Fil d'Ariane
La Cour internationale de justice appelle Israël à faire tout son possible pour empêcher tout acte de "génocide" contre le peuple palestinien et à laisse entrer l'aide humanitaire dans la bande de Gaza. De Jérusalem à Pretoria, en passant par Ankara et Bruxelles, la communauté internationale réagit.
Des militants pro-palestiniens agitent des drapeaux pendant la session de la Cour internationale de justice, ou Cour mondiale, à La Haye, Pays-Bas, le 26 janvier 2024.
Le conflit au Proche-Orient nécessite-t-il des prises de mesures urgentes pour prévenir un génocide contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza ? Ce 26 janvier 2024, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu sa décision au sujet de la guerre menée par Israël contre le Hamas. Elle ordonne à Israël de “prévenir et punir” l’incitation au “génocide.” Fin décembre, l’organe judiciaire institué par la charte des Nations Unies a vu une requête déposée par l’Afrique du Sud. Le pays accuse alors Israël de génocide contre la population palestinienne dans la bande de Gaza.
À ce stade, la CIJ ne se prononce pas sur la question de savoir si Israël commet un génocide à Gaza. Ce volet de la procédure peut prendre des années. Cependant, la CIJ ne dispose d’aucun moyen pour faire appliquer ses décisions par les États. "Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l’Axe du Mal, ni personne d’autre", avait déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Le Premier ministre israélien juge d’ailleurs “scandaleuses” les accusations de “génocide” portées par l'Afrique du sud, après l'annonce du verdict de la CIJ. Selon lui, "la tentative ignoble de refuser à Israël" le "droit fondamental" de se défendre est "une discrimination flagrante contre l’État juif”, et elle a été "rejetée à juste titre".
Après l’audience de la CIJ, la direction du parti politique du Congrès national africain (ANC) a exprimé sa joie. L’Afrique du Sud salue une “victoire décisive” pour le droit international. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères du pays ajoute qu’il s’agit d’une “étape importante dans la quête de justice pour le peuple palestinien”.
"Aujourd'hui, Israël se tient face à la communauté internationale, ses crimes contre les Palestiniens exposés au grand jour", réagit le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans une adresse télévisée. "Nous attendons d'Israël, qui se veut une démocratie et un Etat de droit, qu'il se conforme aux décisions rendues."
Pour le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne Riyad al-Maliki, cette ordonnance est "un avertissement important qu'aucun État n'est au-dessus de la loi". "Les États ont désormais l'obligation juridique claire de mettre fin à la guerre génocidaire d'Israël contre le peuple palestinien de Gaza", énonce-t-il dans un message vidéo.
Le mouvement islamiste palestinien du Hamas juge quant à lui dans un communiqué que la décision de la Cour internationale de justice est "un développement important" qui "contribue à isoler Israël" et "dénoncer ses crimes" dans la bande de Gaza.
Par ailleurs, le président turc Recep Tayyip Erdogan se félicite de la décision CIJ. "Je considère comme précieuse la décision d'injonction provisoire prise par la Cour internationale de justice concernant les attaques inhumaines à Gaza et je m'en félicite", écrit sur le réseau social X le président turc. Depuis le début de la guerre, il est l'un des dirigeants les plus critiques d'Israël.
Le ministère des Affaires étrangères d’Algérie publie également un communiqué de presse. Selon l’Algérie, la décision de la CIJ marque “le début de la fin de l’ère de l’impunité dont l’occupation israélienne a longtemps tiré bénéfice pour donner libre cours à son oppression du peuple palestinien et à la répression de l’ensemble de ses droits légitimes.”
Le Premier ministre Espagnol Pedro Sanchez indique sur X saluer la décision de la CIJ. "Nous continuerons de plaider pour la paix et la fin de la guerre, la libération des otages, l'accès à l'aide humanitaire et la création de l'État palestinien aux côtés d'Israël, afin que les deux nations coexistent dans la paix et la sécurité", écrit-il.
Pour sa part, l'Union européenne attend une mise en oeuvre "complète et immédiate" du verdict de la CIJ. Les décisions "de la Cour internationale de Justice sont contraignantes pour les Parties et celles-ci doivent s'y conformer. L'Union européenne attend leur mise en œuvre complète, immédiate et effective", indique un communiqué commun du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell et de la Commission européenne.
La France indique quant à elle que la décision de la CIJ "renforçait sa détermination" à œuvrer pour un cessez-le-feu. Elle ajoute que le crime de génocide, dont certains pays accusent Israël, nécessite "l'établissement d’une intention". Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères français indique envisager de faire part "d'observations" à la CIJ, dans lesquelles elle indiquera notamment "l'importance qu’elle attache à ce que la Cour tienne compte de la gravité exceptionnelle du crime de génocide, qui nécessite l’établissement d’une intention".
Les États-Unis réaffirment que les accusations de "génocide" à l'encontre d'Israël "sans fondement". "Nous continuons de penser que les accusations de génocide sont sans fondement et prenons note du fait que la Cour n'a pas conclu à un génocide ni appelé à un cessez-le-feu", déclare un porte-parole du département d'État, la Cour ne s'étant pas encore prononcé, à ce stade, sur le fond.
Sans surprise, le Qatar se félicite de la décision de la Cour appelant Israël à empêcher tout acte éventuel de "génocide" et à autoriser l'accès humanitaire à Gaza, saluant "une victoire pour l'humanité (...) et la justice internationale."
Et dans un communiqué, l'Arabie saoudite a salué la décision de CIJ et appelle la communauté internationale à "faire rendre des comptes à Israël" pour ses "violations systématiques" du droit international. Le royaume a également appelé à "davantage de mesures" pour parvenir à un "cessez-le-feu dans la bande de Gaza" et fournir "une protection au peuple palestinien".
La Jordanie a salué la "décision historique" rendue par la CIJ. Le porte-parole du ministère jordanien des Affaires étrangères, Sufyan Qudah, a notamment souligné dans un communiqué "l'importance de la décision de la Cour d'enquêter sur le génocide israélien dans la bande de Gaza et de prendre rapidement des mesures procédurales, notamment de mettre fin aux crimes israéliens consistant à tuer des Palestiniens et à les maltraiter physiquement".
Le Koweït a salué le verdict de la CIJ, le qualifiant d’"étape importante". Il a également souligné "l’impératif" pour Israël de "respecter cette décision ainsi que les principes du droit international, du droit humanitaire et les résolutions de l’ONU" selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a salué samedi 27 janvier la décision de la Cour internationale de justice qui a appelé Israël à empêcher tout éventuel acte de "génocide" à Gaza.
"La décision confirme le respect du droit international et la nécessité pour Israël de se conformer impérativement à ses obligations en vertu de la Convention sur le génocide", a déclaré M. Faki dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.
"Nous respectons le rôle et l'indépendance de la CIJ", assure, samedi, dans un communiqué un porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, avant de faire part de ses "vives inquiétudes concernant cette affaire, qui n'aide pas à l'instauration d'un cessez-le-feu durable".
Israël "a le droit de se défendre contre le Hamas", redit le ministère des Affaires étrangères britannique. "Nous estimons que les actions d'Israël à Gaza ne peuvent pas être qualifiées de génocide, et c'est pourquoi nous pensons que la décision de l'Afrique du Sud de porter l'affaire devant la justice est erronée et provocatrice", a-t-il ajouté.