Irlande du Nord : 25ème anniversaire de l'accord de paix du Vendredi Saint

L'Irlande du Nord célèbre dans la sobriété ce 10 avril le 25e anniversaire de l'accord du Vendredi Saint, qui a mis fin à trois décennies de violences. À cette occasion elle s'apprête à recevoir le président américain Joe Biden qui a toujours revendiqué ses origines irlandaises.

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Signature des Accords du Vendredi Saint
Archives AP Photo
Le 10 avril 1998, le Premier ministre britannique Tony Blair, le sénateur américain George Mitchell, et le Premier ministre irlandais Bertie Ahern, posent après avoir signé les Accords du Vendredi Saint qui ont mis fin à des décennies de violences qui ont causé la mort de plus de 3500 personnes.
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Des manifestants républicains opposés aux Accords de paix du Vendredi Saint défilent masqués à Londonderry, Irlande du Nord, ce 10 avril 2023.
© AP Photo/Peter Morrison
Des manifestants républicains opposés aux Accords de paix du Vendredi Saint défilent masqués à Londonderry, Irlande du Nord, ce 10 avril 2023.
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Ce Vendredi Saint précédant Pâques tombait un 10 avril en cette année 1988. Les républicains - favorables à une réunification avec l'Irlande -  et les unionistes - attachés au maintien au sein du Royaume-Uni - signent un accord de paix inespéré après d'intenses négociations impliquant Londres, Dublin et Washington.

L'accord met fin à trois décennies de violences qui ont fait 3.500 morts, entre unionistes, surtout protestants, et républicains en majorité catholiques, avec l'implication de l'armée britannique.

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Un quart de siècle plus tard, l'heure n'est pas aux réjouissances, entre blocage politique et inquiétudes sécuritaires.

Aucun événement majeur n'est prévu ce 10 avril mais de nombreuses personnalités politiques sont attendues dans la semaine, au premier rang desquelles le président américain Joe Biden. Le président américain est catholique et a des origines irlandaises. Il est attendu dans la soirée du 12 avril à Belfast, où il sera accueilli sur le tarmac par le Premier ministre britannique Rishi Sunak. 

"Nous nous souvenons aujourd'hui du début d'un nouveau chapitre pour l'histoire du peuple nord-irlandais", indique dans un communiqué Rishi Sunak, qui n'avait que 17 ans au moment de la signature de l'accord. 

Le Premier ministre a affirmé que l'anniversaire était l'occasion de "célébrer ceux qui ont pris des décisions difficiles, accepté des compromis et fait preuve de leadership".

Dans les années qui ont suivi l'accord de paix, les groupes paramilitaires ont été désarmés, la frontière militaire démantelée et les troupes britanniques sont parties.

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Mais l'anniversaire est commémoré sans liesse tant la paix en Irlande du Nord semble encore plus fragile aujourd’hui qu’en 1998.

L'impact du Brexit

Les institutions locales - créées à la suite de l'accord et censées allier les communautés - sont paralysées depuis plus d'un an en raison de désaccords liés aux conséquences de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. 

Le parti unioniste DUP - viscéralement attaché à l'appartenance de la province de l‘Ulster au Royaume-Uni - refuse de participer au gouvernement tant que les dispositions post-Brexit (contrôles douaniers, application de certaines règles européennes...) visant à éviter le retour d'une frontière physique avec l'Irlande n'auront pas été abandonnées.

Une renégociation du protocole entre l'UE et le Royaume-Uni, censée répondre aux inquiétudes des unionistes, a été rejetée par le DUP ces dernières semaines.

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Dans ce contexte déjà difficile à l'approche des commémorations, l'Irlande du Nord a relevé son niveau de la menace terroriste après la tentative d'assassinat d'un policier en février revendiquée par des membres d'un groupe républicain dissident.

"Un petit nombre de personnes (...) veulent nous ramener à l'époque sombre", a affirmé dans le quotidien britannique The Sunday Telegraph Chris Heaton-Harris, le ministre britannique en charge de l'Irlande du Nord. "Les récentes attaques" sont un "rappel brutal de la fragilité de la paix".

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Pour la venue de Joe Biden dans la province, plus de 300 agents venus du reste du Royaume-Uni devraient être mobilisés.

Un retour aux sources pour Biden

Si "les 25 dernières années ont connu des hauts et des bas", a admis Gerry Adams, ancien dirigeant du parti républicain Sinn Fein, "une chose est sûre, nous sommes tous dans une meilleure situation" aujourd'hui.

L'accord du Vendredi Saint, "comme nous le verrons lors de la visite du président Biden cette semaine, continue de bénéficier d'un soutien international considérable de la part de nos alliés les plus proches", a aussi rappelé Rishi Sunak. 

Le Premier ministre britannique doit organiser pour l'occasion un "dîner de gala" et participer à une conférence commémorative à l'université Queen's de Belfast. L'ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton -dont le mari Bill Clinton a joué un rôle clef dans l'accord de paix quand il était président américain- doit également participer à cette conférence organisée sur trois jours.

De son côté, Joe Biden souhaite profiter de sa visite pour "marquer les progrès considérables accomplis depuis la signature de l'accord" et rappeler "la volonté des États-Unis de soutenir le vaste potentiel économique de l'Irlande du Nord".

Le président américain se rendra ensuite en République d'Irlande, dans la capitale Dublin mais aussi dans les comtés de Louth (est) et de Mayo (ouest), d'où viennent ses ancêtres qui ont émigré au milieu du XIXe siècle, fuyant comme tant d'autres une Irlande ravagée par la famine, pour finalement s'établir en Pennsylvanie.