Israël inaugure son ambassade au Bahreïn

Concrétisation d’un accord signé il y a un an, le ministre des Affaires étrangères israélien Yaïr Lapid est arrivé à Manama ce 30 septembre pour inaugurer la première ambassade de son pays au Bahreïn. Depuis un an et en même temps que les Emirats arbes unis voisins, Bahreïn est devenu le troisième pays arabe à reconnaître l’Etat hébreu, après l’Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994.
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Le MAE israélien Yaïr Napid rencontre le roi Hamid bin Issa al Khalifa
Israël va inaugurer sa première ambassade dans un pays du Golfe, à Manama au Bahrein. Entrevue du ministre des Affaires étrangères israélien, Yaïr Napid avec le roi Hamid Isaa al Khalifa à Manama, 30 septembre 2021.
© Shlomi Amshalem/ service de presse du gouvernement israélien via AP
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Ce 30 septembre, quelques heures après l’arrivée de M. Lapid dans la capitale Manama, un Airbus A320 de la compagnie nationale Gulf Air a atterri à Tel-Aviv en provenance de Bahreïn, inaugurant la toute première liaison aérienne commerciale entre les deux pays.

"Je suis très fier de représenter Israël lors de la première visite officielle et historique au royaume (de Bahreïn)", a tweeté M. Lapid en arabe et en hébreu après son arrivée à l'aéroport de Manama, la capitale de Bahreïn, où il a été accueilli par son homologue bahreïni Abdellatif al-Zayani. 

L’inauguration de l’ambassade est l’aboutissement des accords accords signés le 15 septembre 2020 entre les Emirats arabes unis, le Bahreïn et Israël, sous l'égide de l'ancien président américain Donald Trump.

(Re)lire : Accord Israël/Émirats arabes unis : "Donald Trump avait besoin d'un très grand coup diplomatique"

Le Maroc et le Soudan ont ensuite signé des accords de normalisation avec Israël.
Le 29 juin, Yaïr Lapid avait inauguré aux Emirats arabes unis la première ambassade d'Israël dans le Golfe arabo-persique, lors d'une visite officielle inédite puis il s'était rendu au Maroc le 11 août pour y signer des accords de coopération.

Une visite contestée

Cette visite a provoqué des réactions d’hostilité. La route menant vers l'aéroport a été placée sous haute surveillance et aucun drapeau israélien n’a été hissé pour l'occasion.

Des manifestants ont brûlé des pneus en périphérie de la capitale Manama pour protester contre cette visite, une large partie de la société bahreïnie s'opposant à la normalisation avec Israël, en soutien à la cause palestinienne. Le mot dièse en arabe "Bahreïn contre le sionisme" est populaire sur les réseaux sociaux.

Solidarité avec la Palestine

Les Bahreïnis refusent que "leur terre soit souillée par les gangsters sionistes", a tweeté Ibrahim Sharif, militant des droits humains. Et le parti d'opposition chiite Al-Wefaq voit cette visite comme une "provocation contre le peuple bahreïni qui tient à la cause palestinienne".

Les Palestiniens ont dénoncé un "coup de poignard dans le dos" et accusé les Emirats et Bahreïn d'avoir trahi le "consensus arabe" faisant du règlement du conflit israélo-palestinien la condition sine qua non à la normalisation des relations avec l'Etat hébreu.

L’opposition de l’Arabie saoudite

Proche des Emirats et Bahreïn, l'Arabie saoudite, première puissance économique du monde arabe, refuse quant à elle de normaliser ses liens avec Israël, insistant sur la nécessité de résoudre au préalable la question palestinienne. 

Ryad avait démenti des informations de la presse israélienne sur une rencontre entre l'ancien premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Les accords d’Abraham

Ces rapprochements, d’une grande importance pour les économies de ces pays, ont été opérés sous l’égide de Washington. Les accords dits d'Abraham ont été promus par la précédente administration américaine de Donald Trump, en échange de diverses concessions économiques ou politiques au bénéfice des pays arabes concernés.

Cette campagne diplomatique a également abouti à des accords similaires avec le Maroc et le Soudan. 

(RE)voir : Diplomatie : les Émirats Arabes Unis facilitent la pratique de la religion juive
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Les retombées de ces accords

Alors que l’avion de M. Lapid atterrissait à Manama, le premier vol commercial entre Bahreïn et Israël a atterri ce 30 septembre à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. L’Airbus de la Gulf Air portait l’indicatif de vol GF 972, un chiffre symbolique, 972 étant l’indicatif téléphonique international d’Israël.

Autre évènement d’ampleur pour Israël, sa participation à l’exposition universelle de Dubaï qui ouvre ses portes le 1er octobre. "Nous sommes très heureux d'être ici. C'est la première fois que l'exposition universelle est organisée au Moyen-Orient et la première fois qu'Israël participe à un événement d'une telle ampleur dans un Etat arabe", a déclaré à l'AFP Menachem Gantz, porte-parole du pavillon.

Ce dernier, érigé sous la supervision du ministre israélien des Affaires étrangères, est "composé d'éléments qui montrent à quel point nous nous ressemblons, comme le sable par exemple", a-t-il ajouté lors d'une visite en avant-première pour les médias.

Avec des économies touchées par la pandémie de Covid-19, les Emirats arabes unis et Israël espèrent tirer des profits économiques de leurs nouvelles relations. Dubaï, en particulier, mise dessus, les secteurs du tourisme, des technologies, du commerce et de la finance étant très importants pour cet émirat.

Au Bahreïn, M. Lapid devrait conclure des accords bilatéraux durant sa visite.