Israël a riposté lourdement vendredi à des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers son territoire, notamment vers la capitale économique Tel-Aviv, en pilonnant des dizaines de positions du mouvement islamiste palestinien Hamas, dans une période à hauts risques. En conséquence, la mobilisation hebdomadaire palestinienne contre Israël a été "reportée".
Israël a riposté lourdement vendredi à des tirs de roquettes de la bande de Gaza vers son territoire, notamment vers la capitale économique Tel-Aviv, en pilonnant des dizaines de positions du mouvement islamiste palestinien Hamas, dans une période à hauts risques.
Les avions de combat et les hélicoptères d'attaque ont conduit aux premières heures du jour une centaine de frappes contre des positions du Hamas qui gouverne le territoire, dont un important site de fabrication de roquettes et un complexe d'où le Hamas dirige ses activités en Cisjordanie occupée, autre territoire palestinien distant de quelques dizaines de kilomètres de Gaza, a dit l'armée israélienne dans un communiqué.
Les explosions ont retenti toute la nuit dans le territoire coincé entre Israël, Egypte et Méditerranée. Des sources dans les milieux de sécurité de Gaza ont confirmé une centaine de frappes dans une quarantaine d'endroits.
Quatre personnes ont été blessées, ont dit les autorités sanitaires gazaouies. Mais les sites visés par Israël avaient été préalablement évacués, en anticipation des frappes de représailles aux tirs de roquettes.
Ces actes d'hostilités et la lourde réponse israélienne sont la dernière manifestation des tensions persistantes entre Israël et les groupes armés palestiniens, qui ont frôlé un nouveau conflit en 2018 après trois guerres depuis 2008.
Elles interviennent dans un environnement hautement volatil, où le cessez-le-feu observé de part et d'autre demeure fragile, et où Israël est en pleine campagne électorale.
Face à cette situation, les organisateurs de la "marche du retour", un mouvement de protestation hebdomadaire contre le blocus israélien et pour le retour des réfugiés palestiniens, ont annoncé que cette mobilisation est "reportée".
Deux roquettes vers tel-Aviv
Ce nouvel accès de fièvre a commencé jeudi soir quand deux roquettes ont été tirées de Gaza vers la région de Tel-Aviv, capitale économique et culturelle d'Israël.
L'un des engins "est apparemment tombé dans la mer, l'autre s'est écrasé quelque part mais pas à Tel-Aviv", a déclaré à la télévision publique le maire de cette ville côtière, Ron Huldai.
En tout, l'armée israélienne a fait état de dix tirs de roquettes depuis jeudi, dont une partie ont été interceptées par le système de défense anti-aérien. Aucun blessé n'a été rapporté.
Le Hamas et le Jihad islamique, son allié et autre mouvement islamiste, ont démenti être à l'origine des tirs en direction de Tel-Aviv, laissant supposer que ceux-ci pourraient être le fait de groupes rivaux ou dissidents.
Cependant, Israël a assuré que le coupable était bien le Hamas et qu'il était de toute façon responsable de ce qui se passe dans le territoire sous son contrôle.
Les roquettes ont déclenché les sirènes dans les localités israéliennes, réveillant les souvenirs et les réflexes d'habitants appelés à se précipiter vers les abris. Israël riposte systématiquement à de tels tirs. Il avait frappé presque quotidiennement des positions du Hamas les jours précédents en réponse à l'envoi de roquettes ou de ballons lestés de dispositifs explosifs sommaires.
Anniversaire délicat
Mais le fait que Tel-Aviv, à des dizaines de kilomètres de Gaza, puisse être menacée confère pour Israël une gravité particulière à ces actes.
Israël est en outre au beau milieu d'une campagne électorale propice aux surenchères. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont la campagne utilise abondamment l'image de garant de la sécurité nationale, a rapidement réuni les responsables sécuritaires jeudi soir.
"Le moment est venu de venir à bout du Hamas une bonne fois pour toutes", a dit l'un de ses concurrents, le ministre de l'Education Naftali Bennett. Il a réclamé un plan détaillé de la part de M. Netanyahu à cette fin.
Le chef de gouvernement répète qu'il n'hésitera pas à une opération d'envergure si nécessaire. Il passe cependant pour préférer chercher à dissiper les tensions plutôt que de s'engager dans des opérations aux retombées incertaines.
Israël, le Hamas et ses alliés observent un cessez-le-feu constamment remis en cause depuis la guerre de 2014. Ils ont frôlé un nouveau conflit en 2018, jusqu'à un arrangement informel conclu en novembre.
Les tensions demeurent vives toutefois. La situation économique dans la bande de Gaza, éprouvée par la pauvreté, les pénuries et le chômage, et soumise au blocus israélien, continue de susciter l'inquiétude. Les forces de sécurité du Hamas ont dispersé jeudi soir des rassemblements pour une amélioration des conditions de vie, réprimant une rare manifestation de mécontentement social.
Le Hamas est fréquemment accusé de soulager la pression domestique en détournant l'attention sur Israël.
Gaza demeure le théâtre d'une mobilisation qui voit toutes les semaines des milliers de Palestiniens protester contre le blocus le long de la frontière israélienne. L'enclave va au-devant d'un rendez-vous délicat, le premier anniversaire de ce mouvement, le 30 mars.
Depuis mars 2018, plus de 250 Gazaouis ont été tués par des tirs israéliens, la grande majorité lors des manifestations, souvent accompagnées de violences, le long de la frontière, d'autres dans des frappes israéliennes en représailles aux actes hostiles émanant de l'enclave. Deux soldats israéliens ont été tués depuis cette date.