Israël : Amnesty International dénonce un système d'apartheid contre les Palestiniens

Amnesty International a publié mardi 1er février un rapport qui décrit une "politique d'apartheid" menée par Israël contre les Palestiniens. D'après ce rapport, "les Palestiniens sont traités comme un groupe racial inférieur et systématiquement dépossédés de leurs droits".
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Israël Amnesty apartheid
En 2011, des Palestiniens avaient protesté contre la fermeture d'une rue en Cisjordanie, la renommant "Rue de l'apartheid". AP/Nasser Shiyoukhi.
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Tout comme des ONG locales et Human Rights Watch (HRW), Amnesty International a qualifié mardi 1er février "d'apartheid" la politique d'Israël envers les Palestiniens. Selon le rapport de l'ONG de défense des droits humains, ceux-ci sont traités comme un "groupe racial inférieur". 

" Les Palestiniens sont traités comme un groupe racial inférieur "

"Les politiques cruelles d'Israël de ségrégation, de dépossession et d'exclusion à travers ces territoires tiennent clairement de l'apartheid", a déclaré la secrétaire générale d'Amnesty, Agnès Callamard, lors d'une conférence de presse à Jérusalem peu après la publication du rapport. "Qu'ils vivent à Gaza, à Jérusalem-Est, dans le reste de la Cisjordanie ou en Israël, les Palestiniens sont traités comme un groupe racial inférieur et systématiquement dépossédés de leurs droits".
 


"Les citoyens arabes d'Israël ne vont pas avoir la même expérience de l'apartheid que ceux de Gaza, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de régime d'apartheid", a soutenu Agnès Callamard, dont l'ONG dit cependant vouloir éviter les comparaisons avec l'Afrique du Sud.

Le rapport aborde les "ségrégation territoriale et restrictions de déplacement, saisies massives de biens fonciers et immobiliers, expulsions forcées, détentions arbitraires, tortures, homicides illégaux", dont sont victimes les Palestiniens. Il soutient aussi que ceux-ci sont considérés comme une "menace démographique" par Israël. Le rapport publié le 1er février est issu d'une enquête mené sur quatre ans, sur le terrain et sur le plan juridique. 

(Re)voir : Israël : Amnesty dénonce un état d'apartheid​
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En avril 2021, HRW avait repris le terme "apartheid", déjà utilisé par les ONG palestiniennes et israéliennes pour désigner les politiques d'Israël envers les Palestiniens et les Arabes israéliens (descendants des Palestiniens restés en Israël après la création du pays en 1948).
 

Appel à l'ONU

Arrivée la semaine dernière à Jérusalem, Agnès Callamard a mené des entretiens en Cisjordanie et en Israël, mais n'a pas pu discuter avec des responsables de la diplomatie israélienne malgré une demande formulée en octobre aux autorités.

Dans son rapport, Amnesty a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à imposer un "embargo" sur les ventes d'armes à l'Etat hébreu, et des "sanctions" aux responsables israéliens "les plus impliqués dans le crime d'apartheid".

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L'ONG a aussi demandé à la Cour pénale internationale (CPI), qui a diligenté l'an dernier une enquête pour "crimes contre l'humanité" contre les Palestiniens, "d'ajouter le crime d'apartheid" à son dossier. Israël mène de son côté une campagne diplomatique afin de convaincre des pays occidentaux de le soutenir face à la Cour. 

L'Autorité palestinienne, qui contrôle une partie de la Cisjordanie occupée, a salué Amnesty pour son travail "courageux et juste" au nom du peuple palestinien. Le mouvement islamiste Hamas, qui est au pouvoir dans la bande de Gaza, a applaudi le "professionnalisme" de l'ONG.

Des "mensonges antisémites" selon Israël

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a vivement rejeté l'étude de l'ONG, estimant qu'elle "rapportait les mensonges répandus par les organisations terroristes". Dès lundi, Yaïr Lapid avait demandé à Amnesty de "retirer" son rapport.

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"Amnesty était naguère une organisation estimée (...). Aujourd'hui, elle est exactement le contraire", a-t-il affirmé, accusant l'ONG d'être devenue "une organisation radicale". 

Le ministre a même accusé l'organisation d'antisémitisme, une attaque courante visant les critiques de l'État hébreu. "Je n'aime pas dire que si Israël n'était pas un Etat juif personne chez Amnesty n'oserait s'en prendre à lui, mais je ne vois pas d'autre explication".
 


"Une critique des pratiques de l'État d'Israël n'est absolument pas une forme d'antisémitisme. Amnesty dénonce fortement l'antisémitisme", a répondu Agnès Callamard.  Lors de la conférence de presse, la responsable d'Amnesty a également rejeté les allégations selon lesquelles l'ONG "stigmatisait" Israël, rappelant qu'elle publiait notamment des rapports sur l'Iran, bête noire d'Israël. 

De son côté, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a dit "rejeter l'idée que les actes d'Israël constituent un apartheid", tout en assurant "prendre au sérieux toutes les accusations de violations des droits humains".

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Aujourd'hui, quelque 6,8 millions de Juifs et autant d'Arabes vivent en Israël, à Jérusalem, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, territoire où Israël impose un blocus depuis la prise du pouvoir du Hamas en 2007, selon les données officielles.