Des manifestations sont organisées en Iran, depuis le 15 novembre, contre la hausse du prix de l'essence. Des mobilisations qui ont rapidement dégénéré en heurts dans de nombreuses villes. Des dizaines de personnes pourraient avoir été tuées selon l'ONU et Amnesty International.
Le 15 novembre, des manifestations éclatent dans plusieurs villes iraniennes, quelques heures après l'annonce d'une réforme du mode de subvention de l'essence, censée bénéficier aux ménages les moins favorisés mais s'accompagnant d'une très forte hausse du prix à la pompe.
Selon l'agence Irna, les manifestations ont été
"importantes" à Sirjan (centre), où
"des gens ont attaqué un dépôt d'essence et essayé d'y mettre le feu". Des manifestations ont également lieu à Machhad (nord-est), dans le sud à Ahvaz, Chiraz, Bandar Abbas et Birjand (est), mais aussi à Gachsaran, Abadan, Khoramshahr et Mahshahr dans le sud-ouest.
"Internet quasi coupé"
Le 16, la télévision publique diffuse des images de jeunes masqués dans des rues jonchées de débris en train d'incendier des bâtiments publics. Cité par l'agence Isna, le chef du Bassidj, corps de volontaires islamistes chargé de certaines tâches de maintien de l'ordre, parle de
"pillages" en certains endroits.
L'ONG spécialisée dans la cybersécurité NetBlocks fait état d'une "coupure quasi totale d'internet" dans le pays. D'après les agences iraniennes, la contestation a touché plus de 40 villes, dont Téhéran, Machhad et Ispahan (centre), les trois premières agglomérations du pays.
L'Etat ne tolérera pas "l'insécurité"
Le 17 novembre, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, exprime son soutien à l'augmentation des prix de l'essence. Il dénonce des "hooligan" parmi les manifestants.
Le président Hassan Rohani affirme que l'Etat ne doit "
pas autoriser l'insécurité" face aux
"émeutes".
Le porte-parole de la police, Ahmad Nourian, prévient que les forces de sécurité n'hésiteront "
pas à faire face à ceux qui perturbent la paix et la sécurité", identifieront les meneurs et les
"affronteront".
Washington dit soutenir
"les Iraniens dans leurs manifestations pacifiques contre le régime" et condamne
"l'usage de la force" et
"les restrictions de communications".
Téhéran condamne des
"remarques interventionnistes".
L'ONU redoute "des dizaines" de morts
Le 18 novembre, le porte-parole du gouvernement, Ali Rabii, affirme que, par rapport à la veille, la situation est
"à 80% plus calme". Les Gardiens de la Révolution avertissent qu'ils sont prêts
"à réagir de manière décisive (...) face à la poursuite de l'insécurité et d'actions qui perturbent la paix sociale".
Paris dit regretter "
la mort de plusieurs manifestants". Berlin appelle
"Téhéran à respecter la liberté de réunion et d'expression".
Dans la nuit, les agences Isna et Fars font état de la mort de trois agents des forces de l'ordre -un officier des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, et deux membres du Bassidj- tués par des "émeutiers" dans la province de Téhéran.
Le 19, des centaines de policiers antiémeutes armés de matraques sont déployés à Téhéran à côté de canons à eau sur plusieurs places. Le porte-parole de l'autorité judiciaire demande à la population de signaler
"les séditieux (...) et ceux qui ont perpétré des crimes".
Téhéran fait savoir que l'Etat rétablira internet uniquement lorsqu'il sera certain que le réseau de ne sera pas "utilisé à mauvais escient".
Selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme,
"des dizaines de personnes pourraient avoir été tuées, et de nombreuses blessées lors des manifestations". Plus de
"1.000 contestataires" ont été
"arrêtés".
D'après Amnesty International, qui dénonce un recours
"à la force létale" contre des rassemblements pacifiques, plus de 100 manifestants pourraient avoir été tués.