Fil d'Ariane
Seconda proiezione. #MaratonaMentana pic.twitter.com/nyia7KeGKK
— Movimento 5 Stelle (@Mov5Stelle) 4 mars 2018
Luigi Di Maio. C’est lui dont la photo s’affiche partout ce lundi 5 mars 2018. A seulement 31 ans, le juvénile vice-président de la chambre des députés, est celui qui incarne la figure incontournable en vue des tractactions qu'augure la composition du nouveau gouvernement. Ce Napolitain toujours impeccablement mis tranche avec la figure brouillonne, haute en verbe et en couleur du comique fondateur, Beppe Grillo. Lequel à presque 70 ans, s'est récemment mis en retrait d'un M5S devenu "mature", en lançant un nouveau blog et en retournant sur les planches où il avait mûri l'idée d'un mouvement basé sur la démocratie participative directe.
Luigi Di Maiou, gendre idéal
Militant derrière Beppe Grillo depuis 2007, adhérent au mouvement dès sa création en 2009, Luigi Di Maio en a rapidement gravi tous les échelons. Après un échec aux municipales de 2010 à Pomigliano d'Arco, près de Naples, il est devenu député et vice-président de l'assemblée à seulement 26 ans, record d'Italie, trois ans plus tard, en 2013.
En septembre, il a été désigné candidat au poste de Premier ministre après un vote en ligne des militants du M5S où il a obtenu 82% des voix, un score insolent que ses détracteurs attribuent à l'absence de réelle concurrence.
"Di Maio a été créé pour être modéré, rassurant pour les mamans", écrit le journaliste Jacopo Iacoboni dans un livre sur le jeune leader qu'il définit comme "une créature totale de la Casaleggio Associati", la société de conseil informatique qui gère le site internet et l'activité du M5S.
Fils d'un ex-dirigeant du Mouvement social italien, parti néofasciste aujourd'hui dissous, Luigi Di Maio réfute le terme de populiste, qu'il juge péjoratif, et assure ne pas vouloir d'une Italie extrémiste ou anti-européenne.
Doté d'un calme à toute épreuve selon ses collaborateurs, le jeune candidat a aussi apporté la caution de sérieux qui a longtemps fait défaut au mouvement.
Une image qu'il s'est employé à consolider au cours de la campagne électorale où il a effectué des déplacements à l'étranger et présenté l'équipe d'experts, souvent issus de la société civile, qui composeront son gouvernement en cas de victoire.
Au risque de froisser l'aile orthodoxe du mouvement, il a également assagi son discours sur la sortie de l'euro, qui n'est plus d'actualité, ou sur les alliances avec d'autres partis, qui ne sont plus totalement exclues alors même que le M5S s'est construit sur le rejet de la vieille classe politique.
Parallèlement, "sur les sujets d'éthique et de l'immigration, la pensée du candidat Premier ministre ressemble à celle d'un surfeur qui suit la vague", écrivait récemment l'hebdomadaire catholique Famiglia Cristiana.
D'autres ont relevé son CV plutôt mince: il n'a pas mené à leur terme les études de droit entamées, et ses expériences professionnelles se limitent à avoir été brièvement administrateur d'un site web, assistant réalisateur et stadier.
Ce qui fait dire à ses détracteurs qu'il n'est que la marionnette de Beppe Grillo et n'est pas intellectuellement armé pour diriger la troisième économie de la zone euro.
Ce à quoi l'intéressé répond: "Le chancelier autrichien a mon âge, le président français 40 ans. L'heure est aux jeunes".
C'est l'opinion qui règne dans son fief de Pomigliano d'Arco, où il a été élu triomphalement dimanche. "Nous on est propres, comme lui. C'est pour ça que nous votons Luigi: tel qu'il est aujourd'hui, il le restera demain. Il ne fera pas comme les autres", a lancé une électrice à l'AFP.
Le rejet des partis politiques classiques et l'honnêteté de ses membres sont les préalables fondamentaux de ce mouvement anti-système. Mais le mouvement a dû affronter en 2016 ce qu'il condamne chez les autres. Le maire de Livourne (la ville la plus importante dirigée par le M5S après Parme), Filippo Nogarin a annoncé sur Facebook sa mise en examen pour banqueroute frauduleuse d’une société de ramassage d’ordures gérée par la ville.
Le programme du mouvement se centre autour de 24 thématiques et de 20 points -parfois anglophones- pour améliorer la qualité de vie des Italiens. Les mesures proposées sont très variées : annulation de "400 lois inutiles", retraite minimum à 780 euros, investissements dans les nouvelles technologies de la "Smart Nation", "application du modèle français" des allocations familiales, mesures strictes contre la corruption, mesures de "Green Economy" pour une Italie 100% renouvelable, "stopper le business de l'immigration", ou encore la valorisation du "Made in Italy".
Des analystes y ont vu au départ des parallèles avec les Pirates allemands et suédois, en particulier la mise en avant d'une "démocratie liquide". En revanche, certaines prises de position, comme ne pas avoir soutenu l'union civile pour les gays, l'éloignent de Podemos en Espagne ou de Siriza en Grèce.