Israël : qui est Salah Hamouri, l'avocat franco-palestinien expulsé ?

L’avocat franco-palestinien Salah Hamouri, expulsé dimanche par Israël, est arrivé à l’aéroport parisien de Roissy, accueilli par sa famille et ses soutiens.  Paris a condamné l'expulsion de ce défenseur des prisonniers palestiniens qualifiée de "contraire au droit".
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salah Hamouri mère
Denise Guidoux, la mère de Salah Hamouri, tient une photo de son fils, avocat franco-palestinien, lors d'une conférence de presse à Jérusalem-Est, le 2 décembre 2022.
(AP Photo/ Mahmoud Illean)
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"J'ai changé d'endroit mais le combat continue", tels sont les mots de Salah Hamouri dimanche à son arrivée à l'aéroport parisien de Roissy, après son expulsion d'Israël.

"Aujourd'hui, je sens que j'ai une responsabilité énorme pour ma cause et mon peuple. On ne lâche pas la Palestine. Notre droit c'est de résister", a-t-il ajouté.

"Aujourd'hui, je suis arraché de ma patrie brutalement par cette force occupante, qui continue ce nettoyage ethnique depuis 1948. Je suis convaincu que cette machine de destruction qui s'appelle Israël recule seulement devant un projet de résistance palestinien", a-t-il dit, après avoir remercié les personnes l'ayant soutenu pendant ses "mois d'emprisonnement".

"Ce n'est pas parce que l'Etat d'Israël m'a expulsé qu'on ne va pas revenir", a-t-il affirmé, très ému et la gorge nouée.

(Re)lire : Expulsion de Salah Hamouri en France : " Un précédent pour accélérer le nettoyage ethnique à Jérusalem-Est"

Défenseur de prisionniers palestiniens, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri a été accueilli à l'aéroport par sa femme Elsa et plusieurs dizaines de personnes mobilisées en sa faveur.

Salah Hamouri a été expulsé dimanche tôt vers la France, selon un communiqué du ministère israélien de l'Intérieur. Sa famille avait été notifiée plus tôt ce week-end qu'il allait être placé sur un vol Tel-Aviv/Paris du transporteur El AL.

Plusieurs élus, représentants d’ONG et partisans de la cause palestinienne avaient fait le déplacement pour accueillir l’avocat.

Né à Jérusalem-Est annexé et occupé par l'Etat hébreu

Agé de 37 ans, fils d'une Française et d'un Palestinien, M. Hamouri a été condamné en mars à trois mois de détention administrative, une mesure controversée permettant à Israël d'incarcérer des suspects sans accusation formelle. 

Sa détention qui avait été prolongée en juin, puis à nouveau en septembre, par la justice militaire israélienne est arrivée à terme vendredi 2 décembre et il avait été transféré dans une autre prison en attente de son expulsion. 

Le 7 mars dernier, Salah Hamouri est placé en détention administrative pour trois mois, "sans inculpation, ni procès", dénoncent en octobre des experts du Haut-commissariat aux droits de l'homme des Nations unies. Des pratiques de détention "pas seulement illégales: elles sont sadiques", jugent-ils encore.

Salah Hamouri est soupçonné par Israël de liens, ce qu'il nie, avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une organisation jugée terroriste par l'Etat hébreu et l'Union européenne. M. Hamouri savait appris qu'il allait être expulsé. Les autorités israéliennes ont révoqué son statut de résident de Jérusalem.

Israël : un état d'apartheid pour les Palestiniens

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Né à Jérusalem-Est, la partie de la ville sainte annexée et occupée par l'Etat hébreu, Salah Hamouri ne dispose pas de la nationalité israélienne, mais d'un permis de résidence, que les autorités israéliennes ont révoqué, ce qu'il conteste. 

Outre cette affaire, M. Hamouri fait partie des membres d'ONG palestiniennes dont les smartphones ont été infiltrés par le logiciel espion Pegasus de la société israélienne de cybersécurité NSO avait indiqué l'an dernier Amnesty international après analyse de son appareil.

L'ONG Addameer, pour laquelle le Franco-Palestinien officie comme avocat, et qui a elle-même été placée sur la liste noire d'Israël, estime à 4.760 le nombre de prisonniers politiques palestiniens, et à 820 celui des détenus administratifs.

Paris condamne une expulsion "contraire au droit"

A Paris, les soutiens de Salah Hamouri avaient déployé une banderole "Bienvenue Salah" et certains brandissaient des drapeaux palestiniens. Une douzaine de policiers étaient déployés sur place.

"C’est une journée heureuse pour une famille qui se réunit, mais pour le peuple palestinien c’est une triste journée", a déclaré à l’AFP le président d’Amnesty International France, Jean-Claude Samouiller, en qualifiant l’expulsion de l’avocat né à Jérusalem-est de "crime d’apartheid".

La France a condamné dimanche l'expulsion par Israël de Salah Hamouri, la jugeant "contraire au droit".

"Depuis sa dernière arrestation, la France s'est pleinement mobilisée, y compris au plus haut niveau de l'Etat, pour faire en sorte que les droits de M. Salah Hamouri soient respectés, qu'il bénéficie de toutes les voies de recours et qu'il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il est né, réside et souhaite vivre", rappelle le Quai d'Orsay.

"La France a également engagé de multiples démarches auprès des autorités israéliennes pour manifester de la manière la plus claire son opposition à cette expulsion d'un résident palestinien de Jérusalem-Est, territoire occupé au sens de la quatrième convention de Genève", ajoute le communiqué.