De l'entente à la rupture, 1950-1982
Deux ans après la création d'Israël (en 1948), l'Iran est, en 1950, le deuxième pays musulman, après la Turquie, à reconnaître le nouvel Etat. L'Iran abrite alors la plus forte communauté juive du Moyen-Orient.
Israël dispose en Iran d'une importante mission diplomatique et importe de ce pays 40% de ses besoins en pétrole en échange d'armes, de technologies et de produits agricoles.
La redoutable Savak, la police politique iranienne, est créée en 1957 avec l'aide de la CIA américaine puis du Mossad israélien.
En 1979, avec l'instauration de la République islamique, l'Iran cesse toute relation officielle avec Israël, qu'il ne reconnaît plus. Mais des liens commerciaux informels sont maintenus.
En 1980, le Jihad islamique, d'inspiration iranienne, devient la première organisation palestinienne islamiste à prendre les armes contre Israël.
Mais pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988), Israël livre des missiles à Téhéran. La transaction est révélée dans le cadre de l'affaire des ventes d'armes américaines à l'Iran (Irangate), visant à obtenir la libération d'otages américains détenus au Liban.
Un tournant, la création du Hezbollah en 1982
Le Hezbollah est le bras armé de l'Iran au Liban. En 1982, Israël envahit le Liban pour faire cesser les attaques palestiniennes. Les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, aident à la création du Hezbollah, mouvement chiite qui s'implante dans le sud du Liban et mène une lutte armée contre Israël.
L'Iran et le Hezbollah sont accusés par Israël d'implication dans plusieurs attentats contre des intérêts israéliens ou juifs à l'étranger. L'attentat de l'Amia est une attaque à la voiture piégée perpétrée le 18 juillet 1994 à Buenos Aires la capitale de l'Argentine.
Description
Image de l'un des hommes du hezbollah le mollah Mohammad Hussein Fadlallah le 9 mars 1985 dans les rues de la capitale libanaise. Avec le soutien de l'Iran la milice chiite est aujourd'hui une des principales forces militaire de la région.
Crédits
AP Photo/Archives
L'attentat vise un bâtiment abritant plusieurs associations juives, dont l'Association mutuelle israélite argentine (Amia).
Avec un bilan de 85 morts et 230 blessés, c'est l'attentat le plus meurtrier de l'histoire du pays. L'attentat n'a jamais été revendiqué. En 2006, le procureur argentin argentin Alberto Nisman accuse l'Iran d'être le commanditaire et le Hezbollah d'en être l'exécutant.
L'Iran s'arme, Israël s'alarme
En 1998, l'Iran affirme avoir testé pour la première fois le missile sol-sol Chahab-3, d'une portée de 1.300 km, capable d'atteindre Israël. En 2000 l'armée israélienne, se retire du sud-Liban après près de 18 ans d'affrontements avec les forces israéliennes. Ce retrait est perçu comme une victoire du Hezbollah.
Avec l'élection en 2005 du Mahmoud Ahmadinejad, les tensions montent de plusieurs crans, le président ultraconservateur prédisant à de nombreuses reprises la disparition d'Israël et qualifiant l'Holocauste de "mythe".
Cette même année, l'Iran reprend ses activités d'enrichissement d'uranium à Ispahan (centre). En 2006 l'armée israélienne envahit à nouveau le sud-Liban et bombarde la capitale libanaise. L'objectif du gouvernement de Ehud Olmert est de "détruire" la milice chiite après l'attaque contre une patrouille militaire israélienne qui fera huit morts dans le territoire israélien. Le Hezbollah soutenu par l'Iran réussit à résister à l'armée israélienne. C'est un échec pour Tsahal.
En juillet 2015, l'Iran conclut avec des grandes puissances internationales un accord encadrant son programme nucléaire. "Israël n'est pas lié par cet accord (...) car l'Iran continue à vouloir notre destruction", prévient le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Israël apporte son soutien aux Etats-Unis lorsqu'ils annoncent, en mai 2018, se retirer de l'accord.
La Syrie, théâtre d'affrontements
A partir de 2013, alors que la Syrie est en guerre, Israël voit d'un mauvais œil l'intervention militaire du Hezbollah et de son parrain iranien, en soutien au régime de Bachar al-Assad. Israël mène des centaines de frappes chez son voisin, ciblant les troupes gouvernementales, les forces iraniennes et les combattants du Hezbollah.
Alliance contre l'Iran
En novembre 2017, Benjamin Netanyahu évoque la "coopération fructueuse" et "secrète" d'Israël avec des pays arabes, dans un contexte d'inquiétudes face à l'influence grandissante de l'Iran au Moyen-Orient.
En septembre 2020, les Emirats et Bahreïn, alliés de l'Arabie saoudite qui partagent avec Israël une animosité envers l'Iran, signent des accords de normalisation avec Israël.
Attaques
Les mois suivants, Israël accuse l'Iran d'attaques de navires, tandis que l'Iran pointe du doigt Israël pour des assassinats ciblés et le sabotage de l'usine d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre).
Les attaques imputées à Israël contre des cibles iraniennes en Syrie se multiplient par ailleurs, tuant un colonel (novembre 2022) puis un commandant (décembre 2023) des Gardiens de la Révolution.
Le 1er avril 2024, une frappe attribuée à Israël détruit le consulat iranien à Damas et fait, selon une ONG, 16 morts parmi lesquels deux généraux des Gardiens. Le président américain, Joe Biden, assure son allié israélien de son soutien "inébranlable".
Lire : comment Washington a aidé à stopper l'attaque iranienne ?
Près de deux semaines après cette frappe, l'Iran lance le 13 avril une attaque de drones depuis son territoire en direction d'Israël, qui décide de fermer son espace aérien. Juste avant l'annonce de cette attaque, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré que son pays s'était préparé à "l'éventualité d'une attaque directe de l'Iran".