Israël change de nom pour devenir un “Etat-Nation du peuple juif“
Israël s'apprête à devenir l' "Etat-nation du peuple juif". Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou a approuvé un projet de loi instaurant ce nouveau statut légal qui crée deux types de citoyens. Ce vote risque bien d'accentuer encore les divisions au sein de la majorité gouvernementale. Par 14 voix pour et 6 contre, le gouvernement a entériné une proposition de loi redéfinissant la nature même de la démocratie israélienne.
C’est la nouvelle tempête politique en Israël. Cette fois, elle touche à l’essentiel. A la nature même du pays. Benjamin Netanyahou, Premier ministre, a décidé contre l’avis de sa ministre de la Justice et du conseil juridique de son gouvernement de présenter au Parlement une proposition de loi qui dit ceci: "L’état d’Israël est l'Etat-Nation du peuple juif. Il accorde des droits individuels à chaque citoyen mais seul le peuple juif y a des droits nationaux." En d’autres termes, les citoyens arabes d’Israël y ont des droits individuels mais sont exclus de l’identité nationale du pays.
Dimanche 23 novembre, le gouvernement israélien a voté en faveur de ce projet de loi controversé visant à renforcer le caractère juif de l'Etat d'Israël au détriment, selon ses détracteurs, de son caractère démocratique. La Knesset (Parlement) doit désormais se prononcer, en plusieurs lectures, sur ce texte pour lequel 14 ministres ont voté "pour" et six "contre", au terme d'un débat extrêmement houleux.
Pourquoi Israël veut renforcer son caractère juif ?
Le vote intervient dans un contexte de montée des tensions à Jérusalem-Est, la partie palestinienne occupée et annexée par Israël, et en Cisjordanie occupée. Les affrontements entre Palestiniens et forces de l'ordre israéliennes ainsi que les attentats font craindre un embrasement généralisé. Les villes arabes du Nord d'Israël ont été le théâtre de mouvements de colère après la mort d'un jeune Arabe-israélien abattu par la police. Netanyahu a même menacé de retiré la nationalité aux Arabes-israéliens s'en prenant, selon lui, à l'Etat hébreu.
Les Arabes-Israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d'Israël en 1948, qui représentent un Israélien sur cinq, accusent le projet de loi d'institutionnaliser la discrimination. Ils se disent traités en "citoyens de seconde zone" par l'Etat hébreu et vus comme des "ennemis de l'intérieur" dans le contexte de tensions actuelles.
Critiques
Le procureur général Yehouda Weinstein, conseiller juridique du gouvernement, a lui aussi critiqué ce projet estimant qu'il affaiblissait le caractère démocratique d'Israël, et la ministre de la Justice Tzipi Livni avait réussi la semaine dernière à faire repousser le vote. Elle a voté contre le projet dimanche comme cinq autres ministres.
Face à ces critiques, Benjamin Netanyahou a assuré à l'ouverture de la réunion du gouvernement : "Il y a ceux qui veulent que la démocratie l'emporte sur le caractère juif et il y a ceux qui veulent que le caractère juif l'emporte sur la démocratie. Dans les principes de la loi que je présente aujourd'hui, ces deux principes sont égaux".
Naissance de l'Etat d'Israël : rappels historiques
24.11.2014Présentation : Mohamed Kaci / Commentaires : F-X Freland, M. Labbé / Montage : A. Demart