A ce jour, 111 prisonniers palestiniens ont passé plus de vingt ans en prison, dont trois ont été emprisonnés voici plus de trente ans – bien avant les
accords d’Oslo. Or selon les termes de l'accord, tous les prisonniers politiques devaient être libérés dans les trois mois, mais ils ont simplement été transférés au-delà de la
ligne verte, et sont toujours en détention.
Pendant leur longue histoire, ces prisonniers ont développé tout un système de mobilisation et de solidarité qui leur permettent de valoriser leurs années de détention et les échanges entre des personnalités très diverses. "Nous avions nos élections, nos élus, nos dirigeants secrets, nos règles, qu’à peu près tout le monde respectait… Chacun devait lire 2 ou 3 livres par mois et faisait passer les résumés à ses camarades. Il y avait une grande diversité parmi nous : des professeurs d’université, des intellectuels… Alors nous nous donnions mutuellement 4 ou 5 cours par semaine en histoire, politique… Pour garder le moral, et pour que les Israéliens n’atteignent pas leur but."
Salah Hamouri a passé une grande partie de sa jeunesse en prison, de 20 ans à 26 ans, mais, il en est sorti plus fort, dit-il : "J’ai lu, j’ai appris, j’ai croisé des esprits magnifiques. Ils avaient du courage, de l’expérience, ils nous aidaient à comprendre la vie de la prison." Il a puisé ses ressources en regardant vivre, agir et réagir ces hommes, qu’ils considèrent comme des pères. "Aucune occupation ne tient à l’infini, nous disaient-ils. La libération est toujours au bout du chemin." Aujourd’hui, Salah Hamouri a repris des études, mais il a abandonné la sociologie au profit du droit.