A 90 ans, Shimon Peres laisse sa place au nouveau président élu Reuven Rivlin dans un contexte de conflit entre Israël et le Hamas qui dure depuis près de 20 jours.
Israël a un nouveau président. Reuven Rivlin a prêté serment jeudi 24 juillet au soir devant le Parlement à Jérusalem lors d'une cérémonie sans apparat en raison de la guerre en cours à Gaza. Il succède au président sortant Shimon Peres. "En votre nom et sous votre autorité, j'assume désormais la fonction de 10e président de l'Etat d'Israël", a déclaré Reuven Rivlin, élu le 10 juin dernier, devant le gouvernement et les députés israéliens, après avoir prêté serment la main sur l'Ancien testament. Les hostilités entre Israël et le Hamas palestinien ont plané comme une ombre sur les discours du président sortant et de son successeur, qui tous deux affichaient un air sombre de circonstance. "Notre victoire (contre le Hamas, ndlr) ne fait aucun doute", a assuré Shimon Peres, avant d'ajouter: "Il n'y a aucune sécurité durable sans une paix durable et aucune paix durable sans sécurité durable". "Nous ne combattons pas le peuple palestinien, nous ne sommes pas engagés dans une lutte contre l'islam. Nous combattons le terrorisme meurtrier", a renchéri M. Rivlin quelques minutes plus tard. La passation de pouvoir, sobre, a été infusée de patriotisme et s'est terminée par l'hymne israélien, "Hatikva", entonné d'une voix forte par le président élu. En Israël, la fonction présidentielle est essentiellement protocolaire, bien qu'il incombe au chef de l'Etat la tâche de nommer après des élections législatives la personnalité chargée de former une coalition et appelée à devenir Premier ministre.
Reuven Rivlin Le nouveau président âgé de 74 ans, est une figure haute en couleur de la droite israélienne, partisan déclaré du "Grand Israël" mais aussi un ardent défenseur de l'Etat de droit. Il fait partie de l'aile la plus à droite du Likoud et n'a jamais caché son hostilité à la création d'un Etat palestinien. Durant toute la cérémonie, M. Rivlin et son prédécesseur, le premier issu du camp nationaliste et de second ayant rallié le camp de la paix, mais qui jouissent tous deux d'une forte popularité et d'une réputation de "rassembleur", se sont échangés des sourires. Reuven Rivlin a ainsi rendu hommage au chef d'Etat sortant, "un berger plein d'espoir, un poète visionnaire" qui lui a répondu en saluant "un grand coeur qui a toutes les qualités pour être un bon président".
Shimon Peres A 90 ans, Shimon Peres, né en Pologne en 1923, s’était lancé en politique en tant que conseiller de David Ben Gourion, père fondateur du gouvernement d’Israël en 1947. Durant ses près de 70 années de carrière, il a été deux fois Premier ministre (1984-1986 et 1995-1996) et a participé à plusieurs gouvernements. Après avoir occupé le poste de chef du Parti Travailliste, Shimon Peres rejoint les centristes du parti Kadima en 2005. Suite à une traversée du désert qui débute en 1996, il entre au gouvernement d’Ehud Barak en tant que ministre de la Coopération en 1999. L’année suivante, il essuie un échec à la présidentielle raflée par Moshe Katsav. En 2007, il remporte finalement le poste de président auquel se portait également candidat ...Reuven Rivlin pour le Likoud. Shimon Peres avait fait de son mandat présidentiel un plaidoyer permanent pour la paix et le dialogue avec les Palestiniens, a promis de continuer à servir l'Etat d'Israël au sein de sa fondation pour la paix installée à Jaffa, près de Tel-Aviv. "Je continuerai à construire mon pays en gardant la conviction qu'il connaîtra un jour la paix", a juré l’ancien président Peres, l'un des artisans des accords d'Oslo (1993), aujourd'hui décriés, avec les Palestiniens. En 1994, il avait reçu le prix Nobel de la paix partagé avec son Premier ministre Yitzhak Rabin et le chef palestinien Yasser Arafat.