Un FMI moins autoritaire ? L’effondrement du système bancaire de l’Islande a plongé le pays dans le marasme. En deux ans, la croissance a chuté de plus de 7%, le taux de chômage multiplié par neuf et les prix par deux. Avec une dévaluation de plus de 40% de la monnaie nationale, la couronne, les ménages se sont retrouvés dans l'incapacité de rembourser leurs créances. La classe moyenne est touchée de plein fouet. Conséquence : une exode massif… 30 000 personnes ont quitté le pays. Un sévère plan de rigueur est mis en place avec des coupes draconiennes dans les budgets publiques. Mais le gouvernement Islandais parvient à préserver l’État providence. "Les taxes sur les gains du capital ont augmenté et un impôt sur la fortune a été introduit", explique Steingrimur Sigfusson, le ministre de l’économie. "Nous avons évité une hausse des taxes sur les bas revenus et nous sommes engagés à sauvegarder le modèle nordique … Je n’étais pas un admirateur du FMI mais je dois dire qu’il nous a laissé des marges de manœuvre." L’Islande a ainsi mis en place un système draconien de contrôle des capitaux (une politique proscrite par l’Union européenne très attachée à leur libre circulation). Et la fuite des capitaux qu’ont connus le Portugal, l’Irlande, la Grèce n’a pas eu lieu. Contrairement aux mesures de rigueur qui ont durement touché les Espagnols et les Grecs, l’État n’a pas mené de coupes dans les programmes publiques sociaux ou économiques, il a même aidé les personnes les plus touchées. La durée du versement des allocations chômage a été rallongée de trois à quatre ans. Un fonds de 13 millions d'euros pour aider les personnes à faible revenu à garder leur logement a même été accepté par le FMI. Quatre ans après, les indicateurs sont à nouveau au vert. Le PNB a progressé de 4,5%, les salaires de plus de 10% et le chômage de 8,2% à 6,7% de 2011 à 2012. En juin dernier, le gouvernement a même remboursé avec un an d’avance 1/3 de l’aide allouée par le FMI. Le taux de croissance de 2,7% prévu pour 2012 lui vaut aujourd’hui les louanges du fonds monétaire. " L’Islande a fait des progrès considérables depuis la crise. Nous avons des perspectives très positives en matière de croissance, particulièrement pour cette année et l’année prochaine puisqu’elle nous paraît reposer sur une base large et solide. ", peut-on lire dans le dernier rapport du FMI. Mais il ne faut pas oublier que l’Islande dispose de deux avantages de taille : même si elle importe du pétrole, elle est quasiment autonome énergétiquement grâce à la géothermie. Elle dispose également de sa propre monnaie la couronne, qu’elle a pu dévaluer de 40% ( 80% par rapport à l’euro). Ce qui lui a permis de doper efficacement ses ventes de poissons et d’aluminium à l’étranger, les deux principales sources d’exportation, mais aussi de freiner les importations couteuses... et donc faciliter la reprise de l’économie nationale. Mais les louanges du
FMI ne doivent pas cacher les sacrifices réalisés par les Islandais, ni le fait que de nombreuses réformes structurelles n'ont pas été mises en place et sont toujours attendues par le FMI. Du côté de la société, les Islandais ne se sont toujours pas réellement remis du crash. Le chômage persiste. L’inflation est toujours bien réelle or la plupart des crédits contractés par les Islandais sont indexées sur l’inflation.... " De nombreuses personnes de mon entourage, de ma famille ne se sont pas méfiés de ses prêts en monnaie étrangère qui leur ont permis d’acheter une deuxième voiture, de faire des travaux dans leur maison ou même partir en vacances… raconte Karl Hinricksson. Aujourd’hui leurs traites ont parfois augmenté de 100% et ils ne voient toujours pas le bout du tunnel. "