Fil d'Ariane
Inconnu du grand public, à 54 ans, Giuseppe Conte devient le nouveau chef de gouvernement italien, mettant terme à plus de deux mois de crise politique en Italie. Avocat, professeur de droit, le profil de Giuseppe Conte a séduit les dirigeants de la Ligue et du Mouvement Cinq Étoiles, grands vainqueurs des élections législatives de mars dernier. Son profil a donc été présenté au Président de la République italienne, Sergio Mattarella. Ce dernier a reçu G. Conte ce mercredi et accepté sa candidature algré ses réticences premières. En effet ce juriste de renom est un parfait inconnu en politique et S. Mattarella craignait qu'il ne soit pas à la hauteur. Il semblerait donc que le président italien a obtenu les garanties qu'il souhaitait.
Afin de définir les orientations politiques de l'Italie, le M5S et la Ligue ont conclu un "contrat de gouvernement". Un programme qui prévoit entre autres de réduire les prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d'euros, d'augmenter la dépense publique, de créer un revenu de citoyenneté de 780 euros par mois et d'abandonner une réforme impopulaire des retraites.
Séduire le plus grand nombre (selon un sondage de La Republicca 60% des Italiens approuvent cette union antisystème) et se montrer plus ferme vis-à-vis de la corruption qui gangrène la politique de la péninsule, telles sont les propositions des deux alliés qui annoncent en outre un vaste tour de vis sécuritaire, anti-immigrés, anti-islam... dans la droite ligne d'autres mouvements populistes en Europe, du Danemark à l'Autriche en passant par la France, la Hongrie et l'Allemagne...
A Bruxelles et chez les autres membres fondateurs de l'Union Européenne, l'heure est à l'inquiétude. Le ministre français de l'Économie et des Finances s'est alarmé de la volonté des nouveaux maîtres de Rome de tourner le dos à l'austérité. Une menace pour la stabilité de la zone euro selon Bruno Lemaire.
D'où cette mise au point du chef de la Ligue.
I ministri francesi si occupino della Francia, all'Italia ci pensiamo noi!
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 20 mai 2018
E si mettano l'anima in pace: faremo il contrario di quanto hanno fatto i governi precedenti. Sbaglio?#andiamoagovernare pic.twitter.com/MDG1MJYLN2
Durant leurs campagnes respectives, la Ligue et le M5S n'ont eu de cesse de critiquer l'Europe et le "diktat" de Bruxelles. Les électeurs italiens eux ont voté dans leur grande majorité en faveur de ces partis ouvertement eurosceptiques.
Alors même si aujourd'hui tous deux ont abandonné l'idée d'un référendum en vue de quitter la zone euro - un "Italexit" - qui peut dire comment se comportera ce pays fondateur de la construction européenne ?
Plus de 60 ans après la signature du Traité de Rome, une prise de distance italienne aurait de lourdes conséquences sur le projet européen.