Le mot de trop ?
Ces négociations semblaient déjà vouées à l’échec avant le mot de trop prononcé par John Kerry. Faute d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens, le secrétaire d’État américain aurait dit, vendredi 25 avril, dans une réunion à huit clos de la Commission trilatérale (groupe non partisan de discussion non gouvernementale fondée par David Rockfeller) : « La création de deux États sera la seule solution réaliste. Parce qu’un État unitaire finirait par être soit un État d’apartheid avec des citoyens de seconde classe, soit un État qui détruira la capacité d’Israël d’être un État juif. » Ses propos ont été publiés par le site d’information américain
The Daily Beast (lien en anglais) qui en possèderait un enregistrement.
Pour la première fois, un responsable politique américain utilise littéralement le terme d’ « apartheid ». Seul Jimmy Carter en avait usé, hors de son mandat d’ancien président, dans le titre de son livre Palestine : la paix, pas l’apartheid publié en 2006.
John Kerry a démenti lundi 28 avril au soir dans un communiqué avoir « déclaré publiquement ou dans le privé qu’Israël était un État d’apartheid ou qu’il avait l’intention de le devenir ». Tout en concédant savoir que « les mots ont le pouvoir d’être mal interprétés, même de manière non intentionnelle, et si je pouvais rembobiner la bande, j’aurai choisi un autre mot. »
Des dirigeants israéliens ont condamné les propos de John Kerry dont le ministre des Transports israélien Israel Katz qui a écrit sur sa page Facebook : « Kerry, honte à vous ! Il y a des mots que l’on ne peut pas employer ». La ligne rouge entre Israël et les États-Unis a-t-elle pour autant été franchie ? Sans envenimer à long terme ces relations bilatérales, ce commentaire du secrétaire d’État américain intervient dans un contexte où des entreprises ou institutions de pays étrangers -y compris des États-Unis-
boycottent Israël (lire notre article). Selon, Joav Toker, journaliste et universitaire franco-israélien (lire son interview ci-dessous) cela n’entache pas davantage les relations israélo-américaines déjà tendues à la têtes des deux États.