée en décembre par le Parlement obligeait son gouvernement à "ne pas fournir les enregistrements" des caméras de surveillance installées sur les sites, à l'AIEA.

Selon le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, "les inspections de l'AIEA seront réduites d'environ 20 à 30% après la mise en œuvre de la loi. Cela ne signifie certainement pas un retrait de l'accord" de 2015.

Après le retrait unilatéral américain et le rétablissement des sanctions qui étranglent l'économie iranienne, l'Iran s'est affranchi progressivement, depuis 2019, de plusieurs limites qu'il avait accepté d'imposer à son programme nucléaire en vertu de l'accord conclu avec ses homologues à Vienne.
 
D'après M. Zarif, "les stocks d'uranium enrichi vont augmenter" également, en attendant que l'autre camp respecte ses obligations.

En décembre, le Parlement iranien a exigé du gouvernement de restreindre certaines inspections de l'AIEA sur des installations non nucléaires, y compris des sites militaires suspects, si les sanctions ne sont pas levées au 21 février.

(Re)voir : L'Iran en marche vers l'arme nucléaire
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"La rupture du contrat est coûteuse"

 Dans un geste à l'égard de l'Iran, les Etats-Unis ont accepté, jeudi, une invitation des Européens à participer à des pourparlers pour relancer l'accord de 2015. Mais le lendemain, Joe Biden a appelé les puissances européennes à travailler de concert avec les Etats-Unis pour répondre aux "activités déstabilisatrices" de l'Iran au Moyen-Orient.
 
Dans ce contexte diplomatique complexe et alors qu’Iraniens et Américains n'entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, M. Araghchi a indiqué que l'Iran examinait la proposition de l'UE pour une "réunion informelle".
 
Dans la presse iranienne, la visite de M. Grossi en Iran a reçu un accueil mitigé.
 
Dénonçant "l'escroquerie occidentale", le quotidien ultraconservateur Kayhan a salué la loi du Parlement, une "stratégie" qui a montré au camp adverse que "la rupture du contrat est coûteuse."

En revanche, le journal réformateur Sharq se montre sceptique sur l'efficacité du vote de cette loi étant donné que Washington "n'a manifesté aucune volonté de revenir à l'accord" sous les conditions iraniennes. "Les jours à venir sont critiques pour l'Iran" et pour les autres signataires de l'accord nucléaire.

(Re)voir : Irak - Iran : la présence américaine toujours conspuée
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